Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
La contamination du blé tendre blanc par un OGM pourrait représenter une catastrophe pour les agriculteurs du nord-ouest des États-Unis.
La découverte de ce blé de Monsanto, résistant à l’herbicide Roundup, dans une ferme d’Oregon a déjà eu un impact sur les marchés. Pour cet État et celui de Washington, le blé tendre blanc représente la principale variété produite. Cette céréale est principalement destinée aux pays asiatiques pour la fabrication de nouilles et de biscottes. Or, le Japon et la Corée, deux bons clients, refusent de prendre du blé modifié génétiquement.
Des producteurs ont donc déposé une demande de recours collectif contre Monsanto pour réclamer un dédommagement relatif à la perte de certains marchés et à la pression à la baisse sur les prix. Cet imbroglio tombe d’ailleurs au plus mauvais moment pour les producteurs de cette région américaine qui devraient battre leur blé au début de juillet prochain.
Il faut rappeler que le blé de Monsanto avait fait l’objet d’essais en champ dans 16 États américains entre 1998 et 2005. Ce blé a finalement été abandonné en 2005 parce que la demande n’était pas au rendez-vous. De nouveaux essais de blés modifiés pour résister à l’herbicide ont toutefois recommencé en 2013.
Impact incertain
Des tests d’échantillons sont en cours afin de vérifier la présence du blé Monsanto à d’autres endroits. L’impact sur le marché du blé pourrait être plus important encore si cet OGM était détecté à l’intérieur des principales régions productrices de blé du pays. Cette crainte crée déjà une pression sur les contrats de vente de blé américain.
En cas de blocage du blé américain sur certains marchés asiatiques, le principal bénéficiaire serait sans doute l’Australie qui est un important producteur de blé blanc et est situé relativement près de l’Asie. Le Canada produit un peu de blé blanc, surtout dans l’Ouest et en Ontario, mais n’est pas un important fournisseur de cette céréale.
Monsanto affirme de son côté que toute cette histoire découle d’un cas « isolé » en Oregon. Le géant des biotechnologies met par ailleurs en doute les tests utilisés par les autorités pour déterminer si le blé contient bel et bien le gène de résistance à l’herbicide. Monsanto admet par ailleurs qu’une contamination accidentelle ou volontaire du blé est possible, mais affirme du même souffle qu’il manque d’information pour déterminer la cause de cet incident.
Récente dérèglementation des OGM
L’épisode du blé blanc résistant à l’herbicide pourrait ne pas être le dernier du genre aux États-Unis considérant la nouvelle dérèglementation votée en mars dernier par Washington.
Cet article de loi, surnommé le « Monsanto protection Act », fait partie d’une pièce législative importante qui visait avant tout à imposer des compressions budgétaires à l’ensemble de l’État américain. L’article 735 de cette loi, introduite en cours de processus législatif, permet de cultiver une plante modifiée génétiquement qui n’a pas encore été homologuée dans la mesure où un agriculteur ou un gérant de ferme en fait la demande. Le secrétaire américain à l’Agriculture conserve malgré tout certains pouvoirs et peut imposer des conditions pendant cette période précédant l’homologation.
Cet article de loi expirera le 30 septembre. Si le Congrès ne vote pas de nouveau pour cette disposition, elle aura été en vigueur seulement pendant une saison de culture.
Technologies retardées
Il semble par ailleurs que l’industrie ne cherche pas à profiter outre mesure de cette nouvelle souplesse réglementaire. Dow et Monsanto ont récemment accepté la décision du gouvernement américain de retarder l’introduction de plantes résistantes au 2,4 D et au Dicamba. Les autorités veulent effectuer plus de vérifications environnementales. L’introduction de ces deux technologies est donc retardée vers 2015.