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Les pesticides utilisés dans les traitements de semence sont l’un des facteurs qui peuvent nuire à la population d’abeilles, mais des moyens de minimiser ce risque sont mis en place peu à peu.
La modification des semoirs pneumatiques est l’une des voies envisagées. Il est possible de modifier une majorité de semoirs et planteurs en installant des déflecteurs. Plus précisément, il s’agit d’installer des tuyaux flexibles qui permettent de déposer la semence près du sol (environ 15 cm) en contrôlant la pression d’air de façon à éviter de créer un impact au sol trop important, ce qui augmenterait la quantité de poussière et risquerait de détériorer l’enrobage de la semence. L’idée, c’est de ralentir la pression d’air.
Notons que les semoirs ne sont pas tous conçus de la même façon, puisque la sortie centrale d’air est dirigée parfois vers le haut, parfois vers le bas. Certains modèles disposent par ailleurs d’une turbine sur chaque rang. « Les semoirs sont pas mal tous modifiables », indique néanmoins Patrick Audette, président d’Aulari, qui travaille déjà à installer des accessoires sur pratiquement toutes les marques d’équipement de semis.
« Ça prend un planteur à vacuum pour que ça marche », souligne de son côté Jean Bourque, représentant en machinerie agricole à la Coop fédérée, qui ajoute qu’une majorité de planteurs modernes entrent dans cette catégorie. Selon lui, les semoirs mécaniques à doigts produisent déjà moins de poussière, de même que les modèles à pression d’air vers le bas et de 12 à 16 sorties. Ces derniers seraient de toute façon plus compliqués à modifier, d’autant plus que les déflecteurs devraient être enlevés périodiquement.
Le président d’Aulari estime qu’il s’agit en général d’une modification de quelques centaines de dollars en équipement qui peut s’effectuer en quelques heures. Son entreprise songe d’ailleurs à offrir ce service. « On y pense sérieusement. On veut être proactif », indique M. Audette, qui fait valoir que certaines marques offrent même des kits de modification. Ces derniers ne sont toutefois pas essentiels, selon lui, puisqu’il s’agit de pièces courantes dans le commerce. Au moins un producteur québécois a d’ailleurs modifié son semoir par lui-même.
Nouveau talc et nouveau polymère
« Modifier les machines ne va pas tout régler. On travaille aussi sur les polymères », affirme Luc Bourgeois, responsable de la recherche et du développement chez Bayer CropScience. Bayer et Syngenta sont les deux plus importants fabricants de traitement de semence.
Une recherche « continuelle » s’effectue sur les polymères qui servent à faire coller le produit sur la semence. Une « nouvelle recette » de Poncho 500 devrait d’ailleurs être disponible au Canada en 2013. Elle permettrait de diminuer la matière active dans la poussière, même si la dose est plus élevée.
On doit également suivre les recommandations pour ne pas introduire trop de talc ou de graphite, qui servent de lubrifiant dans les semoirs. Ces matières peuvent contribuer à augmenter la poussière qui contient de l’imidaclopride ou du thiaméthoxam.
Bayer travaille par ailleurs à la mise au point d’un produit en remplacement du talc qui ferait diminuer la poussière de 90 % et la matière active libérée de 65 %. « Ça avance très vite », indique M. Bourgeois, qui pense que ce produit « compétitif » sera à l’essai en 2013. Comme il ne s’agit pas d’une matière active, son autorisation pourrait se faire rapidement.
Semences non traitées disponibles
Les producteurs bio ou ceux qui souhaitent des hybrides conventionnels sans traitement pour minimiser le risque peuvent s’approvisionner auprès d’une majorité de semenciers, mais il faut s’y prendre à l’avance parce que le criblage et le traitement des semences se font bien avant les semis. Plus la production est éloignée, plus il faudra commander tôt.
« On a toujours offert l’option sans Poncho », affirme Gilles Corno, représentant Pride au Québec. M. Corno précise que ceux qui choisissent cette option doivent le faire avant le printemps et que le service n’est pas le même ensuite. Le semencier ne peut pas facilement effectuer des changements de cultivars (UTM différent) au printemps, puisque la grande majorité des semences de maïs sont déjà traitées. Le resemis en cas d’infestation d’insectes n’est pas offert, étant donné qu’il n’y a pas de protection particulière sur la semence. M. Corno s’attend à plus de demandes en 2013 pour la semence non traitée parce qu’il commence à y avoir une conscientisation des producteurs. On pourrait même voir des hybrides qui sont modifiés génétiquement pour résister à l’herbicide mais dont la semence ne serait pas enrobée.
Bonne entente et comité provincial
Un des meilleurs moyens de minimiser le risque de contamination des abeilles par les pesticides demeure la bonne entente entre producteurs de maïs et apiculteurs.
Il est habituellement possible de trouver des refuges pour les ruches au moment du semis et de prévoir des champs de luzerne ou de trèfle à l’écart du maïs. On doit aussi éviter les périodes trop venteuses pour semer. « Il faut s’assurer que les agriculteurs qui travaillent près des ruches parlent aux apiculteurs », insiste M. Corno, qui fait partie du comité de travail sur les incidents d’intoxication d’abeilles liés à l’usage de pesticides. Une rencontre de ce comité, initié par le ministère de l’Agriculture (MAPAQ), s’est tenue le 5 juillet, et deux sous-comités (information et semoirs) se réuniront à nouveau pendant l’été. Le comité principal regroupe des représentants de l’industrie des pesticides, des apiculteurs, des marchands de semences, du gouvernement, de l’UPA, du secteur de la machinerie, de la recherche et des cultures commerciales. Le sous-comité sur les semoirs devrait permettre de donner plus de précision sur la façon de modifier ou non chaque modèle.
« On ne veut pas perdre l’insecticide ni les ruches », résume le semencier Corno, qui rappelle que les apiculteurs ont besoin des autres agriculteurs pour accueillir leurs ruches et que les cultures ont besoin des abeilles pour assurer une bonne pollinisation. Les pesticides comme traitement des semences ont rapidement gagné en popularité à compter de 2003 et leur usage est maintenant largement majoritaire.