Actualités 28 mars 2018

La location d’animaux, une activité méconnue

La location d’animaux de ferme est populaire dans les centres commerciaux pour la fête de Pâques, mais plusieurs éleveurs tirent un revenu intéressant en louant également leurs bêtes lors de fêtes d’enfants, d’expositions agricoles, de journées spéciales et de séances de zoothérapie.

Jérémie Pilon, copropriétaire de la table champêtre La Rabouillère, a même déjà installé une miniferme dans un bureau de Montréal en guise de poisson d’avril. « On constate une augmentation de la demande pour la location d’animaux. On se fait présentement beaucoup solliciter pour différents types d’événements, que ce soit les fermes de Pâques, les cabanes à sucre et autres », indique celui qui élève 500 animaux de ferme sur son site champêtre de Saint-Valérien-de-Milton, près de Saint-Hyacinthe.

Livré chez vous

Près de Québec, l’agriculteur Michael Kelly n’a pas besoin d’investir en publicité. Son concept original Un poney dans ta cour pour ta fête occupe son équipe pratiquement toutes les fins de semaine, de mai à novembre. Il descend de son camion jaune avec poneys, poules, cochons, chèvres et lapins et divertit les enfants directement à leur domicile pendant une heure. « Les revenus sont intéressants, mais il faut en faire beaucoup, car juste pour l’assurance, c’est un coût de 12 000 $ par année », souligne-t-il. En complément aux animaux, il offre différents services comme le maquillage et les jeux gonflables.

Les éleveurs contactés par La Terre font état de prix très variables. Ils peuvent demander 200 $ pour une heure dans une fête d’enfants, 750 $ pour une demi-journée de zoothérapie avec des personnes âgées et 3 000 $ pour une ferme de Pâques dans un centre commercial pendant trois jours ou 18 000$ pour une location clef en main de 10 jours dans un centre commercial.

Éduquer les citadins

À la Mini ferme des petits cowboys, Angie Brière affirme qu’une fois tous les frais pris en compte, il ne reste pas des fortunes. Elle dit faire ce métier pour sa passion des animaux et du public. Thérèse Choinière, du Verger champêtre de Granby, affirme aussi tirer une partie de ses revenus en voyant les enfants s’émerveiller. La présence de ses bêtes dans les centres d’achats s’avère également un bon moyen de promouvoir la cueillette de pommes au verger.

Jérémie Pilon loue plusieurs de ses quelque 500 animaux de ferme pour différentes occasions. Ses protégés sont également les vedettes de son site champêtre La Rabouillère, situé à Saint-Valérien-de-Milton, en Montérégie. Crédit photo : Martin Ménard/TCN
Jérémie Pilon loue plusieurs de ses quelque 500 animaux de ferme pour différentes occasions. Ses protégés sont également les vedettes de son site champêtre La Rabouillère, situé à Saint-Valérien-de-Milton, en Montérégie. Crédit photo : Martin Ménard/TCN

Selon les éleveurs, la location d’animaux rapproche les citadins de la ferme. Jérémie Pilon s’étonne toujours de constater que certains enfants ne savent pas d’où proviennent les œufs. « Nous recevons beaucoup de questions lors des événements, raconte Jérémie Pilon. Notre personnel est formé pour éduquer les gens de la ville, c’est important. C’est aussi de la zoothérapie, car ça fait du bien aux enfants de toucher aux animaux. »

Épuisant

Rendre ses animaux accessibles au public n’est cependant pas de tout repos. « Tu peux lever plus de 200 enfants par jour lors des tours de poney. […] Ce qui use surtout dans les centres commerciaux, ce sont les gens qui se scandalisent pour rien et qui nous disent : “Ça n’a pas de bon sens comme vos chèvres sont maigres. On voit leurs côtes”; ou “Mosus que vos animaux ont l’air tristes”; ou encore, “Il y a de la poussière. Ça sent la merde”. Il faut toujours s’expliquer », mentionne M. Kelly. Il précise que le bien-être animal est pourtant sa priorité, lui qui a développé un lien étroit avec ses bêtes qu’il traite aux petits oignons. Les autres éleveurs contactés ont également souligné tous les gestes qu’ils posent pour s’assurer du bien-être de leurs animaux.

La SPCA dénonce

La location d’animaux fait l’objet de critiques. La Société canadienne pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) dénonce la location d’animaux pour le divertissement. « Les animaux apportés dans les fermes de Pâques subissent un stress. […] Les canetons et les poussins sont très délicats, peuvent être facilement blessés et ne devraient pas être manipulés, surtout par des enfants », fait valoir Anita Kapuscinska, responsable des communications pour l’organisme. En entrevue à La Terre, elle critique aussi la vente d’animaux effectuée par des commerces ou directement par des fermes. « Dans les semaines qui suivent Pâques, on reçoit chaque année plus de 250 lapins abandonnés. Un lapin n’est pas un simple cadeau ni un jouet. Il vit de 8 à 10 ans et a besoin de 4 h de liberté sécurisée par jour », fait-elle remarquer.

Les vétérinaires prudents

L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec considère comme « généralement acceptable » l’utilisation des animaux à des fins récréatives. Aux yeux de l’organisme cependant, les organisateurs d’événements comme les minifermes dans les centres commerciaux à Pâques doivent prendre les moyens nécessaires pour assurer les « cinq libertés » des animaux.

Parmi ces libertés, on retrouve évidemment la protection contre la faim et la soif, mais aussi contre la crainte et le stress chronique. La présidente de l’Ordre, Caroline Kilsdonk, précise ainsi que certaines espèces, comme le lapin, sont des proies dans la nature et n’apprécient pas tellement le fait de se retrouver dans une foire. 

Avec la collaboration de Pierre-Yvon Bégin

 

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