Politique 28 octobre 2014

La bataille contre l’accaparement des terres commence

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Une bataille à l’échelle provinciale vient d’être déclenchée dans le Bas-du-Fleuve pour freiner l’appétit de Charles Sirois et des fonds d’investissement.

« Ce soir, on lance un mouvement! » s’est exclamé avec enthousiasme le 1er vice-président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Pierre Lemieux, devant une salle bondée de producteurs, hier soir, à Sainte-Hélène de Kamouraska. « On doit convaincre le Québec qu’il faut agir dans le dossier de l’accaparement des terres. » Soulignons que ce rendez-vous avait été organisé par la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ).

En appelant à plusieurs reprises les quelque 125 producteurs présents à se mobiliser, Pierre Lemieux a clairement pris son bâton de pèlerin. « La prise politique qu’on a, ce sont les gens. Je vais vous aider à les convaincre », a-t-il clamé, déclenchant ainsi les applaudissements dans la salle. Rappelons que la veille, le vice-président de l’UPA a fouetté les agriculteurs du Lac-Saint-Jean en les invitant à se commettre sur cet enjeu foncier qui risque de marquer le monde agricole.

L’instigateur de la rencontre, le président de la FRAQ, Pascal Hudon, s’est dit prêt à « aller au bat » en ajoutant qu’il était très inquiet. « On ne partage pas la vision de l’agriculture de Pangea qui empêche l’établissement de la relève », a-t-il affirmé.

Piqué dans sa fierté de producteur, le président de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, Gilbert Marquis, a pesté contre les fonds d’investissement. « On ne se fera pas dire, chez nous, comment faire de l’agriculture; ce n’est pas vrai, a-t-il déclaré. Pour faire de l’agriculture, il faut du cœur et eux, ils n’en ont pas. » M. Marquis croit qu’il est temps pour le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, de « mettre ses culottes » et de s’asseoir avec les gens du milieu pour trouver des solutions.

Le président de la FRAQ, qui a rencontré le ministre de l’Agriculture il y a quelques semaines, s’est dit déçu par les réponses du ministre. « Il ne considère pas le coût des terres comme un problème, soutient Pascal Hudon. Mais quand je lui ai demandé à partir de quel prix il considérait que c’était cher, il n’a pas été capable de me répondre. »

À l’initiative de la productrice Nathalie Lemieux, les participants à la rencontre ont signé une lettre sous forme de pétition, qui demande à Pierre Paradis d’intervenir dans le dossier des terres agricoles.

Solutions

Les élus et les producteurs réunis ont proposé plusieurs solutions pour régler le problème d’accaparement tout au long de la soirée. « Nous, on ne démord pas de la SADAQ [société d’aménagement et de développement agricole du Québec] », a tenu à rappeler Pascal Hudon. Il a été appuyé par Pierre Lemieux qui a n’a pas abandonné l’idée lui non plus. Celui-ci a aussi proposé qu’on limite l’achat de terres à 100 ha par année pendant 2 ou 3 ans, le temps que le monde agricole réfléchisse au modèle agricole qu’il souhaite pour l’avenir.

Les producteurs présents entendent rester en contact dans les prochains mois. Pour amorcer leur sensibilisation, ils se sont donné rendez-vous au bureau de la municipalité régionale de comté de Kamouraska en novembre. « On doit être nombreux pour passer un message fort et clair », a conclu Pascal Hudon.