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DUNHAM – Au milieu d’un triangle formé par les montagnes des Appalaches, en Estrie, Jean-Christophe et Claire Viard, propriétaires depuis une dizaine d’années d’une bleuetière biologique de 3 000 plants à Dunham, tentent bon an mal an de s’adapter aux ravageurs sans recourir aux insecticides. Et ils y parvenaient plutôt bien jusqu’à l’arrivée d’une petite mouche, la drosophile à ailes tachetées, qui leur donne de plus en plus de fil à retordre, surtout cette année. « C’est l’enfer, c’est une invasion », s’exclame Juliette Viard, la fille des propriétaires de la Colline aux bleuets.
Cette mouche à fruits est arrivée en bateau d’Asie autour de 2010.
Heureusement, la mouche est mal adaptée à l’hiver québécois. Son taux de mortalité peut atteindre 99 %. Or, sa vitesse de reproduction exceptionnelle lui permet de regagner en masse les champs l’été venu, surtout quand les conditions lui sont avantageuses, comme cette année. « Avec les températures douces et l’humidité, elle est même arrivée dix jours d’avance ici, soit au début du mois d’août, ce qui a écourté notre saison.
Vers les 6-8 août, on a dû arrêter la vente aux grossistes, parce que la qualité des bleuets a été affectée. On continue l’autocueillette, mais la saison est moins longue. Avant, on pouvait aller jusqu’après la fête du Travail. « Maintenant, la saison finit autour des 15-17 août », rapporte Alain Lépine, employé chargé de l’entretien des cultures à la Colline aux bleuets.
Pire année
« De ce que j’ai vu, c’est la pire année, confirme Violaine Joly-Séguin, qui conseille une quarantaine de producteurs de bleuets en corymbe dans différentes régions. En 2017, la chaleur a permis à cette mouche de prendre plus de place dans les bleuets. On espérait que ça ralentirait les autres années, mais c’est l’inverse qui s’est produit. Les changements climatiques lui permettent d’arriver de plus en plus tôt dans la saison », constate-t-elle.
De surcroît, cette année, les pluies abondantes ont réduit l’efficacité des insecticides aidant à contrôler ce ravageur. Conséquemment, plusieurs producteurs, autant du côté traditionnel que biologique, ont subi des pertes, déplore l’agronome.
Cette dernière précise que plusieurs producteurs de bleuets choisissaient jusqu’ici de n’utiliser les produits phytosanitaires qu’en extrême nécessité. « Mais là, pour avoir une production rentable, ça va devenir presque impossible de lutter contre cette mouche sans recourir aux insecticides », entrevoit-elle.