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SAINT-SÉBASTIEN DE FRONTENAC — Début trentaine, Caroline Fillion est à la barre d’un poulailler de 8 100 poules pondeuses. Ses parents exploitent une ferme laitière et elle veut prendre la relève.
En 2004, elle complète un diplôme d’études collégiales (DEC) en gestion et exploitation d’entreprise agricole (GEEA) au Cégep de Lévis. Malheureusement, un grave accident l’empêche de se lancer en production laitière; ses parents vendent alors les animaux en 2008.
« J’avais gardé contact avec un de mes enseignants, Bertrand Rainville. C’est lui qui m’a parlé du concours de la Fédération des producteurs d’œufs de consommation du Québec (FPOCQ) en me disant que ce serait une belle alternative pour moi », relate-t-elle.
Caroline visite des poulaillers et craque : « Wow! C’est ça que je veux faire. » Elle s’inscrit au concours trois années de suite et remporte finalement le tirage en 2009. L’aventure commence réellement en 2010 avec la construction du poulailler et l’arrivée des premiers oiseaux.
Joindre les deux bouts
Caroline se considère chanceuse d’avoir obtenu un prêt de quota de 5 000 pondeuses. Par ailleurs, elle cumule les petits emplois à l’extérieur pour boucler les fins de mois.
« C’est impossible d’y arriver pour des jeunes qui ne peuvent pas compter sur des installations existantes, souvent léguées par leurs parents. L’investissement nécessaire au démarrage d’une entreprise est énorme. Mes équipements, je les amortis sur 5 000 poules comparativement à 30 000 poules. Ça fait une différence. J’ai choisi de ne pas prendre de salaire de mon élevage pendant les cinq premières années d’exploitation. Je dépanne un producteur laitier du coin, j’entretiens la glace de l’aréna de Saint-Sébastien et j’ai accepté un poste d’inspectrice pour la certification bio. Il y a des matins où je me demande dans quoi je me suis embarquée, car la charge financière pèse lourd. Il y a aussi ces autres matins où je suis contente de faire des sacrifices, car c’est à moi, cette ferme-là! », s’exclame-t-elle fièrement.
La productrice de 31 ans se dit chanceuse, car les taux d’intérêt sont bas. « Il faudrait bonifier l’aide au démarrage », plaide-t-elle tout de même. Cette aide pourrait se traduire de diverses façons, notamment par une plus grande flexibilité de paiements et des taux d’intérêt préférentiels les premières trois à cinq premières années. « Mes parents sont fiers de moi. Par contre, ils s’inquiètent de mon taux d’endettement. Je suis accotée », mentionne Caroline.
Une question de bien-être
Il y a du bon dans les nouvelles normes de bien-être animal, soutient Caroline Fillion, mais on constate aussi une grande méconnaissance des conditions d’élevage actuelles. « Il y a tout plein de méthodes de contrôle, de normes et de règles à respecter. Si les gens pensent que l’on entasse les poules dans les cages conventionnelles, ils se trompent. Des inspecteurs visitent les poulaillers et vérifient notamment le nombre de poules par cage, la propreté des lieux. »
Dès 2015, les producteurs d’œufs de consommation québécois auront à installer des systèmes aménagés dans les nouvelles constructions ou dans les projets de rénovation. « Nous n’avons pas le choix de suivre la vague », souligne la productrice, un mouvement bien entamé en Europe et qui commence aux États-Unis. Dans ce nouveau type de logement (système aménagé), on trouve des perchoirs, des aires de grattage et de nidification. Les poules bénéficient également de plus d’espace.
Caroline Fillion ne rejette pas ce changement du revers de la main, « car il y a toujours place à amélioration », mais elle insiste pour dire qu’il n’y a pas que du négatif avec les cages conventionnelles. « Les coûts de construction avec un système aménagé sont supérieurs de plus de 30 %. Je n’aurais pas pu me le permettre quand j’ai démarré mon entreprise. Le consommateur est-il prêt à payer plus cher pour ses œufs? » demande-t-elle.
Valoriser nos produits
« J’aimerais cela à l’épicerie du coin que les gens achètent et mangent les œufs de Caro! » lance-t-elle. Il faut, selon elle, encourager l’achat local quand c’est possible, ou à tout le moins l’achat de produits du Québec. « Il faut mettre davantage en valeur les produits du Québec et voir de plus en plus la mention Aliments du Québec en épicerie. Les normes de production, notamment en ce qui a trait aux pesticides, sont strictes au Canada par rapport à d’autres pays », soutient-elle.
Unique propriétaire de son entreprise agricole, Caroline s’est blessée début janvier en jouant au hockey et elle se déplaçait toujours avec des béquilles à la mi-février. « Par chance, mes parents sont toujours là pour me donner un coup de main », conclut-elle.
Ce qu’elle a dit
« Mes parents sont fiers de moi. Par contre, ils s’inquiètent de mon taux d’endettement. Je suis accotée. »
« J’aimerais cela à l’épicerie du coin que les gens achètent et mangent les œufs de Caro! »
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