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Bien souvent, ce sont les femmes qui héritent du poste de la gestion des ressources humaines (RH) dans les fermes, mais plusieurs ne sont pas outillées pour le faire, surtout avec le manque de main-d’œuvre, l’arrivée des travailleurs étrangers, de même que les exigences de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). C’est ainsi qu’Isabelle Paré, conseillère aux entreprises, a eu l’idée de lancer A-Tribu, une formation en RH en ligne uniquement destinée aux agricultrices. « Il m’est arrivé de dîner avec des groupes d’agricultrices et je me rendais compte que leur plus gros sujet de discussion concernait des questions sur la gestion de leurs employés. Pourquoi accorder des congés ou une augmentation de salaire à l’un et non à l’autre, comment gérer les conflits, etc. Et pour donner la formation, on a trouvé exactement la bonne personne : une agricultrice spécialisée en RH », explique Mme Paré, à l’emploi de VEC Formation, un organisme affilié au Cégep de Victoriaville.
La formatrice en question, Valérie Côté, de la Ferme Roncot à Saint-Flavien, dans Chaudière-Appalaches, est l’une des rares agricultrices à détenir une formation universitaire en gestion industrielle. Elle partagera ses trucs avec une troisième cohorte d’étudiantes, qui commencera le 15 novembre ses 12 cours de trois heures. « Je remarque que pour des agricultrices, la gestion des RH, c’est un aspect qui est devenu lourd. Trouver et gérer du monde, c’est une charge mentale et émotive supplémentaire. Elles ont souvent l’impression de manquer de ressources et d’éteindre des feux. Dans la formation, on touche à tout, et je leur donne une structure, avec des petites procédures simples. Elles repartent aussi avec des documents de référence, comme une échelle salariale, qu’elles peuvent utiliser directement chez elles », mentionne Mme Côté, qui possède avec son frère et son père une exploitation laitière de 120 kilos de quotas.
Et les employés difficiles?
Sans tabou, Valérie Côté aborde la question des employés difficiles. « Tu fais quoi avec un employé qui a des problèmes de consommation? » Elle soumet aussi l’exemple extrême d’un producteur dont l’un des employés était agressif avec les vaches. « Le producteur laissait ça aller, sans suivi administratif. La situation a fini aux poings avec un autre employé. Les deux employés se sont battus et l’un s’est blessé. Le producteur a eu la CNESST sur le dos », souligne la formatrice, en insistant d’ailleurs sur le fait que les gens ont davantage le réflexe de déposer des plaintes à la CNESST pour le harcèlement psychologique. « Si l’employeur ne prend pas ses responsabilités d’éviter le harcèlement, même entre deux employés, il se rendra compte que la situation est sérieuse quand la CNESST cognera chez lui. »
Le manque de main-d’œuvre a également poussé des agriculteurs à être plus tolérants avec leurs employés. « Mais il faut mettre ses limites et les communiquer clairement », insiste Mme Côté. Sans oublier un contexte propre au milieu agricole : la proximité avec la famille. « Faire de la RH avec la famille ou la belle-famille, c’est délicat. Il faut en parler », assure-t-elle.