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Mon premier contact avec la motoneige m’a laissé un souvenir impérissable. Un ami m’avait prêté son bolide dernier cri, une « bombe », dans le jargon. « Ce sera l’expérience de ta vie », m’avait-il promis. Il ne pouvait mieux dire. De cette aventure, j’ai surtout compris que les motoneiges ne conviennent pas à tous les usages…
Retour dans le temps. Je m’aventure seul à travers les champs. Le rythme est peinard, la vie est belle. Mais le contexte change complètement une fois arrivé dans la forêt lointaine. Le couvert de neige y est épais, très épais même. Je réalise vite qu’il faut accélérer la cadence, autrement la motoneige s’enfonce. Les gaz à fond, il est bien difficile d’esquiver tous ces arbres qui se dressent partout. Difficile aussi de maintenir mon équilibre sur ce cheval fou qui tend constamment à verser d’un côté ou de l’autre!
Voilà qu’une rivière apparaît et me force à faire demi-tour. J’amorce le virage, évite un obstacle de justesse et paf! je me prends un conifère en pleines dents. Un peu sonné, mais sans trop de casse, j’essaie de repartir. Erreur! Un coup d’accélérateur, mais un de trop : l’arrière de la motoneige creuse profondément la neige. En grand amateur, j’opte pour la marche arrière… La situation dégénère!!! Non seulement la bestiole se trouve complètement embourbée, je dois de plus la faire pivoter sur 180 degrés afin de repartir dans le bon sens. J’essaie de la soulever, rien ne bouge.
Je déblaie toute cette neige avec mes mains, tente encore de déplacer ce cadavre de 200 kilos, mais rien à faire; une forme de succion maintient le tout au sol. Mon cœur bat lourdement en stéréo sous ma tuque, l’eau ruisselle dans le dos de ma salopette. Je contemple la scène quelques instants, espérant que la machine se déplace d’elle-même. Une fois redevenu lucide, je me dis : « Allez Ménard, du nerf! » Efforts surhumains et cris retentissants en viennent finalement à bout. Les biceps à sec, les jambes qui tremblent d’épuisement, je m’assoie sur la motoneige en m’interrogeant sur le réel plaisir de ce « loisir »…
Les modèles utilitaires à la rescousse
Partager cette expérience avec de vrais cavaliers des neiges, c’est d’abord les voir pouffer de rire : « La prochaine fois mon gars, choisis une machine appropriée, car une motoneige qui atteint presque 200 km/h sur les sentiers se révèle un gros zéro pour du hors-piste. »
En réalité, tout débute par la chenille. Celle des machines sport s’avère beaucoup plus étroite et moins longue afin d’offrir des performances maximales sur sentiers damés. En contrepartie, les modèles purement utilitaires, comme les Bombardier Skandic, Yamaha VK540 ou Polaris IQ Wide Track, misent sur une chenille allant jusqu’à 60 cm de largeur et près de quatre mètres de longueur. À l’avant, les skis plus larges procurent une flottaison accrue. Une transmission calibrée pour des départs plus doux évite de faire survirer la chenille. Cet élément, couplé à la grande stabilité de ces véhicules, les rend particulièrement faciles à conduire en condition de neige épaisse.
Ces supercostauds présentent également un système d’attelage pouvant remorquer de lourds traîneaux ou des billots. Un treuil peut même s’installer à l’avant. D’ailleurs, plusieurs propriétaires de boisés emploient ces machines de travail pour débarder des arbres fraîchement tronçonnés. Évidemment, il existe une certaine limite quant au diamètre du « menhir » pouvant être tracté, mais les performances demeurent acceptables.
Un compromis
Les motoneiges utilitaires intègrent souvent une suspension plus ferme et une selle moins confortable, bref des machines peu destinées à la conduite en sentier. Très tendance dans l’automobile, des modèles multisegments sont également disponibles dans la motoneige! Le modèle Expedition de Bombardier propose une largeur de chenille et une motorisation capables de débarder des arbres. Il est aussi doté de caractéristiques de promenade incluant vitesse de pointe plus élevée, suspension douillette et poignées chauffantes pour le passager. Un bon compromis pour ceux qui désirent une motoneige de travail, à l’âme familiale et sportive.
La poudreuse et les raquettes
La motoneige possède ce quelque chose d’unique, une forme de liberté que procure le territoire environnant désormais uniformisé par la neige. Certains en profitent pour aller fouiner du côté des propriétés voisines (!), d’autres apprécient cette absence de frontière pour explorer des endroits exclusifs, redevenus vierges l’espace d’une saison. Et dans sa propre forêt, une motoneige utilitaire permet d’accéder à tous les secteurs. Ainsi, le matériel destiné à certaines constructions isolées se transporte beaucoup plus facilement en hiver, sans compter des zones où les arbres peuvent être débardés uniquement lorsque la neige les rend accessibles.
Retenons qu’aussi exaltante soit-elle, une promenade dans la neige poudreuse nécessite d’avoir à sa disposition la machine adéquate. Un autre élément à ne pas oublier : un petit bidon d’essence portatif. Certaines motoneiges consomment beaucoup de carburant. Et d’entendre, ahuri, le moteur toussoter et… tomber en panne vous laissera avec un sentiment d’anéantissement total au beau milieu du néant blanc. Bref, si vous apercevez un vieux de la vieille avec raquettes et bidon d’essence fixés à sa motoneige, c’est qu’il a déjà vu neiger!!!