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Réunis en assemblée générale annuelle, les producteurs agricoles du Centre-du-Québec ont adopté une résolution d’urgence demandant au ministère de l’Environnement de suspendre l’application du régime transitoire visant les rives, le littoral et les zones inondables.
« L’application du règlement prévoit des bandes végétalisées de trois mètres ou de cinq mètres de large. On a fait l’exercice avec notre aménagiste : à des endroits, ça représente de 8 à 12 % des superficies, et ces superficies-là ne pourront plus être utilisées à des fins agricoles. C’est une expropriation déguisée! Il y a des producteurs mécontents, et je suis poli quand je dis ça. On est prêts à utiliser des moyens de pression jugés musclés. Nos tracteurs sont prêts à sortir [pour manifester] », assure Daniel Habel, président de la Fédération de l’Union des producteurs agricoles du Centre-du-Québec.
L’un des producteurs directement touchés par cette réglementation, en vigueur depuis le printemps dernier, est Pierre Guérard, de Princeville. « J’ai deux kilomètres de rivière qui sillonne mes terres. De ce que je comprends de la réglementation, quand on met la limite du littoral, c’est 80 % de mes terres qui sont touchées, et si j’ajoute les bandes que je devrai végétaliser, en fin de compte, je pense que je perds pas mal tout », peste-t-il.
Le fait que ses terres soient considérées en zone de littoral signifie qu’une réglementation particulière s’impose. Il n’a, par exemple, pas le droit d’épandre le fumier de ses vaches après le 1er septembre. Cela s’avère illogique, selon lui, puisque ses cultures de soya et de maïs ne sont jamais prêtes à être récoltées avant cette date. « Alors, je fais quoi avec le fumier de mes animaux? » questionne le producteur laitier, qui se dit sérieusement inquiet de l’application du nouveau règlement.
Un ministère fantôme?
Il déplore, de surcroît, le manque de collaboration du ministère de l’Environnement. « Ce n’est pas clair [la façon d’appliquer le règlement et les limites du littoral]. Je ne sais pas si je peux le dire, mais c’est un ministère fantôme; on ne voit personne. On a des fins de non-recevoir quand on leur demande de venir nous expliquer la réglementation. Actuellement, on doit signer une déclaration de conformité, mais mon agronome est frileux à le faire, et il ne peut pas me faire une recommandation, car il ne sait pas où sont les lignes des eaux », déplore M. Guérard.
Malgré le manque de collaboration du ministère dénoncé par l’agriculteur, ce dernier prévoit que le même ministère deviendra plus sévère dans les années à venir pour appliquer ledit règlement, ce qui causera une mauvaise surprise à plusieurs de ses confrères, prédit-il. « J’ai regardé la carte [des zones inondables] et plusieurs producteurs sont touchés, et les trois quarts ne le savent pas encore! Honnêtement, je ne sais pas comment ça va finir. »
De son côté, Daniel Habel ne comprend pas pourquoi Québec impose une réglementation avant d’obtenir les conclusions de l’organisme qu’il a mandaté pour développer une stratégie d’intervention dans la zone littorale. « Le gouvernement injecte de l’argent pour financer le pôle d’expertise [multidisciplinaire en gestion durable du littoral du lac Saint-Pierre], mais n’attend pas la fin des travaux. Pour nous, c’est la goutte qui fait déborder le vase », lance-t-il.
Au moment de mettre le journal sous presse, le ministère de l’Environnement n’avait pas encore répondu aux questions de La Terre sur le sujet.