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La folle avoine (Avena fatua L., AVEFA) est l’une des 10 mauvaises herbes annuelles les plus dommageables des régions tempérées au niveau mondial, causant des pertes de rendement allant jusqu’à 70 % dans les petites céréales. Au Canada, elle est présente dans 65 à 79 % des champs échantillonnés dans les Prairies, et des populations résistantes aux herbicides des groupes 1, 2, 14 et 15 ont été répertoriées.
La folle avoine au Québec : 2011-2014
Entre 2011 et 2014, seulement six populations avaient été classées comme résistantes aux herbicides du groupe 1 par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) via le Service de détection de la résistance aux herbicides (SDRH). Ces populations étaient localisées dans les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean (SLSJ) et de l’Abitibi-Témiscamingue. Néanmoins, les échantillons analysés par le SDRH sont soumis sur une base purement volontaire, ce qui signifie que la présence de la résistance était probablement sous-estimée dans la province.
Le cas du Saguenay–Lac-Saint-Jean
Un premier inventaire a été réalisé par Cuerrier et coll. dans la région du SLSJ entre 2014 et 2018. Trente-cinq pour cent des 72 populations testées étaient classées comme résistantes au fénoxaprop-p-éthyl (herbicide du groupe 1).
Entre 2022 et 2023, d’autres échantillons ont été testés aux herbicides des groupes 1 et 2. La résistance croisée aux herbicides du groupe 1 (FOPs et DIMs) a été confirmée pour quatre populations, alors que deux populations présentaient de la résistance au groupe 2, et deux autres populations de la résistance multiple aux herbicides des groupes 1 et 2.
L’inventaire au Bas-Saint-Laurent
Un deuxième inventaire a été réalisé dans la région du Bas-Saint-Laurent (BSL) entre 2021 et 2023. L’AVEFA a été confirmée dans 82 % des 62 fermes et 63,5 % des 162 champs dépistés. La résistance a été confirmée dans 98 % des échantillons testés (47), dont 28 % étaient résistants à une, 50 % à deux et 22 % aux trois matières actives testées, respectivement.
Les projets pilotes en Gaspésie et en Abitibi-Témiscamingue
Un projet pilote a été réalisé en 2022 pour tester cinq populations de la folle avoine collectées dans la région de la Gaspésie. Tel que pour le cas du Bas-Saint-Laurent, les échantillons ont été testés aux trois matières actives du groupe 1 (FOPs, DIMs et DENs). Les cinq échantillons ont été classés résistants à au moins deux matières actives testées (FOPs et DIMs), et 25 % des échantillons ont également démontré de la résistance aux DENs, constituant la première mention de l’AVEFA résistante aux herbicides en Gaspésie.
Un projet pilote a débuté en 2024 afin de tester la résistance des 10 populations de l’AVEFA provenant de l’Abitibi-Témiscamingue. Les résultats seront obtenus à l’hiver 2025.
La résistance aux herbicides
L’ensemble des résultats confirment que la proportion d’AVEFA résistante aux herbicides était sous-estimée, et que ce problème est répandu dans plusieurs régions du Québec. Ainsi, les résultats de l’inventaire du BSL et les projets pilotes suggèrent que le mécanisme de résistance le plus probable est une résistance du type NTSR (résistance non liée à la cible). Cela implique que la confirmation de la résistance devra continuer de se faire au moyen du test classique plutôt que par des tests moléculaires. Connaître le profil de résistance de la population d’AVEFA permettra d’ajuster la stratégie de désherbage à adopter. Pour plus d’information sur les tests de résistance disponibles au Québec, consultez le document Votre trousse « Résistance des mauvaises herbes » (https://tinyurl.com/trousse-resistance).
Pratiques agricoles en lien avec la présence de la folle avoine résistante aux herbicides
Des données collectées lors des inventaires réalisés dans les régions du SLSJ et du BSL suggèrent que la production en continu des céréales (notamment le blé, l’orge et l’avoine) et l’utilisation récurrente des herbicides du groupe 1 font partie des principales causes de la résistance chez la folle avoine. L’implantation d’une prairie pour au moins quatre ans est l’une des méthodes suggérées par la littérature afin de lutter contre l’AVEFA résistante aux herbicides. Ainsi, les fauches continues empêchent l’AVEFA de continuer à alimenter la banque de semences, puis les graines déjà présentes finissent par s’épuiser.
Les inventaires du SLSJ et BSL ont également démontré l’urgence de renforcer nos connaissances du concept clé en lien avec la résistance aux herbicides. Par exemple, la rotation des groupes d’herbicides est l’un des concepts clés permettant d’éviter et de gérer des populations résistantes. Malheureusement, seulement un faible pourcentage des producteurs ayant participé aux inventaires a été capable de définir correctement ce concept (de 0 à 6 % des répondants du BSL et 10 % des répondants du SLSJ). Ainsi, au BSL, 23 % des répondants ayant de l’AVEFA résistante aux herbicides ont utilisé des herbicides du groupe 1 pendant les derniers deux à trois ans.
Finalement, n’hésitez pas à consulter votre conseiller ou le conseiller du MAPAQ de votre région si vous soupçonnez la présence de folle avoine ou d’une autre mauvaise herbe résistante aux herbicides dans vos champs, afin que vous puissiez développer une stratégie de désherbage adaptée à votre entreprise.