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Jean Chevalier, un agriculteur situé près de Berthierville dont les terres ont été inondées pendant des semaines le printemps dernier, n’a toujours pas semé, puisque ses champs sont encore sous l’eau!
« C’était pratiquement sec, je commençais à penser à semer, mais non… Ils ont ouvert les vannes des barrages en Ontario et le niveau d’eau du fleuve a augmenté. C’est le bout de la m…! Ils nous noient avec l’eau des Grands Lacs, maintenant », peste-t-il.
Cet éleveur de bovins n’est pas le seul à constater avec désespoir que ses terres ne sont toujours pas cultivables. D’autres producteurs riverains du fleuve, dans Lanaudière et en Mauricie, sont incapables de semer et ont jeté l’éponge.
Beaucoup d’eau
Une station hydrologique située quelques kilomètres en amont sur le fleuve confirme les doléances des agriculteurs : le niveau d’eau atteignait 7 m le 20 mai, il a redescendu à 5,75 m le 20 juin et a remonté à 6 m le 10 juillet. Il s’agit d’un record pour cette période de l’année, étant donné que depuis 1989, le niveau maximal enregistré à cette station était de 5,5 m.
« C’est pour équilibrer les dommages reliés aux inondations […] et parce que le niveau d’eau du lac Ontario est de 70 cm plus élevé que sa moyenne que les vannes ont été ouvertes », explique le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec.
Pas de plan B
Jean Chevalier est résolu à ne pas semer ses 70 hectares restants, car même si l’eau se retire, il sera trop tard. L’autre problème concerne les champs en culture. « Le maïs que j’ai réussi à semer le 15 juin ne sera peut-être pas mieux. Ce n’est pas sûr qu’il arrivera à maturité et si c’est le cas, la qualité risque d’être ordinaire. Je pense qu’on va manger toute une tarte cet automne », craint l’agriculteur.
« J’ai 71 ans et des coups d’eau printaniers, j’en ai vu. Mais des comme ça, qui durent tout l’été, non. C’est assez spécial. Il y a environ 250 hectares de terres qui n’ont pas encore été semées, d’autres qui ont été semées très tard et dans la fraîche. Conséquemment, le soya est moins avancé et moins beau. Même le maïs à ensilage pourrait ne pas se rendre à maturité », décrit Michel Désy, de Sainte-Geneviève-de-Berthier. Cet agriculteur, qui préside un syndicat local de l’UPA de Lanaudière, affirme qu’il faudra aider ces producteurs. « On travaille pour que les agriculteurs qui sont assurés reçoivent de meilleures compensations que ce que leur propose la Financière [agricole du Québec]. Et pour ceux qui ne sont pas assurés, on veut un programme spécial du gouvernement », lance M. Désy.