Actualités 20 novembre 2014

Les apprentis mécaniciens agricoles

Dans le gymnase de l’ancienne école secondaire Saint-Joseph, à Saint-Chrysostome, les tracteurs, les outils et les tours à souder ont récemment remplacé les ballons et les filets de hockey. Depuis maintenant deux ans, le petit bâtiment au cœur du village de la Montérégie accueille des apprentis mécaniciens agricoles.

À l’intérieur de ce qui sert maintenant d’atelier pour les futurs mécaniciens agricoles, trois élèves du DEP en mécanique agricole désassemblent la cuisse d’un chariot élévateur. À leurs côtés, deux de leurs collègues ajustent un tracteur. « On a 16 élèves qui viennent de commencer leur formation, lance le coordonnateur du nouveau pavillon du Centre de formation professionnelle des Moissons, Gilles Leduc. Il s’agit de notre deuxième cohorte. »

Celui qui dispense notamment les cours de soudure explique qu’il y avait un besoin pour un DEP en mécanique agricole en Montérégie-Ouest. « Notre région est très grande et ce programme ne se donnait qu’à Saint-Hyacinthe, mentionne Gilles Leduc. C’est le milieu qui s’est mobilisé pour mettre sur pied cette école. » Selon l’enseignant, ce sont les producteurs agricoles et les concessionnaires de machineries agricoles qui ont fait pression sur la commission scolaire pour que des mécaniciens soient formés dans la région.

Avec la fermeture d’usines en Montérégie-Ouest, plusieurs jeunes au profil mécanique se retrouvaient sans emploi, raconte-t-il. « Devant l’absence de mécaniciens agricoles, les concessionnaires engagent des spécialistes de l’automobile et les mettent à leur main », soutient le coordonnateur du pavillon. Il ajoute que plusieurs concessionnaires lui envoient directement des offres d’emplois ou de stages. Gilles Leduc précise d’ailleurs que les neuf élèves qui ont obtenu leur diplôme en juin ont décroché un emploi dans le milieu.

Une réelle coopération du milieu
Le milieu agricole de l’ouest de la Montérégie ne s’est pas contenté de faire pression pour que des mécaniciens agricoles soient formés dans leur région. Depuis que le Centre de formation professionnelle des Moissons a redonné vie à l’école Saint-Joseph, qui était orpheline de ses élèves depuis trois ans, les producteurs agricoles, les entreprises et les concessionnaires s’impliquent dans la formation des mécaniciens.

« Nous avons reçu pour 80 000 $ d’équipement de la part des entreprises environnantes, détaille Gilles Leduc. J’ai refusé plusieurs dons par manque d’espace. » L’enseignant note également une grande coopération de la part des producteurs agricoles. Par exemple, certains d’entre eux confient leur tracteur aux apprentis mécanos pour l’entretien. Certains cours sont même dispensés sur le terrain de fermes avoisinantes. « L’an passé, j’ai demandé à un producteur si on pouvait passer voir son semoir, se souvient Gilles Leduc. Il m’a dit : “Pas de problème, prends-le. J’ai justement un champ de soya à semer.” »

En attendant la carte
À l’heure actuelle, les investissements pour l’aménagement de l’école ont été faits par la Commission scolaire de la Vallée-des-Tisserands. Le milieu a aussi beaucoup contribué à la construction des installations. « La municipalité a investi 70 000 $ pour couvrir la cour de gravier, mentionne l’enseignant. Des conseillers municipaux et d’autres bénévoles sont venus nous aider à faire les travaux. »

L’administration du nouveau pavillon du Centre de formation professionnelle des Moissons espère maintenant obtenir la carte permanente du ministère de l’Éducation, qui autorise l’établissement à enseigner le DEP en mécanique agricole. Pour l’instant, elle ne jouit que d’une permission temporaire. La demande a été effectuée; il ne reste plus qu’à attendre la réponse. « On souhaite obtenir cette carte parce qu’elle vient avec des investissements d’immobilisation, exprime Gilles Leduc. Cette somme nous permettrait, par exemple, d’acheter des tracteurs qui possèdent les dernières technologies et des ordinateurs portables pour tous les étudiants. »

Dans l’atelier où s’affairent les 16 élèves du DEP en mécanique agricole, l’heure de la pause a sonné. Les apprentis mécanos se dirigent dans la cour où sont entreposées plusieurs machines agricoles qui attendent d’être assemblées et désassemblées.