OTTAWA — Partie de Québec lundi matin, la caravane des producteurs de lait a fait une entrée triomphale à Ottawa.

À l’heure prévue, le convoi est arrivé à Gatineau sans encombre. Formé de quatre tracteurs au départ, il en comprenait plus d’une cinquantaine à l’arrivée, plusieurs producteurs de l’Outaouais s’étant joints le long du trajet. Près de 2 500 producteurs provenant de toutes les régions du Québec les ont retrouvés avant de donner l’assaut final sur le parlement fédéral.

« Est-ce qu’on veut encore garder de l’agriculture au Canada? » s’interrogeait Steve Leduc, un jeune producteur de Thurso, le pays de Guy Lafleur. Steve Leduc, qui a reçu la caravane sur sa ferme, ne pouvait cacher son émotion et ses craintes devant les assauts à la gestion de l’offre. Les importations de lait diafiltré provenant des États-Unis ont fait perdre près de 30 000 $ l’an dernier à lui et à son associé.

« Même si on gère le plus serré possible, c’est notre salaire qu’on a perdu », affirmait-il.

Léo Mayer est un autre des 14 producteurs de lait qui a conduit son tracteur jusqu’à Ottawa pour convaincre le gouvernement fédéral d’appliquer sa réglementation. Producteur à Béarn au Témiscamingue avec son frère Luc et son père, Jean-Yves, il s’inquiète pour l’avenir même de sa ferme laitière. La famille a investi une forte somme l’an dernier dans l’achat et l’installation d’un robot de traite. Il faut maintenant rembourser l’achat malgré les pertes attribuables au lait diafiltré.

« C’est nous qui nourrissons le monde et là, on est à la veille de crever de faim », confiait-il quelques minutes avant de monter à bord de son tracteur à Montebello, 70 km à l’est d’Ottawa.

Marcel Blais, un producteur de La Patrie en Estrie, faisait aussi partie du convoi. En production laitière depuis 36 ans, il ne peut croire qu’on en est arrivé là aujourd’hui, surtout après avoir concédé beaucoup aux transformateurs dans l’adoption des normes fromagères en 2008.

« Avec Trudeau le père, disait-il, on construisait quelque chose dans les années 1970. Là, on est en train de détruire. »