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Tous les dimanches depuis 2009, le chauffeur d’autobus Luc Jetté va reconduire des travailleurs étrangers agricoles au parc des Quatre-Vents, à Saint-Rémi, en Montérégie, où sont organisés des matchs de soccer. Au fil des ans, l’homme de 74 ans a développé un lien spécial avec eux.
« Je suis là pour qu’ils passent une bonne journée », témoigne simplement celui qui ne s’en tient pas qu’à son rôle de chauffeur. Toute la journée, il reste au parc et les regarde jouer. Une fois la partie terminée, il lui arrive de les amener manger une pizza à proximité. « Mes patrons ne me disent pas : tu dois revenir avant telle heure. Ils me donnent carte blanche et moi, je m’occupe des gars », affirme M. Jetté.
Le conducteur a aussi appris à se débrouiller en espagnol. « Je passe tout mon temps avec eux autres, au parc. On se taquine. Je connais tout le monde. Pas juste ceux que je transporte actuellement. Les gars des autres fermes où j’ai travaillé avant aussi. »
Depuis peu, l’homme est à l’emploi de Cultures Gen V à Sainte-Clotilde, mais a travaillé pour d’autres producteurs maraîchers, notamment aux Fermes du Soleil, où il a été chauffeur d’autobus pendant 10 ans.
Au parc, le dimanche, il côtoie encore les travailleurs étrangers de ses anciens employeurs avec qui il a créé un lien d’amitié. Chaque équipe de soccer, explique M. Jetté, représente une ferme différente. Un véritable tournoi est organisé au bout duquel un trophée est remis aux grands vainqueurs.
« Ils sont très forts au soccer; ils aiment ça et prennent ça au sérieux. Des fois, je niaise un peu. Dimanche passé, j’ai mis mon chandail des Fermes du Soleil [une équipe adverse], pour taquiner les gars avec qui je suis. »
Outre les matchs de soccer le dimanche, l’homme est appelé à l’occasion à accompagner les travailleurs pour qu’ils fassent leurs emplettes. Le 22 juillet, il ira d’ailleurs au Stade Saputo, à Montréal, avec eux, pour assister à un match de soccer professionnel.
« Ils travaillent vraiment fort et font des grosses journées. Dans l’autobus, souvent, ils ont les yeux fermés. Ils sont fatigués. Moi, j’essaie de leur faire passer un bon moment. »
De façon générale, M. Jetté remarque que l’harmonie est bonne entre les travailleurs et qu’ils semblent avoir du plaisir ensemble. « C’est sûr qu’on sent, des fois, qu’ils ont peur de déplaire; ils sont gênés. Il leur arrive de me demander combien de temps ils ont pour faire leur commande. Moi, je leur dis de prendre le temps qu’il faut », raconte celui qui, en revanche, s’attend à ce que les consignes de base dans l’autobus, notamment de ne pas boire et de laisser l’allée dégagée, soient respectées.
« Quand je leur parle, généralement, ils m’écoutent. Je pense que je sais comment leur parler. Au parc, je leur dis de respecter les arbitres. Eux autres, chez eux, ça brasse dans les stades. Mais ça marche très bien quand je leur parle. Ils sont respectueux. »
À 74 ans, l’homme qui a aussi été, dans sa carrière, conducteur d’autobus scolaires et de transport en commun ne fait plus de longues heures de travail comme avant, mais n’est pas près d’arrêter complètement. « Je vais chauffer tant que la SAAQ [Société d’assurance automobile du Québec] va me laisser mes licences! » lance-t-il.