Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Alors qu’il résidait dans son village situé à deux heures à l’est de Paris, Benjamin Carré a pris connaissance d’une offre d’emploi qui sortait de l’ordinaire : gérant de ferme au Québec. L’aventure l’attirait, d’autant plus que sa femme, Jeanne, avait aussi un intérêt à immigrer au Québec. Ils ont tout quitté pour atterrir, en octobre dernier, dans une ferme de pommes de terre du Saguenay–Lac-Saint-Jean, avec leurs deux filles de huit ans.
L’agriculteur français de 37 ans a été recruté par la Ferme G.G. & A. Montminy, un producteur de semences de pommes de terre au Québec. Il dit avoir mis un peu de temps à s’acclimater aux concepts administratifs comme ceux de La Financière agricole et du ministère de l’Agriculture du Québec, mais il a hâte à la nouvelle saison pour aider concrètement la ferme. « Quand je suis arrivé, il y avait de la neige. Je n’avais pas vu les champs. Tranquillement, ça dégèle. Je vois que c’est très hétérogène. Il y a plein de types de sols différents. Je suis excité de la suite. J’attends avec beaucoup d’impatience le début de la saison », a-t-il exprimé, en entrevue avec La Terre à la fin avril.
Celui qui était spécialisé, en France, en culture de pommes de terre, de céréales et de betteraves aimerait transposer une partie de son savoir agronomique ici. Par exemple, il dit que le choix des engrais et les techniques d’application ont connu une grande évolution en Europe et semblent plus avancés qu’ici. Certaines options exigeraient des investissements, mais pourraient valoir le coût d’être implantées au Québec, croit-il. Même constat pour des techniques culturales, comme le buttage. « En France, on est passé en buttes définitives au lieu de les refaire chaque année. Ce sont des économies de main-d’œuvre et de carburant. Je vais voir les choses qu’on peut faire ici », a mentionné le gérant de ferme.
La pression d’être immigrant
Benjamin Carré détient le même certificat de travail qu’un travailleur étranger temporaire (TET) provenant, par exemple, du Guatemala. Son permis, d’une durée de 24 mois, est attitré uniquement à la ferme où il se trouve présentement. Il ne pourrait pas partir travailler pour un autre employeur.
Dans un monde idéal, il aimerait ensuite faire sa demande de résidence permanente et obtenir sa citoyenneté canadienne pour travailler ici en agriculture, mais d’ici là, comme tous les TET, il n’est pas libre. « C’est certain que ça fait un peu peur d’être attitré à une seule entreprise. On a la pression d’être un immigrant, de ne pas connaître la suite. On espère qu’on fait un bon travail [qui satisfait l’employeur]. J’ai fait assez de démarches et de sacrifices pour venir ici. Je veux faire de mon mieux pour que ça fonctionne », a-t-il témoigné.
En l’accompagnant, sa femme Jeanne détient un permis de travail ouvert qui lui permet de travailler n’importe où, elle qui s’est rapidement trouvé un emploi en restauration. Tous les deux croient que d’autres Français pourraient venir travailler dans le milieu agricole québécois. « L’Amérique, ça reste le rêve américain. Je crois qu’il y aurait beaucoup de personnes qui auraient envie de venir ici, des ouvriers agricoles ou des gérants de ferme », estime M. Carré.
Un accueil chaleureux de la population
« Je me doutais que ce serait très bien et j’ai eu raison », dit Benjamin, soulignant l’accueil particulier auquel sa famille et lui ont eu droit dans leur nouvelle région d’adoption. « [En ce qui concerne] l’accueil, il y a des choses que je n’avais jamais vues avant. Nous étions à la librairie pour acheter des livres et une dame a reconnu que nous étions nouveaux. Elle nous a attendus à la caisse pour offrir un cadeau à nos filles », témoigne Jeanne. Son conjoint ajoute : « Un homme que je ne connaissais pas m’a offert de l’aide pour embarquer quelque chose de lourd dans le camion. C’est une forme d’entraide qui n’existe plus vraiment en France. »