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Vigilance OGM réclame un meilleur encadrement du pesticide S-métolachlore, dont l’autorisation a été suspendue en Europe en raison de risques de contamination des eaux souterraines.
Le dernier Bilan des ventes de pesticides au Québec indique que le S-métolachlore occupe la quatrième place des ingrédients actifs les plus vendus en milieu agricole.
Cet herbicide est utilisé pour supprimer un large éventail de mauvaises herbes, notamment dans les cultures de plein champ comme le maïs et le soya.
Mais les risques associés à son utilisation inquiètent les pays de l’Europe, au point où son autorisation n’a pas été renouvelée par la Commission européenne.
« L’autorité a relevé plusieurs domaines critiques de préoccupation » et « a conclu qu’il existe un risque de présence du S-métolachlore et de ses métabolites à effet désherbant dans les eaux souterraines », peut-on lire dans un règlement publié au mois de mars dernier par la Commission européenne, qui s’inquiète entre autres des risques pour l’eau potable.
Une norme québécoise 350 fois supérieure à celle fixée en Europe
Le dernier Bilan de mise en œuvre du Règlement sur la qualité de l’eau potable, publié par le gouvernement du Québec en 2020, montre que le S-métolachlore a été détecté « dans des rivières » et dans des « eaux souterraines servant de source d’approvisionnement en eau potable ».
Mais « étant donné que les pesticides ne peuvent se retrouver qu’occasionnellement à de petites concentrations dans l’eau du robinet, l’eau potable n’est pas considérée comme une source importante d’exposition pour la population générale », souligne le document du gouvernement.
Les données du gouvernement montrent que les quantités de S-métolachlore détectées dans certaines rivières ou dans des eaux souterraines sont inférieures à la norme sanitaire québécoise fixée à 35 microgrammes par litre (μg/L).
Mais l’organisation Vigilance OGM n’est pas rassurée, car « cette norme est 350 fois supérieure à celle fixée en Europe comme critère de qualité de l’eau », fait valoir la porte-parole de l’organisation, Laure Mabileau, en faisant référence à la norme européenne qui est de 0,1 μg/L.
Vigilance OGM demande donc à la province d’encadrer l’utilisation du S-métolachlore en imposant une prescription agronomique.
Lorsqu’un pesticide est visé par une prescription agronomique, un agronome doit effectuer une analyse pour juger si son application est vraiment nécessaire, avant qu’un agriculteur puisse acheter le produit.
Santé Canada propose le maintien de l’homologation
De son côté, Santé Canada a entrepris d’examiner les raisons qui ont poussé l’Union européenne à décider de ne pas renouveler l’homologation du S-métolachlore.
Jusqu’à présent, l’agence propose le maintien de l’homologation du pesticide.
Toutefois, le « Projet de décision de réévaluation » de ce pesticide par Santé Canada propose une série de mesures d’atténuation des risques, dont plusieurs portent sur l’étiquetage du produit.
Par exemple, l’agence fédérale écrit que « des mises en garde sont nécessaires sur les étiquettes pour les sites présentant des caractéristiques susceptibles de favoriser le ruissellement en cas de fortes pluies» et «des mises en garde indiquant la possibilité de lessivage vers les eaux souterraines sont nécessaires ».
Ce qui fait dire à Laure Mabileau « qu’en Europe, quand la science identifie de nouveaux dangers liés à des pesticides, on vient suspendre leur autorisation. Ici, on change les étiquettes ».
Elle déplore « cette politique de toujours utiliser les étiquettes, car ça renvoi un peu la responsabilité de la dangerosité des produits aux utilisateurs ».
Selon Santé Canada, à l’heure actuelle, le S-métolachlore n’est utilisé que dans des produits à usage commercial et il n’est pas accessible « au grand public pour une utilisation à l’intérieur et autour de la maison ».
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