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L’engouement des consommateurs pour des procédés plus écoresponsables ne cesse de croître. Les biopesticides – des agents antiparasitaires issus de sources naturelles comme les bactéries, les champignons, les animaux et les minéraux – constituent une solution de rechange aux produits de synthèse conventionnels. Mais dans une lutte à finir avec des ravageurs toujours plus résistants, est-il possible de concilier bio et rendement?
Selon la Dre Margaret Tuttle McGrath, professeure en phytopathologie et biologie à l’Université Cornell dans l’État de New York, une partie de la solution réside dans une meilleure compréhension des pathologies et des produits employés pour les combattre. « Les biopesticides peuvent remplacer le cuivre, le Mancozèbe et le Chlorothalonil, un pesticide chimique dont l’usage est contrôlé par la Loi sur les produits antiparasitaires au Canada. L’intégration des biopesticides dans un programme de lutte intégrée permet donc de réduire l’utilisation des produits de synthèse et les résidus chimiques sur les récoltes », expliquait la phytopathologiste spécialisée en gestion des maladies de cultures légumières lors d’une conférence présentée dans le cadre des Vendredis horticoles, en décembre dernier.
Des avantages à bonifier
La plupart des biopesticides comportent une faible toxicité pour les pollinisateurs et une courte durée de vie résiduelle. Ils se dégradent rapidement, ce qui limite leur impact environnemental. La majorité présente de courts délais de sécurité, permettant une reprise rapide des travaux au champ. Ils peuvent aussi être utilisés de façon sécuritaire vers la fin du cycle de production. Autre atout considérable : leurs modes d’action complexes contribuent à prévenir le développement d’une résistance.
L’importance d’un programme d’interventions ciblées
Les maladies peuvent être difficiles à maîtriser, surtout lorsque les conditions leur sont favorables. Ici, une formule « concentrée » n’est pas nécessairement plus efficace. Les évaluations faites à ce jour sur les pesticides tendent à démontrer que les modes d’action en alternance ou combinés (par exemple, fongicide à base de cuivre organique et pesticide conventionnel) procurent une meilleure efficacité. Un constat qui n’exclut pas pour autant une approche strictement biologique, à condition d’adhérer à des intervalles de traitement plus rapprochés. Pour François-Gycelain Rocque, agriculteur et copropriétaire de La Marmite du Terroir, l’optimisation commence plutôt par l’agriculture « raisonnée ». Cette pratique qui vise l’atteinte des cibles économiques dans le respect de la nature préconise une utilisation restreinte des interventions en champ, avec le bon produit, au bon moment, par des procédés moins dommageables pour l’écosystème. « En agriculture, la qualité des sols est l’élément le plus important. Réduire l’épandage de produits qui causent un stress végétal est plus respectueux de l’environnement et de la santé humaine. Et les légumes cultivés ont meilleur goût! » affirme M. Rocque.
Des attentes réalistes
Même si la plupart des biopesticides sont approuvés pour la culture biologique, le traitement des maladies bactériennes et des racines, et qu’ils sont en grande partie non toxiques, aucun produit n’est totalement exempt de risque. Certains biopesticides peuvent être néfastes à des organismes utiles; d’autres exigent le port d’équipement de protection lors de l’application. Il est donc impératif de bien comprendre l’action du produit pour en tirer le meilleur parti. Comme il agit par contact, il faut s’assurer d’atteindre le dessous des feuilles pour obtenir l’effet maximal. Le succès se mesure à l’indice de répression, mais il n’y a pas de contrôle absolu. Les biopesticides ne possèdent pas de vertus curatives; ils sont donc plus fonctionnels en mode préventif.
Quel que soit le protocole employé, comprendre les cycles de culture et induire une résistance de la plante aux facteurs pathogènes (environnement, sol, climat, etc.) reste la base d’un programme ciblé, efficace et plus vert.
Pour connaître les biopesticides homologués au Canada et leur contexte d’utilisation, consultez le site CABI, à bioprotectionportal.com/fr/canada.
Nathalie Laberge, collaboration spéciale