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MONTRÉAL – C’est tout sourire qu’Adan Estuardo Orellana Catalàn vient de récupérer son numéro de participant pour le Marathon de Montréal. Fébrile, cet amoureux de sport a fait le trajet depuis Portneuf pour prendre part à l’épreuve du 5 km. Son employeur, un producteur laitier de Saint-Ubalde, lui a prêté son véhicule et lui a permis de manquer deux traites pour l’occasion.
« Depuis hier que je n’arrête pas d’y penser. J’ai vraiment hâte de participer », confie-t-il en espagnol à La Terre, le 20 septembre, lors d’une rencontre dans le Parc olympique, où se déroulera la course le lendemain matin.
La motivation à la ferme par le sport
L’homme de 33 ans raconte être parti du Guatemala, il y a plus d’un an, pour venir travailler à temps plein dans une ferme laitière du Québec. Rapidement, toutefois, il a réalisé que le sport lui manquait. Au Guatemala, cet athlète a fait partie de l’équipe nationale de handball pendant neuf ans. Il était aussi un mordu d’aviron et de course à pied.
Un conseiller de Lactanet, Omar Sandoval, avait suggéré aux employeurs d’Adan de le soutenir dans ses démarches pour faire de l’activité physique en dehors du travail. Cet agronome offre des formations techniques à l’intention des travailleurs étrangers temporaires (TET) en production laitière et prodigue aux employeurs des conseils d’intégration adaptés à la réalité de ceux-ci.
« Je considère qu’il est très important pour la santé mentale d’un travailleur de faire des activités à l’extérieur de la ferme. Quand j’ai formé Adan, en lui parlant, j’ai remarqué qu’il accordait beaucoup d’importance au sport et j’en ai glissé un mot aux producteurs », raconte l’agronome, qui joue les traducteurs lors de la rencontre avec La Terre.
M. Sandoval a beaucoup contribué à rendre possible la participation du travailleur au Marathon de Montréal. Il l’a aidé à s’inscrire et lui a même proposé de l’héberger chez lui, à La Prairie.
« J’étais en contact avec lui sur les réseaux sociaux. Je suivais tout ce qu’il faisait dans le sport. J’ai vu qu’il s’entraînait l’hiver et au printemps, qu’il avait participé à une course à Donnacona », énumère l’agronome. « Je lui ai proposé de participer au Marathon. Il m’a dit que c’était loin et que ça avait un coût, mais je lui ai répondu que s’il voulait le faire, j’allais l’aider. »
Adan mentionne être beaucoup plus heureux depuis qu’il fait du sport et des activités sociales à l’extérieur de la ferme, où il est le seul travailleur étranger.
« Je me sens vraiment plus productif, plus engagé à faire le travail. Les horaires en production laitière sont exigeants, mais le sport, ça me donne l’envie et l’énergie de travailler et de bien faire les choses », affirme-t-il.
Réorientation
Comme l’heure de la retraite a sonné pour ses employeurs, ces derniers ont annoncé à Adan qu’ils vendront le cheptel de vaches sous peu et qu’ils n’auront donc plus besoin de ses services. Le travailleur, qui aime le Québec et qui est déterminé à y rester, ne s’est pas laissé abattre par la nouvelle. Avec l’aide de ses coéquipiers de handball, il s’est déjà déniché un autre emploi comme plongeur au Château Frontenac. Il aimerait éventuellement obtenir sa résidence permanente, apprendre le français et faire venir sa famille.
« Il est vraiment débrouillard et très sociable. On aime beaucoup l’avoir avec nous et on lui souhaite vraiment de pouvoir rester », indique Céline Poirier, l’une des productrices qui l’ont embauché. Adan assure qu’il aime tout du Québec… même l’hiver. « J’aime courir dehors l’hiver! » assure-t-il.