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C’est la question que L’UtiliTerre a posée à brûle-pourpoint à six producteurs du Québec, toutes catégories confondues.
Un peu, beaucoup, ou ça dépend… Les réponses varient selon le contexte de production.
Daphnée Mailhot
FERME D’HIVER, Brossard
En agriculture verticale, l’ingénierie sophistiquée obtient la cote dans toutes les phases du processus. « Dans les fermes verticales, l’éclairage est une composante de première importance », atteste Daphnée Mailhot, directrice, commercialisation et communication chez Ferme d’hiver. Située à Brossard, cette entreprise où l’on cultive la fraise d’hiver fonctionne en espace 100 % contrôlé. « D’abord, les lumières fournissent l’énergie lumineuse aux plants, une composante essentielle à leur croissance et à la production de fruits. Ensuite, l’éclairage est une source importante de chaleur.
Il faut à la fois contrôler la température pour offrir des conditions climatiques optimales aux plants, mais aussi gérer l’excédent de chaleur de manière efficace. Nos lumières DEL refroidies à l’eau ont été conçues pour récupérer la chaleur excédentaire et la redistribuer dans une serre adjacente. Cela contribue à notre objectif de cultiver davantage de fruits et légumes à longueur d’année », précise Mme Mailhot, qui reconnaît par ailleurs le coût et la valeur de l’investissement. « L’éclairage représente une dépense importante pour tout type de culture intérieure en hiver. Il importe de développer des solutions efficaces afin de tendre vers une meilleure efficacité énergétique et ainsi améliorer la rentabilité de nos opérations. » Une réflexion qui, en fin de compte, s’applique à toutes les productions.
Sylvain Bouffard
FERME S.B.G.B., Dosquet
Cet effet stimulant s’observe aussi en production porcine, quoique d’une autre façon, et l’effet sur le rendement est indéniable. « L’éclairage est très important au niveau de la maternité et de la reproduction », confirme d’entrée de jeu Sylvain Bouffard, copropriétaire de la Ferme S.B.G.B., une entreprise de Dosquet qui se spécialise en élevage de type naisseur. « Il faut avoir des sécrétions d’hormones naturelles en quantité suffisante. Sans éclairage, on n’obtient pas la même performance. On le voit aussi chez les porcelets, avec la production laitière de la mère. Si on n’a pas 16 heures de bonne luminosité par jour, on voit le poids des porcelets diminuer, donc par association, la quantité de lait produite par les truies aura une influence là-dessus. Il y a d’autres facteurs, mais l’éclairage a cet impact-là », explique le producteur, qui a d’ailleurs effectué des améliorations à son installation en ce sens.
René Gélinas
FERME TOMCHYRS, Saint-Boniface-de-Shawinigan
Autre réalité à la Ferme Tomchyrs, qui produit des poulets et des dindons à Saint-Boniface-de-Shawinigan. Ici, on préfère voir la vie en rose, ou bleu, ou vert… À ce sujet, René Gélinas est catégorique. « Quand on a installé des lumières de couleur en 2020, on a vite constaté que la couleur a une grande influence sur les oiseaux! » affirme l’éleveur, dont la ferme possède six poulaillers en gestion d’environnement contrôlée qui produisent près d’un million de volailles par année. « On s’en rend compte quand on fait des changements de couleur, par exemple en ajoutant plus de rose, ou de vert, ou de bleu. On voit que le comportement des oiseaux change avec la couleur. »
Des études démontrent en effet qu’une lumière bleue ou verte serait plus favorable à la croissance des volailles, alors que la lumière rouge aurait plutôt tendance à les stimuler sexuellement. « C’est clair qu’il y a un impact sur le confort et le bien-être des animaux, ça, je peux vous l’assurer. C’est une meilleure qualité de vie pour les oiseaux, mais aussi pour le producteur. »
Kim Côté
FERME BLONDIN, Saint-Placide
Kim Côté, copropriétaire de la ferme laitière Blondin à Saint-Placide, abonde aussi dans le sens de l’impact sur le plan humain. Pour elle, l’éclairage est important pour tout ce qui vit, et cela inclut les humains aussi. « La lumière agit sur le moral des gens qui travaillent dans l’étable. C’est beaucoup plus agréable de travailler dans un endroit lumineux que dans un bâtiment sombre et mal éclairé », convient cette productrice spécialisée en génétique. Située à Saint-Placide, l’entreprise compte six étables qui abritent quelque 200 vaches en lactation et 500 veaux. Mais qu’en est-il des principaux occupants des lieux? « Un éclairage contrôlé stimule les vaches », soutient Mme Côté. « Chez nous, les lumières s’éteignent complètement à 10 h le soir, pour se rallumer automatiquement à 4 h du matin, ce qui fait que les journées des vaches sont toujours pareilles.
C’est important pour les animaux d’avoir un temps de repos complet, sans stimuli. L’éclairage leur procure une stabilité, et on peut maximiser la période de luminosité sans nuire à leur confort et à leur repos », explique la productrice.
Francis Lapointe
PÉPINIÈRE LAPOINTE, Mascouche
Pour le producteur horticole Francis Lapointe, la lumière, c’est une question de momentum… « Pour nous, l’éclairage artificiel est important seulement pour les jeunes semis, particulièrement lorsque les journées sont à leur plus court durant les premiers mois d’hiver. Pour le reste de notre production d’annuelles qui se déroule principalement durant les mois de février à mai où les journées rallongent, il est moins pertinent pour nous d’améliorer la croissance de nos plantes avec des journées encore plus longues grâce à l’éclairage d’appoint. Nos vendeurs principaux sont composés majoritairement de jeunes plants qui s’adaptent bien aux journées un peu plus courtes et nous sommes en mesure d’offrir un produit de qualité supérieure avec la seule lumière du soleil. » Une formule qui semble porter fruit pour le producteur de Mascouche : la Pépinière Lapointe cultive quelque 120 000 pieds carrés de fleurs et plantes, incluant 54 000 pieds carrés destinés à la production.
Mathieu Lemmonier
MAISON DES FLEURS VIVACES, Saint-Eustache
Mathieu Lemmonier, de la Maison des fleurs vivaces de Saint-Eustache, pousse le concept encore plus loin. « Nous n’utilisons que la lumière du soleil », précise l’horticulteur, dont l’entreprise exploite près de 400 000 pieds carrés de culture en serre et produit quelque 850 variétés performantes.
Nathalie Laberge, collaboration spéciale