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Le meilleur moyen pour protéger l’environnement d’une possible contamination par les pesticides* est de les remplacer par d’autres moyens de lutte. On peut aussi réduire leur utilisation en y ayant recours moins souvent ou en les utilisant en plus petites quantités, tout en évitant les baisses de dose, contraires à l’étiquette et favorables au développement de résistance.
Lorsque les pesticides sont utilisés, que peut-on faire pour éviter d’atteindre les milieux sensibles? Tous les écosystèmes mondiaux sont affectés par la baisse des populations d’insectes et cela se répercute dans la chaîne alimentaire. Les oiseaux champêtres vivant à proximité des champs sont aussi en déclin au Québec, de même que les abeilles. Parmi les causes associées à cette baisse, on trouve l’utilisation des pesticides et la perte d’habitats.
Des pesticides moins persistants pour l’environnement
La présence de pesticides dans les cours d’eau et les eaux souterraines, constatée par les suivis du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, nous indique que plusieurs pesticides restent dans l’environnement.
Un des moyens de protéger l’environnement est de choisir un pesticide moins dangereux, ayant un faible indice de risque pour l’environnement (IRE). Cet IRE tient compte du comportement des pesticides dans l’environnement et de leurs effets toxiques sur plusieurs espèces vivantes.
Le déplacement des pesticides dans l’environnement
Les pesticides ne sont pas appliqués volontairement dans un milieu fragile. Ils s’y rendent soit par la dérive, le lessivage ou le ruissellement. Lorsqu’un pesticide est appliqué, il faut s’assurer de le garder sur la cible visée, pour rentabiliser l’intervention et éviter l’atteinte des milieux sensibles.
En fonction des caractéristiques de la matière active utilisée, à la suite d’une application, le pesticide peut soit rester sur place, se déplacer ou bien se dégrader. Lorsqu’il persiste longtemps dans l’environnement, on parle alors d’un pesticide persistant.
Si le pesticide a une grande solubilité et s’il est le moindrement persistant, il suivra le même chemin que l’eau et sera lessivé vers les nappes d’eau souterraines, avec la prochaine pluie. D’autres seront moins mobiles et adhéreront aux particules de sol. Ces pesticides adsorbés vont rester dans le champ jusqu’à ce qu’ils soient dégradés ou se déplaceront vers les cours d’eau, à la suite d’une forte pluie, par le ruissellement de surface qui entraînera les sédiments.
Si une application est réalisée dans des conditions favorisant la dérive, les fines gouttelettes de bouillie de pesticides pourraient tomber sur des organismes non visés et ainsi les affecter.
Des solutions pour éviter ces fuites
En tenant compte de la façon dont les pesticides se déplacent, on peut minimiser leurs impacts sur l’environnement. Plusieurs moyens et équipements permettent de réduire la dérive. Les cultures de couverture peuvent limiter les déplacements des pesticides sur et sous la terre. Un sol couvert de plantes est l’une des meilleures façons de ralentir ou d’arrêter le déplacement des pesticides, à condition de respecter les distances minimales des milieux sensibles. La présence de cultures de couverture optimise aussi la capacité de dégradation microbienne des pesticides des sols en augmentant la vie biologique par la présence des racines et des résidus végétaux.
Ce n’est qu’un des multiples services rendus par les cultures de couverture. Rappelons que des subventions sont octroyées pour réduire la dérive, puis implanter des bandes riveraines et des cultures de couverture. Heureusement, plusieurs actions peuvent être posées pour réduire la contamination de l’environnement par les pesticides!
ANIK LAROCHELLE, AGR., professeure en phytoprotection et en horticulture à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec
*Dans cet article, le terme « pesticide » implique également l’utilisation des biopesticides, qui ne sont pas toujours dénués d’impact sur l’environnement.