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Les productions hautement dépendantes des pesticides, comme la pomiculture, pourraient bénéficier d’un sérieux coup de main dans les prochaines années, grâce aux travaux de Jason Tavares, professeur au Département de génie chimique à Polytechnique Montréal. Entouré de chercheurs de l’Université Laval, de l’Université Bishop’s et de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA), il s’est donné pour objectif de réduire l’usage des pesticides en perfectionnant des filets qui permettent d’éloigner les insectes et qui ont une plus faible empreinte environnementale.
Ces filets d’exclusion sont en effet fabriqués non pas à base de pétrole (le polyéthylène), mais à base de maïs ou de canne à sucre, qui permettent de produire un plastique biodégradable, l’acide polylactique (PLA).
Les recherches ont débuté il y a plus de 10 ans, avec l’objectif initial de rendre ces filets hydrophobes afin de réduire les maladies fongiques causées par l’eau. On a ainsi découvert un procédé de transformation qui permettait de repousser l’eau, mais qui offrait également d’autres possibilités.
L’idée a germé d’y mettre des phéromones, non pas celles qui attirent les insectes, mais celles produites par ces derniers pour alerter leurs congénères. « En gros, nos filets crient : “Attention, il y a un prédateur ici!”, explique Jason Tavares. Ces phéromones permettent aussi d’avoir des trous plus grands. Les filets sont ainsi plus légers et faciles à manipuler, tout en permettant une meilleure aération et en laissant passer plus de lumière. »
Menées jusqu’ici sur des pommiers, les recherches ont donné des résultats concluants. Les filets de PLA, qui sont réutilisables, peuvent être installés dans des vergers plantés en haute densité ou des vergers conventionnels.
La prochaine étape consiste à procéder à des tests terrain à grande échelle avec des agriculteurs spécialisés dans les petits fruits. Les chercheurs s’intéressent également aux possibilités que pourraient offrir les phéromones d’attraction pour la reproduction, de même que celles que pourraient offrir des filets de couleur rouge et bleue, afin de produire un spectre lumineux plus propice à la culture.
La commercialisation est aussi en vue, notamment avec l’entreprise Dubois Agrinovation, qui détient le brevet sur le processus d’application des phéromones et qui vend déjà des filets, mais non « traités ». « Là, on est rendus à la mise à l’échelle pour le transfert industriel, précise Jason Tavares. On peut imaginer que ce sera sur le marché d’ici cinq ans. »