Actualités 6 octobre 2014

Lucie Durocher saisit maintenant l’importance d’être bien assuré…

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La vie de Lucie Durocher a basculé dans la nuit du 29 au 30 avril dernier. Un incendie a totalement ravagé la vieille grange de 125 ans qu’elle avait transformée en poulailler. Toute sa production de poulet de grain, la plus belle à vie, soit 4000 kg de viande prêts pour la livraison, s’est également envolée en fumée. Dur constat pour la propriétaire de la Ferme Paysanne RDF. Elle qui croyait bénéficier d’une protection d’assurance complète se retrouve à court pour reconstruire.

« Il me manquait 80 000 $. Conséquence, je dois rebâtir plus petit », se désole la productrice, qui a bien compris la leçon. Elle a payé cher pour apprendre qu’il convient de souscrire à deux protections distinctes pour couvrir tous les éléments d’une entreprise agricole qui effectue elle-même la mise en marché. Si l’assurance agricole permet de protéger les bâtisses, la machinerie, l’outillage et les animaux vivants, une seconde assurance commerciale couvrira la marchandise et la production prête à livrer.

J’en ai encore les jambes coupées, confie-t-elle. J’ai réalisé que mes stocks n’étaient pas assurés. Il faut vérifier qu’on est bien assuré. Si j’ai un conseil à donner, c’est de s’asseoir avec son assureur pour passer en revue chaque élément. Celui-ci doit venir en personne pour voir les lieux. Arrêtez de penser et posez les questions. Il ne faut pas avoir peur d’avoir l’air idiot.

« C’est bien aussi de prendre des photos régulièrement, conseille-t-elle encore. De nos jours, c’est tellement facile de numériser des photos et de mettre ça sur un serveur, une clé USB qu’on entrepose en lieu sûr (coffret bancaire). J’ai été forcée de revisiter chaque pièce les yeux fermés pour dresser la liste de ce que j’ai perdu. La patère, les bottes, le manteau, les ciseaux, tous ces biens personnels qu’on apporte à la grange. Quand on additionne tout, ça représente des milliers de dollars. Le bois qu’on a bûché soi-même coûte pas mal plus cher quand vient le temps de reconstruire. »

Corvée
Lucie Durocher aime bien se définir comme une paysanne fermière, un titre gratifiant, à ses yeux. Sans ambition de grossir son élevage, elle se console à l’idée de ne pouvoir retrouver les dimensions de sa vieille grange « de chevilles de bois ». Au cours de ses 125 ans, le bâtiment a servi successivement de bergerie et d’étable pour les animaux de boucherie avant sa transformation en poulailler en 2008. La productrice avait notamment ajouté des panneaux solaires sur le toit, ce qui devait réduire sa facture de propane d’environ 40 %.

Alors employée à temps complet d’une firme de courtage, Lucie Durocher voyait les exemplaires de la Terre s’empiler dans un coin. D’un numéro pigé au hasard, elle aperçoit une annonce de quota de poulets à vendre, 100 m2, publiée une seule fois. La chance venait de sourire à celle qui s’était limitée jusque-là à la production de 99 poules et poulets.

Son poulet fermier a vite trouvé preneur auprès des membres du Marché de solidarité de Sherbrooke. Ceux-ci ont d’ailleurs offert un solide coup de main au cours de la corvée organisée pour nettoyer les lieux de façon écologique, au lendemain de l’incendie. La productrice a réalisé des économies appréciables en faisant le tri des résidus de l’incendie. Trié, le bois lui a coûté 35$/tonne au site d’enfouissement au lieu des 80 $/tonne habituellement exigés.

« J’ai économisé avec la corvée, reconnaît-elle, et, du coup, ça reste dans l’enveloppe de reconstruction. On a fait ça de façon intelligente. Les wwoofers (voyageurs bénévoles hébergés gratuitement) que je reçois à la ferme m’ont aussi donné un bon coup de main. Avec ces économies et le programme pilote d’appui à la multifonctionnalité de l’agriculture, je peux m’offrir un revêtement de bois traité. »durocher_francais1

 

Stampede
Lucie Durocher a entrepris les travaux de reconstruction au début de l’été. Pas question pour elle d’opter pour un poulailler conventionnel, « un gros maudit conteneur », à ses yeux. Elle a plutôt choisi un bâtiment de style écurie anglaise, avec toit à pignon, comprenant un fenil pour entreposer le foin qui est récolté sur ses 42 acres en culture et qui sera vendu à la troupe Cavalia. Les plans du nouveau bâtiment, gracieuseté de Plans Canada, ont été trouvés dans Internet (www.cps.gov.on.ca).

« Il y avait des fenêtres à mon ancienne grange, confie la propriétaire. Je tenais mordicus à en ravoir. Je n’ai pas besoin d’autant d’espace parce que mes poulets peuvent sortir. Le soleil fait beaucoup de travail. Les poulets se poudrent et mangent des insectes. Quand j’ouvre la porte, c’est un vrai stampede! »

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Lucie Durocher convient que sa régie de troupeau est particulière, jugeant qu’il y a deux écoles de pensée. Elle prend soin de regrouper ceux qui semblent éprouver davantage de difficultés, estimant que son rôle ne consiste pas seulement « à donner de l’eau et à ramasser les morts ».

Autres conseils
À la suite d’un incendie, Lucie Durocher recommande de communiquer le plus tôt possible avec son assureur qui déléguera immédiatement un expert en sinistre. Elle aurait également pu demander l’aide d’un expert indépendant. Il faut en outre prévenir les fournisseurs, Hydro-Québec, sa fédération professionnelle et la municipalité.

Pour le déblaiement et la disposition des débris, les carcasses calcinées notamment, elle a dû vérifier avec la municipalité et le centre d’enfouissement. Dans le cas du déblaiement, elle conseille de confirmer avec l’assureur que les coûts sont bien inclus dans la police.

« Il faut toujours obtenir les autorisations écrites de l’assureur avant de faire quelque chose, souligne-t-elle. De même, il faut conserver une copie de tout document donné à l’assureur. Quand on va me faire une proposition de règlement finale, je vais prendre le temps de consulter une autorité externe, question de ne pas perdre mes droits de recours. »

En ce qui concerne la reconstruction, Lucie Durocher a communiqué avec l’inspecteur municipal. Ce dernier lui a confirmé un droit acquis, sans quoi elle aurait été obligée de déplacer son bâtiment de 150 mètres. Elle a aussi retenu les services d’entrepreneurs locaux, prenant soin de vérifier que ceux-ci étaient bien assurés durant les travaux.