Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Beaucoup en rêvent, mais très peu y parviennent. Devenir travailleur ou travailleuse autonome, « être à son compte », pour reprendre l’expression consacrée, n’est pas donné à tout le monde. On ne lance pas sa petite entreprise sans avoir pris le temps de faire une étude de marché; sans s’être demandé, avant de s’engager dans cette voie, si on a la discipline, l’énergie et les moyens financiers nécessaires pour atteindre son but. Vivre à la campagne a demandé à Louise Lapointe, unique propriétaire – et unique employée! – de Gestion conseil LL, de nous expliquer son cheminement en 10 étapes faciles à suivre. Citadins souffrant d’insécurité s’abstenir!
La décision
Printemps 2007. Après avoir fondé une coopérative avec deux partenaires, Louise Lapointe, 52 ans, se lance en affaires en solo. C’est dans la maison qu’elle habite depuis vingt ans avec son mari, à Sainte-Adèle, dans les Laurentides, qu’elle établit ses quartiers généraux. Elle veut offrir des services de consultation auprès de clients en entreprise, d’organismes et de municipalités. Elle souhaite donner des formations pointues qui s’adressent à des dirigeants et des employés de bureau. Elle n’est pas une verte recrue dans ce domaine. Pendant une dizaine d’années, elle a donné de la formation aux employés et aux dirigeants des Rôtisseries St-Hubert, au Québec, en Ontario et dans les Maritimes.
Les débuts
Notre travailleuse autonome a fait ses devoirs. Elle se sent prête à foncer. Tout reste à bâtir, cependant. « Il me fallait trouver des clients, monter mon réseau de contacts. Il était surtout important, voire crucial, qu’on sache que j’avais des services à proposer! », dit-elle en souriant. Louise Lapointe tient à son autonomie, même si elle sait qu’elle devra s’entourer d’un solide réseau de professionnels « chevronnés et polyvalents » pour faire rayonner sa petite entreprise de services-conseils et surtout, « pour répondre aux besoins des clients ».
Les coûts de démarrage
Les coûts liés au démarrage sont réduits au minimum. « J’avais déjà mon bureau dans la résidence familiale avec, en prime, l’Internet haute vitesse, un atout considérable qui allait faciliter mes communications », relate-t-elle. Le décor est loin d’être déprimant. De son bureau, entre deux appels téléphoniques, la réception d’une télécopie et l’envoi de courriels, elle peut voir de beaux arbres matures dont le feuillage prend la couleur des saisons. « Il n’y a pas de corde à linge dans ma cour! », blague-t-elle encore.
La stratégie
Louise Lapointe demeure consciente, à ses débuts, que le téléphone ne se mettra pas à sonner demain matin. Elle se doit d’avoir une stratégie, un plan d’action. En plus de voir à la facturation, à la comptabilité et à la rédaction de documents, notre travailleuse, qui aime l’autonomie, se positionne. « Je veux travailler tout en me rendant utile. Je veux choisir mes clients et faire ce que j’aime faire », souligne-t-elle. Par exemple, elle s’assurera que son client sera motivé à suivre sa formation. « Ma meilleure stratégie, c’est qu’on me voie dans l’action. Je m’implique dans des causes bénévoles. Je suis mentor au sein d’un organisme (la Société d’aide au développement des collectivités). »
Les bons conseils
Les débuts se révèlent éreintants. « Ce n’est pas évident. Comment vais-je m’y prendre pour cibler les bons clients ? Quelles sont les personnes ressources qui vont m’ouvrir le chemin? », s’interroge la présidente de la firme-conseil. Elle n’hésite pas à solliciter l’aide de spécialistes. « Je vais dans les 5 à 7 de la chambre de commerce locale, je recours aux services de mentorat offerts par le Centre local de développement (CLD) ou encore la Société d’aide au développement de la collectivité (SADC). Je fonce tête première! », se rappelle notre consultante.
La tarification
La roue se met à tourner. La travailleuse autonome se voit confier des mandats intéressants, mais un peu moins lucratifs que si elle travaillait à Montréal ou dans la grande région métropolitaine. Elle le constate très vite. « C’est difficile à expliquer, mais quand on a son bureau à la campagne, les clients ont tendance à croire que nos coûts d’exploitation sont moins élevés que dans les grands centres. Pourtant, on offre les mêmes services professionnels! »
Le prix de l’éloignement
Il ne faut pas croire qu’avoir son bureau à la maison dans un cadre enchanteur élimine complètement les contraintes des déplacements et les problèmes de congestion routière. Madame la présidente doit, à l’occasion, sauter dans son véhicule pour donner des formations. « Je passe généralement les trois quarts de mon temps à Sainte-Adèle, mais quand je me déplace, je dois faire du kilométrage pour me rendre soit à Laval, soit au centre-ville de Montréal », dit-elle. Avec les hausses répétées du coût du carburant, Louise Lapointe voit ses frais de déplacement exploser à l’occasion. Elle préfère en rire : « J’imagine que c’est le prix à payer pour avoir son entreprise dans les Laurentides, où on peut respirer l’air pur! »
Les horaires de travail
La spécialiste en gestion-conseil, qui a aujourd’hui 56 ans, ne songe pas (encore) à la retraite. On devine bien qu’elle ne se lève pas le matin en comptant les jours qu’il lui reste à travailler avant d’encaisser son premier chèque de pension de vieillesse! Mais elle concède que le fait d’être l’unique employée de sa très petite entreprise lui permet beaucoup de flexibilité. « J’ai toujours voulu travailler à mon rythme et c’est ce que je fais. Ordinairement, ma semaine de travail ne dépasse pas 35 heures », dit-elle. La travailleuse autonome admet avoir fait un choix en fonction de la qualité de vie qu’elle recherchait. « Je pourrais travailler 50 heures par semaine si je le désirais, mais je refuse de me laisser avaler par mon travail », plaide-t-elle.
La rentabilité
Elle l’admet volontiers : la petite entreprise ne fait pas un chiffre d’affaires mirobolant. « Ce n’est pas en travaillant à son compte qu’on s’assure automatiquement de toucher des revenus au-dessus de la moyenne, bien au contraire. Certains y arrivent sans doute, mais j’ai réalisé, du moins en ce qui me concerne, que je ne dois pas miser là-dessus pour devenir riche! », ironise-t-elle. La question monétaire et financière ne figurait toutefois pas sur la liste de ses priorités. « Je savais dans quel projet je m’embarquais. Je ne suis pas déçue », mentionne-t-elle.
Le bilan
Cela fera bientôt quatre ans que Louise Lapointe a lancé sa petite entreprise dans sa maison de campagne. « Je trace un bilan positif de cette jeune expérience. Je constate avec une grande satisfaction personnelle que mon entreprise commence à atteindre sa vitesse de croisière. J’ai la satisfaction de pouvoir dire que j’y parviens, lentement mais sûrement. Mais je sais aussi que d’autres que moi ont eu du mal à concilier la vie à la campagne et le travail à la maison. Ce n’est pas une règle universelle. C’est une question de tempérament », conclut-elle.