Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Plusieurs vignerons québécois ont vécu des moments difficiles depuis leurs débuts. Et certains y ont laissé leur peau. Ou du moins, leurs économies.
À l’instar de toute autre production agricole, celle de la vigne ne se fait pas au hasard. Pour réussir dans le domaine et en vivre, les vignerons doivent maîtriser les techniques permettant d’obtenir un raisin de qualité; Un bon vin se fait au champ, confirme l’adage. Or, les connaissances dans le domaine se sont grandement développées au Québec ces dernières années. Des conseillers spécialisés, des œnologues, des climatologues et des chercheurs accompagnent maintenant les viticulteurs, qui ont développé leurs propres techniques. « Au départ, les producteurs employaient plusieurs méthodes propres aux vignobles européens. Par la suite, certains se sont inspirés des Américains. Aujourd’hui, les vignerons et leurs conseillers ont développé un savoir vraiment adapté à notre terroir, et ça fonctionne », explique fièrement Évelyne Barriault, agronome et conseillère en viticulture au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). De fait, certains viticulteurs atteignent des rendements de 10 à 12 tonnes de raisins à l’hectare, pour une production valant environ 2 300 $ la tonne. « Avec l’amélioration des connaissances, le produit se raffine; la qualité des vins rouges québécois a littéralement bondi. Celle du blanc a aussi progressé. Nous avons maintenant de très belles surprises chaque année », illustre Mme Barriault.
L’amélioration des vignerons en cinq étapes
Le vin québécois est en train de développer sa propre identité. Au-delà des méthodes de vinification, l’amélioration de la qualité est principalement tributaire des cinq éléments suivants :
1- La sélection du site
Auparavant, certains choisissaient d’établir leur vignoble dans un endroit bucolique, sans trop tenir compte de sa valeur agronomique ou climatique. Une grave erreur qui peut facilement être évitée aujourd’hui. « Nous avons conçu une grille d’évaluation du potentiel viticole applicable à tout le territoire québécois. Elle se veut un excellent outil pour aider les gens à choisir un site optimal. Car la vigne performe dans des sols drainés, plus légers, et même caillouteux. Le cumul de degrés-jours, l’élévation du site [qui influence le niveau de gel], l’exposition au soleil; voilà autant de points cruciaux que nous sommes maintenant en mesure d’évaluer », détaille Évelyne Barriault. La grille est accessible gratuitement sur le site Internet d’Agri-Réseau.
2- Le choix du cépage
Les gens d’ici connaissent à présent beaucoup mieux les cépages qui performent en climat nordique. Un centre de recherche situé à Oka étudie le succès de plusieurs variétés, de la vigne jusqu’à la bouteille. Le vigneron peut ainsi se faire conseiller différents cépages, plus adaptés à sa production de vin (rouge, rosé, de glace, etc.), à son nombre de degrés-jour et même aux particularités de son terrain, par exemple à une zone basse, plus sensible au gel.
3- La préparation du site
« J’entends des gens dire que pour faire du bon vin, la vigne doit avoir de la misère. Heu… non, c’est un mythe! » insiste Évelyne Barriault. Les vignerons du Québec, déjà désavantagés en matière de climat, ne peuvent se permettre de négliger les détails. Un concept qui commence dès l’implantation. « Niveler, drainer, chauler, amender le sol et éliminer toutes les mauvaises herbes; ces étapes étaient parfois négligées avant la plantation, question de gagner du temps. Mais en vérité, il est maintenant clairement démontré que c’est l’inverse : prendre les moyens de bien préparer une parcelle apporte des gains de productivité », assure-t-elle.
4- La régie de culture
Les gels hivernaux ou printaniers entraînent parfois de lourdes pertes de rendement sur plusieurs années. De nombreux vignerons ont appris de leurs erreurs et ont investi dans des systèmes de protection contre le gel, certains ayant même installé un ventilateur géant (qui mélange l’air chaud en hauteur à l’air froid au sol). Les viticulteurs ont également pris du galon dans les autres sphères de la régie de culture. Les distances de plantation, la taille, l’effeuillage, le rognage, le désherbage, la lutte aux ravageurs, « ces connaissances-là, on les a de plus en plus, et elles n’ont rien à voir avec ce qu’on faisait il y a 15 ans », souligne Fabien Gagné, des Vignobles Saint-Rémi. La mécanisation des opérations chez les plus grandes entreprises a aussi joué un rôle important en diminuant les coûts d’une main-d’œuvre toujours plus dispendieuse.
5- La récolte
L’expertise permettant de récolter les raisins à leur plein potentiel s’est développée, conduisant à l’obtention du taux de sucre, du niveau d’acidité et des arômes désirés. Le tout, en considérant la période d’aoûtement nécessaire à la vigne. Sans faire l’unanimité, des producteurs ont également élaboré une certification nommée Vin du Québec, qui détermine des critères de qualité tout en garantissant la traçabilité des vins. Des adhérents soutiennent que cette certification a conféré beaucoup de sérieux à tout le processus, du champ à la bouteille.
Bref, la viticulture québécoise, autant artisanale que commerciale, a grandement évolué au plan technique ces dernières années, pour le bien de toute l’industrie.