Actualités 8 octobre 2014

Le plus grand lancement de l’histoire de John Deere

1 (3)2 (2)3 (2)4 (2)5 (1)6 (1)7 (1)8 (1)9 (1)10 (1)111213

C’était le festival des superlatifs à Indianapolis, alors que le manufacturier John Deere lançait sa flotte de nouvelles machines agricoles pour l’année 2012. Plus de puissance, plus d’efficacité, plus d’espace et de confort, bref, les tracteurs et batteuses qui ont volé la vedette les 24 et 25 août dernier visent à répondre aux besoins d’une agriculture qui, aux yeux du fabricant américain, a le vent dans les voiles.

L’explosion démographique mondiale et la forte demande de céréale pour la production de biocarburant représentent, selon les porte-parole de John Deere, les deux leviers sur lesquels s’appuiera principalement l’essor de l’agriculture en Amérique du Nord. « Nous sommes optimistes face à l’avenir », déclare d’entrée de jeu Barry E. Nelson, directeur des relations avec les médias, qui supervisait la venue des journalistes d’une centaine de publications nord-américaines spécialisées en agriculture, dont L’Utili-Terre. « On comptera neuf milliards d’humains sur terre en 2050, et c’est en grande partie sur nos épaules, en Amérique du Nord, que repose la responsabilité de leur offrir une nourriture de qualité », prévoit-il. Pour répondre à la demande, l’entreprise à l’emblème du chevreuil affirme que les producteurs agricoles devront doubler leur productivité dans l’intervalle.

C’est cette course à la performance qu’illustrent les nouveaux modèles John Deere 2012. Il s’y trouve certes de la machinerie convenant au segment de l’agriculture spécialisée ou destinée aux fermes de petite taille, mais les vedettes de ce dévoilement ont sans contredit été les grosses machines.

Des tracteurs plus puissants

Premier exemple de cette augmentation de la puissance, la nouvelle série 6R, remplaçant les 7430 et 7450. Les trois modèles proposés dans cette famille offrent de 170 à 210 chevaux au moteur. En concordance avec cette augmentation de cylindrée, la pompe hydraulique a été remplacée par un modèle d’un débit 41 % supérieur, ce qui se traduit par une meilleure capacité de levage. La barre de tire et le montage de la prise de force ont aussi été haussés d’une catégorie. La cabine a été redessinée, offrant 20 % plus d’espace à l’opérateur.

La motorisation repose sur le moteur 6.8 litres PowerTech, en version PVX ou PSX, selon les modèles. Tous répondent aux normes environnementales. Au chapitre des transmissions, l’agriculteur pourra choisir entre plusieurs options, dont la transmission IVT ou l’AutoQuad Plus ECO.

À notre retour, nous avons joint à son bureau Pierre Fortier, directeur des ventes agricoles chez Les Équipements Laguë, qui revenait tout juste de la présentation des nouveaux modèles, afin d’obtenir ses impressions. Il nous résume ainsi ses réactions sur la nouvelle série de tracteurs 6R. « C’est un tracteur qui génère une puissance très intéressante tout en demeurant assez léger. Pour nos producteurs, il s’agira d’un outil à tout faire. Je prédis que près de 50 % des tracteurs de cette série que nous vendrons seront commandés avec un chargeur frontal », estime M. Fortier. Ce dernier a aussi apprécié la cabine reconfigurée. L’ergonomie a été revue, notamment pour déplacer les contrôles vers la droite. Un des intérêts de cette approche se trouve dans le fait que la cabine devient davantage similaire à celles des autres tracteurs de la famille John Deere. L’opérateur peut donc plus facilement s’adapter d’un véhicule à l’autre.

De la famille 6R, nous faisons directement le saut à la costaude série 9R et sa jumelle chenillée 9RT. Notons que la série 7R a été brillamment présentée en avant-première dans notre édition précédente, sous la plume habile de notre journaliste Martin Ménard, alors que la série 8R, redévoilée à Indianapolis, a été introduite l’année dernière.

Nous parlons ici de tracteurs de forte puissance se déclinant en cinq modèles sur roues et trois sur chenilles. En raison de leur taille impressionnante, ces tracteurs ne devraient effectuer qu’une percée modeste sur notre marché. Toutefois, soulignons les innovations, comparées notamment à la série 9030 introduite en 2007. On note évidemment un rajeunissement de l’enveloppe extérieure, plus en phase avec les autres membres de la famille de tracteurs. Mais la différence principale se cache sous le capot, la où on trouve le nouveau moteur PSX de 13.5 litres offrant, selon la version, de 410 à 560 chevaux. Le modèle 9360 est activé par le moteur de 9 litres. Tous ces moteurs sont Interim Tiers4, la technologie d’élimination des particules reposant sur un brûlage des gaz d’échappement. Deux transmissions sont proposées, soit la version toute manuelle à 24 vitesses ou la transmission PowerShift à 18 vitesses. Cette version est aussi dotée d’un système de gestion de l’efficacité qui permet à l’opérateur d’ajuster la vitesse par une molette sur le levier de transmission. Le système de gestion se chargera ensuite par lui-même d’obtenir la meilleure combinaison par rapport à l’effort demandé, afin d’économiser le carburant. En passant, sachons que sur roues, ces colosses peuvent atteindre les 40 km/h en mode transport! On leur a ajouté des sorties d’huile à l’arrière, jusqu’à six en option. La prise de force arrière est livrable en option. Les barres de relevage ont une capacité de 20 000 livres. Ici aussi, la cabine a été repensée, offrant 10 % plus d’espace et quatre fois plus de rangement. Plusieurs options d’ordinateurs embarqués et d’afficheurs sont offertes, tout comme un siège tout confort à suspension Active Seat.

Les plus grosses batteuses vertes

Un des faits saillants de cette présentation a indéniablement été les toutes nouvelles moissonneuses-batteuses de la série S, notamment la S690, la plus puissante jamais commercialisée par John Deere. Cinq modèles seront disponibles pour la saison de récolte 2012. Au début de la gamme, la S550 affiche 271 chevaux alors que sa grande sœur, à l’autre extrémité du spectre de puissance, annonce 543 chevaux. Cette dernière marque l’entrée du fabricant dans la classe 9 des moissonneuses-batteuses. En fait, la S690 et le modèle la précédant, soit la S680, ont été spécifiquement conçus pour accueillir les nouveaux nez cueilleurs de la série 600, d’une largeur de 35 ou 45 pieds, dans les petites céréales et le soya, et de 16 ou 18 rangs, en version nez à maïs. Cette combinaison à haut rendement vise les producteurs aux grandes superficies.

« Nous sommes rendus là! s’exclame Pierre Fortier, lorsque nous lui demandons le potentiel de cette nouvelle batteuse sur notre territoire. Ce que je trouve particulièrement intéressant, c’est comment les capacités de la batteuse en matière de puissance et de traitement de la récolte sont parfaitement adaptées à l’alimentation par les nouveaux nez. Avec cette catégorie de machines, la puissance permet de recevoir un nez 16 rangs pour en tirer le maximum. Il n’est pas souhaitable de mettre un nez trop petit sur une moissonneuse-batteuse très puissante, ou l’inverse. Ici, on est arrivé à un équilibre qui va plaire aux producteurs qui ont de grandes terres à fort potentiel de rendement. »

La mécanique interne des représentantes de la série S a été revue en profondeur. L’unité de criblage a été repensée pour en augmenter la capacité d’un tiers. Un rotor d’appoint est offert en option pour un traitement des résidus de paille. Le battage et la séparation du grain sont aussi améliorés de près de 10 %. Conséquemment à cette récolte accélérée, la trémie peut contenir jusqu’à l’équivalent de 3200 gallons de grain et la vidange se fait au rythme de près de 30 gallons la seconde.

Les quelque cent journalistes nord-américains réunis à Indianapolis ont aussi pu voir la toute nouvelle cabine qui servira de poste de contrôle de ces monstres mécaniques. C’est, nous expliquent les concepteurs, la première véritable nouvelle cabine de batteuse depuis 1989. En conférant 30 % plus d’espace à l’opérateur, on lui accorde aussi une visibilité améliorée, surtout latéralement, un angle de vue critique dans les opérations de déchargement. Les contrôles ont été repositionnés de telle façon que de la main droite, on peut contrôler le levier de transmission, les spécifications du battage en utilisant un clavier ou un écran tactile, et suivre de l’œil la performance de la machine en consultant un écran vertical placé sur le montant de la cabine.

D’un point de vue plus anecdotique, c’est le petit réfrigérateur, placé sous le siège du passager, qui a attiré le plus l’attention durant la présentation. « Quand on passe de longues heures à récolter, c’est agréable d’avoir à portée de main une boisson fraîche ou un sandwich sans avoir à s’encombrer d’une glacière », a commenté un représentant de la compagnie.

Nous devons glisser un mot sur les nez cueilleurs, qui complètent cette nouvelle série de moissonneuses-batteuses. L’objectif déclaré de John Deere en ce qui concerne cette importante pièce d’équipement était de la rendre plus performante, mais aussi plus fiable que les modèles précédents. La série 600 des nez à maïs se décline en versions 6, 8, 12, 16 et 18 rangs. En option, ces nez peuvent être dotés de hache-résidus, dont l’activation est commandée de la cabine. Tous les modèles sont offerts avec un contrôle de hauteur plus précis.

En ce qui concerne la table à soya, l’innovation prend la forme du modèle 600FD HydraFlex, un changement majeur. Comme son nom l’indique, cette table, offerte en version 35 ou 40 pieds, est flexible pour suivre le relief des champs, comme un rasoir le ferait sur un visage. L’alimentation se fait par deux tapis mobiles. « Je trouve cette technologie très intéressante, commente M. Fortier, des Équipements Laguë. Lors de la récolte du soya, ce sont souvent les fèves les plus proches du sol qui représentent le profit. Avec une table de ce type, on peut récolter au ras du sol, sans perte. Je pense que nos producteurs céréaliers vont apprécier cette innovation. »

Système de synchronisation batteuse-tracteur

À l’instar de ce qu’introduisait il y a quelques mois Case IH, la compagnie John Deere a dévoilé à son tour un système de synchronisation entre la moissonneuse-batteuse et les tracteurs qui tirent les voitures à grain. Ce que nous ont expliqué les spécialistes de John Deere est que la moissonneuse-batteuse peut passer près de la moitié du temps à vider sa trémie. Lors d’un déchargement, la batteuse peut continuer à récolter en prenant le contrôle du tracteur qui vient se positionner à ses côtés. L’opérateur du tracteur peut alors abandonner le contrôle de sa machine, qui suit automatiquement la batteuse durant le déchargement de sa trémie.

Avec le système de communication optionnel, la batteuse peut même envoyer un signal à toute la flotte de tracteurs pour aviser les opérateurs du moment estimé où elle devra vider sa trémie. On permet ainsi une utilisation optimale de l’équipement, éliminant les temps d’attente. De plus, la synchronisation des machines réduit le stress des opérateurs moins expérimentés. Il faut spécifier que la largeur des nez augmente le risque d’accrochage lorsque l’opération n’est pas synchronisée. Ce système de précision est compatible avec la nouvelle série S de batteuses et sur les tracteurs de la famille des R.

Nous reviendrons dans une édition subséquente sur certains des systèmes logistiques proposés par John Deere. Non seulement pour l’agriculture de précision, mais aussi sur le suivi logistique de la flotte ou encore l’analyse informatique de la performance des équipements.