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Très prisée lors des diagnostics résidentiels, la caméra infrarouge fait peu à peu son entrée dans les bâtiments d’élevage. D’un coup d’œil, elle révèle les zones mal isolées, les problèmes de chauffage, les fuites d’air…
« Les gens portent attention à la qualité de l’isolation de leur maison, mais peu d’agriculteurs s’attardent véritablement à cet aspect des choses pour leurs bâtiments de ferme. Pourtant, l’énergie nécessaire au chauffage représente une facture importante en agriculture, sans oublier que certains élevages sont très sensibles aux variations de température », souligne d’emblée Suzelle Barrington, ingénieure et agronome à Consumaj, une firme d’ingénieurs experts-conseils établie à Saint-Hyacinthe. Consumaj réalise des audits énergétiques dans les fermes et possède une caméra infrarouge, également appelée caméra thermique, qui joue un rôle très intéressant.
L’infrarouge révèle des surprises
La caméra infrarouge mesure la température des surfaces, et non celle de l’air. Lorsqu’on la pointe vers un mur par exemple, elle affiche les températures. L’image qu’elle produit se traduit en un dégradé de couleurs; du rouge (les zones les plus chaudes) jusqu’au bleu (les plus froides). « La caméra révèle plusieurs surprises. J’ai vu des murs d’apparence normale, qui comportaient des zones froides à l’écran. Après vérification, l’isolant était compacté, et à d’autres endroits, il était mangé par la vermine », explique David Giard, ingénieur junior chez Consumaj.
En plus des problèmes d’isolation, la caméra infrarouge permet de constater les lacunes de ventilation ou de chauffage, en évaluant la stratification de l’air. En clair, si la caméra indique que le plafond ou le haut des murs se révèle beaucoup plus chaud que le bas, c’est que la chaleur se concentre dans le haut de la pièce, et non au sol. « Nous avons déjà vu des différences de températures très significatives, où le haut de la pièce était de 10 °C plus chaud. Ce phénomène de stratification cause bien sûr des pertes de chaleur, mais surtout, entraîne une mauvaise utilisation de l’énergie. La zone qui doit être chaude, ce n’est pas le plafond, mais le sol, là où se trouvent les animaux, en particulier les poussins », commente Mme Barrington. Une fois détectés par la caméra thermique ou par un thermomètre approprié, les problèmes de stratification se corrigent en changeant des appareils de chauffage inadéquats ou en améliorant la circulation d’air.
« Voir » l’intérieur des murs
La thermographie infrarouge permet de voir littéralement l’intérieur des murs… du moins la chaleur qui s’y trouve ou non! Voilà un outil qui s’emploie avantageusement afin d’améliorer de vieux bâtiments qui accusent des coûts élevés de chauffage. Mais cette méthode est également utile dans les bâtiments neufs puisque, avant de fermer les murs, l’inspection thermique permet de déceler des endroits où les ouvriers auraient oublié d’ajouter de l’isolant. On peut même calculer la véritable valeur isolante « R » du mur et vérifier si elle correspond aux promesses de l’entrepreneur!
Un outil pour les « visuels »
La grande force de la caméra thermique demeure sa présentation très visuelle. « Une fuite d’air ou un manque d’isolant demeurent invisibles à l’œil nu. Mais, avec la caméra, le producteur en voit directement l’effet. C’est très concret comme information », souligne Mme Barrington. Les images thermographiques nécessitent toutefois un certain travail d’analyse afin de fournir des informations pertinentes. « Il faut traiter certaines photos à l’ordinateur. Autrement, elles pourraient conduire à de fausses pistes. Par exemple, une photo affichant une température élevée dans le haut d’un mur pouvait laisser croire en un facteur d’isolation supérieur à cet endroit, mais en vérité, il s’agissait d’un problème de stratification thermique », nuance David Giard.