Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Des producteurs agricoles des Îles-de-la-Madeleine aimeraient profiter des périodes creuses de la pêche, de la mi-juillet à la fin août, pour employer dans leurs champs les travailleurs étrangers temporaires (TET) de cette industrie, qui, autrement, doivent être renvoyés dans leur pays d’origine, au Mexique, pour quelques semaines.
« Ce serait gagnant pour tout le monde, confie Christian Poirier, producteur maraîcher aux Îles-de-la-Madeleine, qui a de plus en plus de mal à trouver de la main-d’œuvre pour travailler dans ses champs. Les TET seraient heureux de pouvoir continuer à travailler pendant l’été, l’entreprise du secteur des pêches économise des frais d’aller-retour pour ses travailleurs, et nous, on a accès à une main-d’œuvre spécialisée qui veut travailler et qui est déjà sur place. Imaginez l’économie pour tout le monde », poursuit-il, en entrevue avec La Terre.
Jean-Paul Gagné, directeur général de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche, confirme que ce souhait est partagé par les membres de son association, laquelle fait des représentations auprès du gouvernement fédéral depuis trois ans pour faciliter l’embauche de ses TET par d’autres industries de la région, comme l’hôtellerie, la restauration ou l’agriculture, pendant les périodes creuses de la pêche.
Leur industrie a employé 784 TET cette année, et ce nombre pourrait s’accroître dans les prochaines années, anticipe M. Gagné.
Possible, mais plus compliqué
Même si ces travailleurs temporaires ont un permis de travail fermé qui les lie à leur employeur, il leur est techniquement possible de changer d’entreprise en cours de route, spécifie Denis Roy, consultant en immigration à l’Union des producteurs agricoles (UPA). « C’est plus de frais, plus de démarches administratives. Par exemple, il faut redemander une couverture d’assurance maladie et il faut réactiver le numéro d’assurance sociale avec le nouveau permis de travail. Il y a donc des délais, mais généralement, en l’espace de trois semaines ou un mois, c’est possible », mentionne-t-il. Il reconnaît néanmoins « qu’un permis ouvert régional » permettrait de faire ces échanges d’un secteur de production à l’autre beaucoup plus facilement.
C’est d’ailleurs ce que réclame la Fédération de l’UPA Gaspésie–Les-Îles, qui a adopté une résolution en ce sens, lors de son assemblée générale annuelle, le 30 octobre. Elle demande par ailleurs que le gouvernement permette aux TET de rester dans le même logement tout au long de leurs activités de pêche et d’agriculture. En effet, c’est précisément ce dernier enjeu qui a fait avorter le projet de Christian Poirier, l’été dernier. Le producteur maraîcher s’était entendu avec une entreprise de transformation de poisson de sa région pour employer deux de ses TET, lesquels auraient pu continuer à être logés au même endroit.
Or, les règles encadrant l’hébergement des TET diffèrent d’un secteur de production à l’autre, souligne Denis Roy. « Même si on veut embaucher les TET deux ou trois semaines dans le secteur agricole, il faut que les logements soient inspectés », explique-t-il. Dans le dossier de M. Poirier, l’inspection n’a pas pu avoir lieu à temps, au grand désespoir du producteur agricole, qui tentera peut-être de nouveau sa chance la saison prochaine.