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Ses chevaux lui obéissent au doigt et à l’œil. Ou plutôt, au simple commandement de sa voix. Véritable phénomène des temps modernes, Paul Chaperon emploie uniquement des chevaux pour cultiver sa terre et son boisé. Impossible d’ailleurs de retenir l’homme en forêt bien longtemps sans ses chevaux.
« J’ai été élevé avec les chevaux et j’aime ça », dit-il simplement pour expliquer sa grande passion.
Le producteur agricole et forestier vit d’ailleurs en paix avec le choix qu’il a fait en 1980 en reprenant la ferme paternelle et en misant exclusivement sur les chevaux. Il a résisté aux doutes émis par plusieurs quant à la rentabilité de son entreprise. « Au point de vue financier, ça va suivre, affirme-t-il avec conviction. Quand tu travailles, l’argent va venir, c’est sûr. Je suis bien avec mes chevaux. »
Installé sur une ferme de Saint-Adrien, à une heure de route au nord de Sherbrooke, Paul Chaperon goûte pleinement son mode de vie. Les chevaux, explique-t-il dans son langage coloré, lui offrent « la paisabilité ». Il effectue tous ses travaux avec la seule force de ses chevaux : labour, semences, récolte du foin, sucres au printemps et débardage du bois en hiver. Bon an, mal an, il récoltera environ 50 000 pieds de bois, dont une quarantaine de cordes de pitoune. Un sous-traitant prend charge de l’épandage du fumier et de la fabrication des balles rondes. Paul Chaperon ne conserve qu’un vieux tracteur Massey 35 pour souffler la neige.
« J’aime ça, la paisabilité, reprend-il. J’aime ce qui est vivant. J’aime aller bûcher à longueur de journée avec mes chevaux, mais pas tout seul. Pour me garder dans le bois, ça me prend un cheval. Tu es obligé de prendre ton temps. Tu es bien. C’est paisible. Je « runne » le tracteur une demi-heure, et ça me tanne. »
Paul Chaperon s’amuse visiblement avec ses chevaux. U et A suffisent à diriger à droite et à gauche son cheval de traie, Dick. Quelques sons avec sa bouche et Dick ralentit ou accélère le pas. Pas facile pour un cheval de se frayer un chemin dans la forêt quand il doit hâler un tronc d’une dizaine de mètres! Avec douceur et patience, Paul Chaperon guide la bête à travers les arbres et les branchailles.
« Une fois qu’ils sont accoutumés, explique Paul, c’est assez facile de se faire écouter. Les chevaux vont passer là où je leur demande. Ils vont me faire confiance en autant que ce que je leur demande est possible. Un cheval, c’est comme un enfant. Tu peux lui en demander, mais il faut aussi le laisser jouer. »
Paul Chaperon a mis deux ans à dresser Dick. Juste pour connaître tous les travaux de la ferme, celui-ci a requis une année entière. Il sait maintenant exactement ce qu’on attend de lui. C’est donc les guides accrochés que Dick ramasse patiemment l’eau d’érable au printemps. Il répond prestement aux commandements sonores de son maître.
« Je taille aussi les patins, confie-t-il. On est capable de tout faire. Je vais à l’atelier et j’en ressors avec les outils que j’ai fabriqués. C’est assez plaisant. »Maître sellier
Parce que les selliers devenaient une perle rare, Paul Chaperon s’est équipé d’un atelier pour fabriquer tous ses attelages de cuir. Ayant appris les rudiments du métier de maréchal-ferrant, il s’occupe lui-même de ferrer ses chevaux. Homme de tous les talents comme bien des producteurs agricoles, il fabrique également ses sleighs.
Paul Chaperon s’est d’ailleurs associé avec l’un de ses trois garçons, Guy. Ce dernier s’occupe principalement d’une scierie afin de transformer le bois récolté dans le boisé familial. À l’aide d’une scierie mobile, une première transformation est effectuée à l’orée de la forêt.
Bûcheron accompli, Paul Chaperon jouit d’une grande réputation dans les Cantons-de-l’Est. D’ailleurs, depuis trois ans, son image sert à mousser le festival du bûcheron traditionnel organisé à Saint-Adrien. À sa cinquième édition en mai prochain, le festival misera encore sur les travaux manuels et les concours d’habileté, tel le lancer de la hache. Au godendart, Paul Chaperon et son fils Guy ont réussi à conserver leur couronne de champions.
Le producteur compte aussi sur le concours de son épouse, Françoise Pilon. En forte saison de travaux, celle-ci prend avec assurance les rennes d’un second attelage.