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Le phénomène grandissant de la résistance aux antibiotiques force l’industrie avicole canadienne à redéfinir ses pratiques. Les Producteurs de poulet du Canada ont amorcé, en 2014, la mise en place d’une stratégie nationale de réduction de l’utilisation des antimicrobiens visant à éliminer l’usage préventif des antibiotiques dans les élevages de poulets à chair et de dindons d’ici la fin de l’année 2020. Les bénéfices d’un tel retrait sur le phénomène global de la résistance aux antibiotiques demeurent toutefois peu documentés.
Bien qu’il soit encore trop tôt pour estimer les impacts à long terme de la stratégie canadienne, une étude réalisée à la Chaire de recherche en salubrité des viandes indique que celle-ci pourrait avoir des retombées bénéfiques. Sous la supervision des Drs Marie-Lou Gaucher et Alexandre Thibodeau, l’étudiante à la maîtrise Catherine Turcotte a voulu documenter l’abondance des gènes associés à la résistance aux antibiotiques dans six fermes d’élevage de poulets de chair au Québec.
En 2012, ces exploitations ont pris part à une étude d’une durée de 15 mois visant à comparer une régie d’élevage sans antibiotiques dans un poulailler dit alternatif à une régie conventionnelle ayant recours aux antibiotiques et aux anticoccidiens dans un second poulailler situé sur le même site. Alors que pour quatre des six fermes participantes la régie d’élevage conventionnelle a été réintégrée à la fin de cette étude, les deux autres ont plutôt décidé d’adopter une stratégie judicieuse d’utilisation des antibiotiques dans leurs bâtiments d’élevage pour faire en sorte d’éliminer définitivement leur usage aux fins de promotion de la croissance et de prévention des maladies.
Résultats
À la suite de l’étude de 2012, les résultats obtenus montrent que l’arrêt des antibiotiques sur une période de 15 mois n’est pas suffisant pour entraîner des changements significatifs quant à l’abondance de gènes de résistance entre des bâtiments alternatifs et conventionnels. Par contre, en 2018, l’échantillonnage des poulaillers alternatifs ayant fait un retour à une régie conventionnelle en 2012, tout comme ceux l’ayant maintenue au cours des huit dernières années, indique que l’utilisation systématique et prolongée des antibiotiques est associée à une augmentation de l’abondance de gènes de résistance tels que ceux associés à la bacitracine, à la tylosine, à la lincomycine et à la virginiamycine.
À l’inverse, ces mêmes gènes ont diminué de façon significative dans les poulaillers ayant adopté une stratégie d’utilisation judicieuse des antibiotiques dès 2012, ce qui laisse croire qu’au cours des prochaines années, la mise en place de la Stratégie nationale de réduction de l’utilisation des antimicrobiens au Canada contribuera à contrer la menace que représente la résistance aux antibiotiques.
Dre Marie-Lou Gaucher, M.V., M. Sc., Ph. D., Chaire de recherche en salubrité des viandes, Université de Montréal