Le blitz des semis et des transplants maraîchers battait son plein lors du passage de La Terre , le 3 mai, à Saint-Michel, en Montérégie, après un début de saison lent en avril, en raison du froid, de la neige et de la pluie. Pour des producteurs tels qu’Olivier Barbeau, qui aspire chaque année à être le premier à sortir les primeurs d’oignons verts et de radis pour obtenir les meilleurs prix possible, « la course de Formule 1 », comme il l’appelle, est commencée.
C’est la première année que le producteur Olivier Barbeau plante ses oignons jaunes à l’aide d’un planteur prêté par son cousin. Avant, tout était fait à la main. Avec l’outil, le processus est plus lent, mais le travail est mieux fait, dit-il : « À la main, ça aurait pris un jour au lieu de deux pour tout terminer, mais avec la machine, je sauve en qualité. Il y a moins de risques de pertes, parce que ça plante en ligne droite, sans écraser, explique-t-il. Si ça me donne 10 boîtes de plus [en rendement], c’est bon. » Près d’une vingtaine de travailleurs achèvent ici la plantation de deux hectares d’oignons jaunes qui s’est échelonnée sur deux jours. L’agriculteur Olivier Barbeau, de Saint-Michel, a semé ses radis sous bâche tôt dans la saison par rapport à la moyenne, les 8 et 9 avril. Comme la germination a été hâtive, les gels survenus les semaines suivantes auraient pu occasionner des pertes. Grâce à la toile, cependant, les dégâts ont été évités, mais les primeurs arriveront à maturité avec environ une semaine de retard par rapport à ce qu’il avait prévu. Malgré tout, le producteur s’attend à les sortir avant tout le monde. « C’est la terre qui va décider. [Ça dépendra] des sols, de la température. Les toiles aussi doivent être bien posées. » De son côté, Alexandre Guérin, également producteur à Saint-Michel, s’adonnait, avec ses travailleurs, à la plantation d’oignons verts, le 3 mai. Le producteur explique entamer un sprint qui se poursuivra jusqu’au début juin, d’abord pour les oignons verts, qui doivent être semés et plantés tôt afin de profiter du maximum de temps d’ensoleillement avant d’arriver à maturité, puis pour les semis de pommes de terre. « Comme on a seulement deux productions qui se sèment et se plantent une fois dans l’année et qui se récoltent aussi une fois dans l’année, on a deux périodes plus intensives. La prochaine sera au moment des récoltes, en juillet. [Durant tout le mois de juin], on fera plutôt de l’entretien de cultures », témoigne-t-il. Olivier Barbeau mise sur les oignonets, soit des primeurs d’oignons verts plantées tôt dans l’année pour obtenir de bons prix. Cette production, toutefois, requiert beaucoup de minutie et de temps au moment de la plantation qui se fait à la main. Par exemple, si un travailleur ne met pas suffisamment de terre sur la semence et qu’il pleut beaucoup par la suite, comme ç’a été le cas cette année, celle-ci peut se dégarnir, ce qui nuit à la germination. Sur la photo, on aperçoit à gauche des oignonets qui n’ont pas germé, contrairement à ceux de droite. Le producteur anticipe un défi au moment des récoltes pour éviter de briser les tiges, fragiles. Le copropriétaire des Terres maraîchères Barbeau explique avoir déjà pris plus de risques dans le passé pour sortir ses primeurs le plus tôt possible. Il préconise désormais la prudence pour éviter les pertes, surtout dans un contexte où les coûts de production sont en constante hausse. L’agriculteur précise par exemple planter au moins à 3/4 de pouce sous terre, afin de protéger les cultures de possibles intempéries, notamment des gels et du vent. Auparavant, il pouvait planter à 1/2 pouce, car le sol, à cette profondeur, est plus chaud et sec, ce qui accélère la germination et permet d’obtenir de meilleurs rendements, si, bien sûr, la météo est favorable. Le risque de pertes, en contrepartie, est plus grand. Les Terres maraîchères Barbeau embauchent environ 100 travailleurs au total. Le salaire minimum qui vient d’augmenter de 0,75 $ l’heure représente la plus importante hausse en coûts de production pour cette ferme qui préconise des cultures exigeant beaucoup de main-d’œuvre, notamment les radis, le persil, la coriandre, l’aneth, les oignons verts et jaunes et les épinards. « C’est ce qui me fait le plus mal », exprime le producteur Olivier Barbeau, soulignant en revanche que les prix obtenus pour ses primeurs tôt dans l’année l’aident à aller « chercher ses marges ».