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Pour les producteurs, la demande pour les « moches » offre une nouvelle avenue permettant de réduire les pertes. Un marché qui n’est toutefois pas aussi lucratif qu’on pourrait le penser.
Parce que l’offre est limitée, la vente des légumes moches restera toujours un marché marginal. Après tout, l’objectif des maraîchers est de livrer des produits de première catégorie. Les déclassés représentent une part minime de la production, soit environ 10 %, selon André Plante, directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec.
Comme la disponibilité varie selon les saisons et les récoltes, les producteurs ne peuvent garantir un volume d’approvisionnement aux chaînes d’alimentation. « On leur fait signe quand il y a des produits disponibles, explique Pierre Dolbec, vice-président aux ventes et à l’approvisionnement chez Veg Pro International, un producteur de la Montérégie. Les chaînes comprennent bien notre réalité. »
Avant que les moches gagnent en popularité, les producteurs trouvaient des débouchés pour cette marchandise auprès des transformateurs et des banques alimentaires, sous forme de dons (voir encadré).
Les fruits et légumes déclassés ont aussi depuis longtemps la faveur des chefs qui œuvrent dans les hôtels et restaurants. Vendus de 10 % à 30 % moins cher, ces produits leur permettent de réduire les coûts de production dans un secteur où les marges bénéficiaires sont faibles (4,4 % en moyenne, selon Statistique Canada).
Dans le cas de certains légumes, comme les concombres anglais ou les poivrons, les produits déclassés représentent jusqu’à 90 % des ventes chez Hector Larivée, distributeur de fruits et légumes dans le secteur RHI (restauration, hôtellerie, institutionnel). Pour le moment, l’approvisionnement reste stable même si une partie du volume des déclassés est détournée vers les chaînes, selon Guy Larivée, PDG de l’entreprise.
Impact sur les coûts de production
La vente des moches a eu un impact sur les coûts de production des agriculteurs, puisque ces produits doivent maintenant être emballés. Ils entraînent donc les mêmes coûts de main-d’œuvre et d’intrants, bien qu’ils soient vendus moins cher.
Ce nouveau marché a aussi obligé les producteurs à modifier leur chaîne de production. « On a dû changer la configuration de l’usine pour créer une deuxième chaîne d’emballage », explique Annie Riendeau, directrice des ventes au Groupe Vegco. L’entreprise vend ses produits déclassés aux chaînes d’alimentation depuis un an et entend poursuivre l’expérience. « C’est sûr qu’on en retire un revenu supplémentaire qui n’est peut-être pas aussi élevé que certains le pensent étant donné les coûts de production, affirme Mme Riendeau. Pour nous, c’est important de s’adapter à la demande. »
N’est pas moche qui veut Ils sont difformes ou légèrement endommagés, trop gros ou trop petits, ils ont mûri trop vite ou de façon inégale… Plusieurs éléments font en sorte qu’un fruit ou un légume peut être jugé de seconde catégorie. En plus des critères imposés par la réglementation fédérale, les producteurs doivent s’ajuster aux exigences parfois élevées des chaînes d’alimentation pour favoriser la vente, ce qui peut entraîner d’autres rejets. Par exemple, celles-ci préfèrent que, dans un même sac, les carottes soient de taille uniforme, ce qui sera plus attirant pour le consommateur. |
Sylvie Lemieux, collaboration spéciale
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