Main-d'oeuvre 17 juin 2024

La baisse du seuil de TET inquiète les transformateurs

Depuis le 1er mai, le gouvernement fédéral a abaissé de 30 à 20 % le pourcentage de la main-d’œuvre pouvant provenir du volet « bas salaires » du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) dans les entreprises qui y ont recours. Un changement qui inquiète le secteur de l’abattage et de la transformation alimentaire, notamment celui de la transformation de viande, qui demande d’être exempté de cette mesure, comme le sont le secteur de la construction et celui de la santé. 

« Ça nous a pris complètement par surprise quand ils nous ont annoncé ça. Pour nous, c’est inacceptable! On a besoin du 30 %. On est actuellement autour de 29,8 % de TET, donc on est accotés sur ce 30 % », réagit René Proulx, président-­directeur général d’Exceldor, dans une entrevue accordée à La Terre.

De son côté, le transformateur de porc et de volailles Olymel rapporte que, depuis la baisse à 20 %, « un certain impact se fait sentir, surtout dans les établissements qui connaissent déjà des difficultés pour le recrutement, notamment dans des régions où le taux de chômage est plus faible », mentionne Audrey Giboulet, directrice intérimaire des communications pour l’entreprise. Elle précise que chez Olymel, les travailleurs étrangers temporaires (TET) sont surtout affectés à deux types de postes, soit les postes de manœuvre de transformation et ceux de boucher industriel.

Dans le cas des bouchers industriels, il n’y a pour l’instant pas de limite prévue quant aux embauches de TET.

Audrey Giboulet, directrice intérimaire des communications chez Olymel

Peu d’effets immédiats

D’ailleurs, bien que cette nouvelle mesure soit appliquée depuis le 1er mai, il y a encore peu d’effets dans l’immédiat, puisque « les employés qui sont déjà là, on peut les garder, mais les nouvelles demandes qui seront faites devront être basées sur le seuil de 20 % », indique René Proulx.

La chef des relations publiques et gouvernementales chez Exceldor, Gabrielle Fallu, ajoute que la coopérative a pu se préparer, en déposant le maximum de demandes de permis dans le cadre du PTET avant l’entrée en vigueur de la nouvelle mesure, le 1er mai. « Je dirais que pour un an presque et demi, on va être corrects, car ce sont des contrats de 12 mois, donc on a un petit jeu à court terme pour trouver des solutions. » Après ce délai, toutefois, des problèmes de recrutement devraient se faire sentir, prévoit-elle.

À ce titre, Aliments et Boissons Canada, qui représente six associations provinciales et régionales de fabricants d’aliments et de boissons au pays, fait des représentations auprès du gouvernement fédéral pour faire exempter le secteur de la transformation alimentaire de ce changement. Dans un communiqué daté du 28 mai, l’organisation argue que les conséquences de cette baisse seront néfastes quant aux problèmes de main-d’œuvre pour l’industrie et sa capacité de production.

Du côté provincial, la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette, a donné une lueur d’espoir dans une entrevue accordée à l’animateur Paul Arcand, au micro du 98,5, le 11 juin. En répondant à une question, elle a dit souhaiter protéger certains secteurs, dont l’agriculture et la transformation alimentaire, face aux mesures visant à réduire le nombre de travailleurs étrangers temporaires sur le territoire. 

Rappelons toutefois que l’agriculture n’est pas touchée par ces changements, puisque les travailleurs de ce secteur sont recrutés par l’entremise d’un programme différent, soit le Programme pour les travailleurs agricoles saisonniers, qui n’est pas soumis aux seuils imposés dans le PTET.