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« En France, les enjeux agricoles sont devenus des enjeux de société… »
Où s’en va l’agriculture en Europe? Peut-on faire des parallèles entre la réalité européenne et celle du Québec? Un dossier de notre journaliste Yvon Laprade, qui revient d’une mission économique en France et en Belgique.
« En France, les enjeux agricoles sont devenus des enjeux de société. Les agriculteurs sont pris au sérieux. On ne parle plus d’eux en faisant allusion à de simples paysans. L’eau, l’environnement et l’étiquetage des produits sont devenus les problèmes quotidiens des citoyens. »
Ainsi s’exprime le directeur général de la FNSEA, Patrick Ferrere. Il dit observer des changements profonds depuis cinq à dix ans. Selon lui, la perception du citoyen ordinaire envers l’agriculture a changé radicalement, et tout cela s’explique. « Nous sommes désormais au cœur des enjeux qui touchent la société. C’est à nous de saisir cette occasion. Nous avons trouvé de nouveaux alliés. On nous comprend mieux », résume-t-il.
La relation agriculteur-citoyens donne des résultats étonnants. « Si on manifeste, la population ne se liguera pas contre nous. Ça facilite notre action syndicale dans des dossiers chauds », constate-t-il.
Il rappelle le défilé de 1500 tracteurs en plein cœur de Paris, en avril 2010. « La population applaudissait. Les Parisiens nous disaient : ‘‘Vous avez raison! Défendez-vous!’’ »
Il en remet : « La population réalise que les grands distributeurs et les grands transformateurs, ce sont des espèces de sociétés internationales dont on ne sait même plus à quoi elles jouent. Ils sont devenus l’ennemi commun. Ce sont eux qui déterminent les prix des produits. Par contre, le citoyen se sent plus proche du producteur. Il faut continuer de miser sur ce lien de confiance. »
La même vision du Québec
L’hiver dernier, le directeur général de la FNSEA est venu en mission au Québec et il a rencontré des acteurs du monde agricole au sein de l’UPA. Il en conserve un excellent souvenir. « Les agriculteurs québécois font partie de notre cercle d’amis. Dans les négociations internationales, on partage la même vision. Le Québec évoque, à nos yeux, une agriculture qui vit grâce à ses agriculteurs, mais aussi une agriculture du savoir-faire, multifonctionnelle, qui aménage les territoires, qui se préoccupe de la société dans son ensemble », dit-il.
Puis, il fait une pause pour préciser sa pensée. « On se retrouve beaucoup, chez nous, en France, dans les schémas de soutien pour les producteurs que vous avez mis en place au Québec et qu’on n’a plus, en France. Il vous semble plus facile, chez vous, de maintenir des politiques sécurisantes, sans doute parce que vous produisez sur des dimensions plus petites, plus faciles à organiser. Ce qui n’est pas le cas en Europe, compte tenu de la taille du continent et du nombre de pays impliqués au sein de l’Union européenne. »