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En août dernier, la récolte du chanvre battait son plein à la Ferme Gérard Beauchemin, à Sainte-Madeleine. Stupéfaits par la robustesse de cette plante, les producteurs ont dû faire appel au concessionnaire pour ajuster leur moissonneuse-batteuse. La petitesse du grain détonne avec la taille et la rigidité de la tige. Et les techniciens devaient trouver les bons ajustements pour minimiser les pertes et éviter le bourrage. « Par chance, notre moissonneuse est récente et puissante! » s’exclame Gérard Beauchemin. Dans toute sa carrière, il n’avait jamais battu rien de tel. « Il faut une moissonneuse-batteuse avec tapis. En plus d’un grand convoyeur, sinon ça bourre », ajoute son gendre René-Carl Martin.
Aux aguets, Gérard Beauchemin avançait lentement dans le champ de chanvre. En raison du volume de végétation engouffré, la moissonneuse-batteuse se déplace à 1,5-2,0 km/h. Au centre de la parcelle d’une dizaine d’hectares, le chanvre mesure trois mètres. Pour minimiser les pertes, la barre de coupe est levée à plus de un mètre du sol.
Deuxième chance pour le chanvre
Le retour du chanvre dans les champs émane d’un groupe de quatre producteurs du Québec et de l’Ontario : Luc Fontaine, Robert Malouin, Marc Bercy et Reuben Stone. Luc Fontaine, de la Ferme Promarc, avait été pressenti pour cultiver du chanvre en 1998. À ce moment, cette culture l’enchante, mais il n’y a aucun débouché pour sa récolte. En Ontario, Marc Bercy et Reuben Stone cultivent du chanvre depuis sept ans. « Ensemble, les quatre producteurs ont créé Uni Seeds Inc. L’objectif est de développer la culture du chanvre », précise Zoi Georgoulogiannis, responsable de la recherche et développement pour la Ferme Promarc.
Le printemps dernier, le groupe a convaincu une quinzaine de producteurs québécois de faire un essai de chanvre sur des superficies allant de 5 à 10 hectares en moyenne. « Près de 200 ha au total », précise Zoi Georgoulogiannis.
Uni Seeds souhaite établir une régie de culture. Au CÉROM, Olivier Lalonde, coordonnateur du Réseau des plantes bio-industrielles du Québec (RPBQ), travaille aussi à définir une régie adaptée aux réalités québécoises. Cet automne, ils vont mettre en commun leurs observations afin de faire avancer la cause du chanvre. « On vise 1,8 tonne à l’hectare. C’est tout à fait réaliste comme rendement, le potentiel est là », juge Zoi Georgoulogiannis.
Les résultats sont moindres cette saison car, comme dans toute nouvelle culture, il y a des ajustements à faire du côté de la régie. « Est-ce préférable de semer vers la mi-mai ou la mi-juin? » donne en exemple Zoi Georgoulogiannis.
D’entrée de jeu, on connaît les réponses à plusieurs autres questions. Le chanvre préfère les sols drainés et non compactés. Il est peu compétitif contre les mauvaises herbes en début de saison.
Uni Seeds offrait aux producteurs des contrats où il s’engageait à acheter la totalité de leur récolte à un prix déterminé. Au battage, l’humidité du grain teste 20 à 25 %. « Rapidement, il faut ventiler le grain, le bouger afin qu’il ne s’agglomère pas. Certains producteurs l’ont séché, car il faut abaisser le taux d’humidité à 8 % », précise Zoi Georgoulogiannis, qui ajoute : « La majorité des producteurs nous ont dit vouloir tenter l’expérience de nouveau la saison prochaine. »
Longue vie au chanvre!
Saviez-vous?
Les variétés de chanvre cultivées pour l’alimentation humaine ou pour usage industriel ont une teneur en THC (substance hallucinogène) pratiquement nulle. Le pollen de ces variétés rendrait stériles les plants cultivés illégalement.
Montrer patte blanche
Cultiver du chanvre comporte certaines exigences, notamment de soumettre une demande de licence à Santé Canada. « Il faut cultiver une superficie de 5 ha au minimum et d’un seul bloc, avoir un casier judiciaire vierge et fournir les coordonnées GPS du champ », spécifie Zoi Georgoulogiannis.
Suivi agronomique du chanvre par le CÉROM
« En 2011, le CDL de Marguerite-d’Youville a approché le CÉROM pour effectuer le suivi agronomique d’un projet de diversification des cultures avec le chanvre pour les producteurs de pommes de terre de Saint-Amable, à la suite de la crise du nématode. Un deuxième site s’est ajouté au printemps à Verchères », explique Olivier Lalonde, coordonnateur du Réseau des plantes bio-industrielles du Québec (RPBQ).
Le chanvre peut être cultivé à deux fins : pour le grain ou pour la fibre. Les recommandations associées à la régie des plantes bio-industrielles proviennent des États-Unis ou d’ailleurs. Ainsi, ces recommandations ne sont-elles pas toujours adaptées aux conditions du Québec. Le RPBQ a notamment comme objectif de les valider sous des conditions de production québécoises.