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D’où viennent les anticorps et sont-ils tous utiles pour combattre les infections?
C’est la question de base que nous nous sommes posée lorsque nous avons démarré notre projet de recherche au sein du Groupe de recherche sur les maladies infectieuses en production animale (GREMIP) et du Centre de recherche en infectiologie porcine et avicole (CRIPA) de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.
Notre objectif était de mieux comprendre la production d’anticorps lors des infections causées par la bactérie Streptococcus suis, qui est d’importance en production porcine, dans le but de faciliter le développement de vaccins plus efficaces pour prévenir la maladie à la ferme.
Pour répondre à cet objectif, nous nous sommes penchés sur l’étude des mécanismes biologiques qui gèrent la production d’anticorps. Pour ce faire, nous avons effectué des infections expérimentales chez des souris (modèle animal amplement utilisé pour Streptococcus suis) et nous avons suivi la capacité de ces animaux à produire des anticorps capables de viser et d’éliminer la bactérie. Nous avons appris que les animaux étaient capables d’éliminer lentement la bactérie lors d’une première infection et que leur capacité de débusquer la bactérie était accélérée lors d’une infection suivante grâce aux anticorps produits.
Pas tous égaux
Toutefois, tous les anticorps ne sont pas égaux. En effet, il existe plusieurs classes d’anticorps qui ont une structure différente et donc des propriétés différentes. La première ligne de défense chez les mammifères est composée d’anticorps de classe M (IgM) qui sont naturellement capables de viser un large éventail de bactéries pathogènes. Toutefois, lorsque l’animal rencontre une bactérie pathogène, des messages d’alerte seront envoyés aux cellules du système immunitaire, ce qui provoquera leur modification pour produire des anticorps spécialisés, de classe G (IgG), pour viser la bactérie rencontrée précédemment et prévenir des infections futures.
Sachant que les anticorps produits après une infection à la bactérie Streptococcus suis étaient capables d’éliminer la bactérie, nous avons voulu savoir quels étaient les anticorps responsables. À l’aide d’analyses plus approfondies, nous avons pu déterminer que c’était les anticorps de classe M qui étaient les plus impliqués dans l’élimination de la bactérie, et ce, malgré une production d’anticorps spécialisés de classe G.
Nous avons ensuite voulu savoir quelle était la cible précise des anticorps capables d’éliminer la bactérie et nous avons observé que seuls les anticorps de classe M étaient capables de se fixer à la capsule composée de sucres qui entoure la bactérie et lui sert d’armure pour se protéger contre le système immunitaire. Cela signifie que ces anticorps joueraient un rôle important et seraient désirables pour se protéger contre Streptococcus suis. Les nouvelles connaissances que nous avons obtenues suggèrent alors une modification des stratégies de vaccination puisque l’obtention des anticorps de classe IgM ciblant la bactérie et sa capsule protectrice serait souhaitable pour éliminer Streptococcus suis. Des études de confirmation chez le porc sont en cours.
Tous les anticorps ne se valent pas Les anticorps sont-ils tous utiles pour combattre les infections? Il semblerait que non, du moins pour combattre la bactérie Streptococcus suis retrouvée en production porcine. En effet, nos résultats de recherche ont déterminé que les anticorps de classe M sont très importants pour contrer S. suis, ce qui pourrait influencer la création de futurs vaccins. |
Dominic Dolbec, Mélanie Lehoux, Marcelo Gottschalk, Mariela Segura
Gremip et Cripa, Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal