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Le président de l’Ordre des agronomes du Québec (OAQ), Michel Duval, ne mâche pas ses mots. Dans une lettre ouverte de quatre pages publiée le 28 février, il critique de manière acerbe les producteurs pour leur utilisation des pesticides, en affirmant qu’ils sont seuls responsables de leurs applications à la ferme et qu’ils influencent, au même titre que l’industrie, le travail des agronomes non liés.
La Terre a tenté de joindre Michel Duval pour comprendre ce qui a motivé l’OAQ à réagir à ce moment-ci dans le débat sur les pesticides. Celui-ci ne pouvait répondre à notre demande d’entrevue puisqu’il était en congé et non joignable au moment de mettre le journal sous presse.
Cette prise de position survient tout de même à la suite des récentes déclarations du président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, qui remettait en question le travail des agronomes. « On questionne toujours le fait qu’un agronome lié à l’industrie puisse prescrire [les ordonnances] », a-t-il dit au micro de Paul Arcand sur les ondes du 98,5 FM, le 22 février.
Lettre
La lettre de Michel Duval souligne que malgré la recommandation ou la prescription de l’agronome, le producteur « est le seul maître d’œuvre de l’entreprise […] et responsable de l’application de la bonne dose, du moment et du lieu d’application des pesticides à sa ferme » et qu’il « néglige parfois l’importance des pratiques agronomiques » pour réduire l’utilisation des pesticides. « Une visite en région productrice de maïs ou de soya vous permettra de constater que certains agriculteurs plantent du maïs ou du soya dans la bordure immédiate des fossés. Lorsqu’un arrosage est nécessaire, une partie du pesticide se retrouve irrémédiablement dans le fossé et est prêt à être entraîné vers le cours d’eau le plus proche avec la première pluie qui survient après l’application du pesticide », écrit-il encore.
Michel Duval affirme aussi que l’UPA est « en partie complice » du désengagement de l’État dans les conseils aux producteurs agricoles. Il ajoute que l’intérêt des producteurs présents aux conseils d’administration des centres de recherche vient « interférer » avec les orientations premières des organismes. Selon l’Ordre, le nombre d’agronomes employés par le ministère de l’Agriculture aurait diminué de 33 % entre 2010 et 2018.
De plus, la lettre affirme que le conflit d’intérêts et l’influence font également pression sur le travail des agronomes non liés. « L’agronome de l’industrie et l’agronome du club-conseil sont exposés à des pressions qui pourraient influencer leur jugement professionnel. L’agronome peut subir la pression de son employeur-fournisseur qui songe à ses intérêts financiers, mais aussi celle du producteur qui souhaite maximiser ses rendements ou la qualité de sa récolte pour obtenir de meilleurs revenus », mentionne le président de l’OAQ.
Incompréhension
Marcel Groleau ne comprend pas « l’attaque sans commune mesure » de Michel Duval contre son organisme.
« L’Ordre semble inquiet de la tournure que prend le dossier des pesticides, poursuit M. Groleau. Toutes les allusions qu’on a faites sur l’importance des services agricoles ou professionnels non liés heurtent l’Ordre alors que notre préoccupation est d’afficher, tous ensembles [l’industrie, les professionnels, les agronomes et les producteurs], une transparence et une façon de fonctionner qui feront en sorte que le public n’aura aucun doute sur les actes posés par les agriculteurs. »
« Quand les producteurs choisissent leurs services professionnels, il faut qu’ils aient accès à un agronome non lié [à l’industrie]. Ça a toujours été notre position », a indiqué M. Groleau. Le message de l’UPA n’était pas tourné contre les agronomes. Au contraire, l’Union souhaite en avoir plus auprès de ses membres.