Actualités 8 juin 2016

Les mouches roses de l’oignon vert

Les frères Barbeau, Olivier et Jean-Christophe, ont l’héritage de trois générations de maraîchers entre les mains et ils le prennent très au sérieux. Spécialisés dans les fines herbes et les oignons verts, ils sont parmi les plus importants producteurs de ce genre de cultures dans la région.

SAINT-MICHEL — Loin de se reposer sur leurs lauriers, les deux frères viennent de cesser complètement l’usage de l’insecticide qui s’attaque à la mouche de l’oignon, et ce, grâce à la lutte intégrée. C’est avec l’aide de Mylène Fyfe, conseillère à PRISME Consortium, une association de producteurs et de professionnels engagés dans la recherche, le développement et la mise en oeuvre de bonnes pratiques agricoles, qu’Olivier et Jean-Christophe se sont investis dans deux solutions qui leur ont permis de mettre un terme aux ravages de la mouche de l’oignon. 

Le mâle rose

Dans les champs des Barbeau, de nombreuses mouches volent. Des mouches tout ce qu’il y a de plus ordinaires… à l’exception qu’elles sont roses. Il s’agit d’une poudre que l’on dépose sur les mouches stériles pour les différencier des mouches indigènes. « On a choisi le rose parce que c’est original…mais surtout parce que c’était la couleur qui résistait le mieux », explique Mylène Fyfe.

À l’âge de pupe (stade intermédiaire entre l’état de larve et celui d’adulte), les mouches mâles élevées en usine sont irradiées par des rayonnements ionisants, ce qui les rend stériles. Puis, si un accouplement se produit, la femelle pondra des œufs non fertilisés, puisque le mâle n’était pas fertile. Olivier et Jean-Christophe
Barbeau commandent entre 40 000 et 75 000 mouches stériles par hectare par été. « C’est sûr que c’est cher, mentionne Olivier, mais c’est vraiment mieux pour l’environnement et pour notre santé. » Depuis qu’ils ont tenté l’expérience, en 2011, leur besoin en mouches stériles ne représente plus que 10 % de la quantité qui était nécessaire au départ. À 11 $ le paquet de 1 000 mouches, c’est une grosse amélioration sur le plan économique.

La Green Banner, ce délice

Aux Terres maraîchères Barbeau, on se sert également de la Green Banner, une variété hâtive d’oignons verts, comme appât. « On s’en est aperçus par hasard, lance en riant Jean-Christophe Barbeau. On avait planté deux variétés, dont la Green Banner, et c’était toujours celle-là qui était endommagée. » Lors de leurs premières tentatives, ils avaient semé un rang de Green Banner pour cinq rangs de variété cultivée. Ils se sont cependant vite rendu compte que ce ratio occasionnait trop de pertes et les frères ont plutôt opté pour une proportion de 1 rang sur 20. « La Green Banner, c’est un peu notre plan de rechange dans l’éventualité où les mouches stériles ne suffiraient pas », affirme Olivier Barbeau.

Une Montérégie de plus en plus rose

Cette année, 16 producteurs de la Montérégie-Ouest, qui possèdent près de 400 hectares de terres, participent au projet de lutte intégrée grâce aux mouches stériles, soit cinq de plus qu’en 2015. Ces agriculteurs se sont vu octroyer une subvention du programme Prime-Vert, qui vise à encourager la participation de nouveaux utilisateurs. De son côté, Mylène Fyfe vise grand. « C’est une approche qui se veut régionale, s’enthousiasme la conseillère. Pour que ça fonctionne, il faut que tout le monde participe. »

 

mouches
Mouche de l’oignon au stade adulte.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ennemi à vaincre

La mouche de l’oignon en elle-même ne cause pas de dommages aux cultures. Ce sont ses larves qui, au début de l’été, peuvent détruire jusqu’à 30 plants d’oignons chacune. Les plants attaqués plus tard dans l’été auront plutôt tendance à se déformer et à être infectés par la suite par des champignons ou des bactéries.

Les Terres maraîchères Barbeau

Maraîchers depuis trois générations, les Barbeau se spécialisent dans la culture de fines herbes et d’oignons. En période achalandée, bien que l’entreprise familiale ne couvre pas une grande superficie, le nombre d’employés peut monter jusqu’à 150, car les productions nécessitent beaucoup de main-d’oeuvre.