Actualités 26 septembre 2014

L’hiver et les arbres fruitiers

framboisier_debut

Par Danielle Jacques, agronome, CRAAQ

Que vous possédiez tout un verger ou quelques arbres fruitiers, vous vous croisez les doigts pour qu’ils résistent aux caprices de l’hiver, conséquence non seulement de la variabilité naturelle du climat d’une année à l’autre, mais aussi des changements climatiques. Vous redoutez bien sûr les froids extrêmes et  les  redoux en hiver de même que les gels tardifs au printemps, mais saviez-vous que les automnes trop doux peuvent aussi nuire aux arbres fruitiers?    

Trois périodes sont particulièrement importantes pour la survie à l’hiver des arbres fruitiers : la période d’endurcissement au  froid au cours de l’automne, la saison froide  proprement dite  et la période de réveil au  printemps.

À l’automne, la diminution de la longueur du jour initie la formation de bourgeons terminaux, stoppe la croissance et amorce le processus d’endurcissement.  Celui-ci s’accélère sous l’effet de la diminution progressive des températures et se poursuit  jusqu’au gel.  Au cours de cette période, les  arbres  mettent en oeuvre leurs mécanismes de survie : accumulation de réserves et de sucres dans les cellules pour abaisser le point de congélation dans celles-ci, migration d’une partie de l’eau vers l’extérieur des cellules.  Parce qu’elle court-circuite le processus, une augmentation des températures automnales peut donc nuire à l’endurcissement, ce qui accroît les risques de dommages hivernaux. Au contraire, si l’automne n’est pas particulièrement doux et que le premier gel survient alors que les jours sont très courts, les arbres ont le temps de bien s’endurcir.

En période hivernale, l’exposition prolongée à des températures très froides a  un plus grand impact qu’une exposition pendant un court laps de temps et peut entraîner la dessiccation des cellules. Il faut aussi savoir qu’une perte d’endurcissement est possible lorsque  les températures s’élèvent au-dessus de  0 °C. Les risques de dommages s’en trouveront  accrus si les températures subséquentes descendent bien en deçà du point de congélation.

Enfin, au printemps, puisque la tolérance au froid des arbres fruitiers diminue au fur et à mesure de leur développement, des gels tardifs peuvent causer des dommages importants aux bourgeons floraux.

Nul doute qu’en raison des risques auxquels ils sont exposés, les arbres fruitiers sont appelés à ressentir les impacts des changements climatiques  qui font qu’on n’a plus les saisons  qu’on avait.  C’est dans ce contexte et pour aider le Québec agricole tout entier à s’adapter aux changements  que des chercheurs québécois  ont développé des outils (indices agrométéorologiques) couvrant ces trois périodes et permettant d’évaluer  les risques de dommages hivernaux aux arbres fruitiers et à  d’autres cultures.  Ces indices sont notamment utilisés dans des modèles de simulation des changements climatiques pour prédire les impacts de ceux-ci à long terme.

Pour en savoir plus,  consultez en ligne Indices agrométéorologiques pour l’aide à la décision dans un contexte de climat variable et en évolution publié par le CRAAQ.

Autre liens intéressants
Interprétation des scénarios de changements climatiques afin d’améliorer la gestion des risques pour l’agriculture
Atlas agroclimatique du Québec

CRAAQ_LOGO_COUL1 (1)