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Les frères Thomas et Rès Brauchi ont fait le grand saut : ils abandonnent la production laitière pour se consacrer à celle du foin de commerce. Les dernières vaches viennent tout juste de quitter l’étable de la Ferme Brawer, aux limites de Victoriaville et Warwick, dans le Centre-du-Québec. Le bâtiment deviendra ainsi le troisième entrepôt à foin de l’entreprise.
« On s’est rendu compte qu’on aimait beaucoup faire du foin, explique Thomas Brauchi. La ferme a été construite par notre père il y a 30 ans cette année et pour poursuivre la production laitière, il aurait fallu faire des investissements importants. Rès et moi n’étions plus motivés à continuer dans la production laitière. Nous avions tous les deux lea goût de nous spécialiser dans la production de foin de commerce. On a donc décidé de faire le grand saut. »
Plutôt que d’investir dans l’agrandissement des installations laitières, l’achat de robot et de quota, les deux frères ont opté pour l’acquisition de nouvelles terres et d’équipements comme des presses plus performantes. Il y a aussi cet impressionnant accumulateur de balles qui en agglomère 21 pour former un ballot plus facile et plus rapide à charger et à décharger dans les remorques, puisque le foin de la Ferme Brawer prend la direction de la Nouvelle-Angleterre et de la Floride.
« Avec ce nouvel équipement, il nous faut deux fois moins de temps pour remplir une remorque avec moins de risque d’incidents », indique Thomas Brauchi.
C’est sans compter la construction en 2016 et 2018 de deux nouveaux entrepôts d’une superficie de 800 mètres carrés chacun (environ 40 mètres sur 17 mètres) et pouvant abriter environ 28 000 balles.
La pièce maîtresse reste l’imposant séchoir avec ses deux cellules de séchage capables de recevoir 8 000 balles chacune, des installations construites il y a 10 ans alors que rien encore ne laissait encore entrevoir la fin de la production laitière à la ferme.
Un changement de cap… annoncé
Aux dires des deux frères, le changement de cap dans la production de l’entreprise se préparait depuis quelques années. Les fondations de ce changement ont été posées en 2010, lorsque les Brauchi sont allés en Europe visiter des fermes disposant d’installations de séchage de foin dans le but de rendre leurs opérations plus performantes, d’accroître la qualité de leur fourrage et conséquemment, de leur lait.
Dès son retour au Québec, la famille a planché sur la construction d’un vaste bâtiment de 540 mètres carrés consacré au séchage, où circule une chargeuse sur pont roulant pour faciliter la manutention du foin. Chacune des deux cellules de séchage a été reliée à un puissant déshumidificateur de 40 forces. Total de l’investissement en 2012 : presque 500 000 $.
« Il a fallu s’ajuster avec le temps, explique Thomas Brauchi. Au début, nous séchions le foin en vrac, mais les ventilateurs n’étaient pas assez puissants. Ils ont été changés après deux ans. Puis, on s’est rendu compte qu’on avait une meilleure efficacité avec le foin en balle et la manutention était plus facile. Maintenant, tout le foin qu’on produit passe au séchage, ce qui nous assure une qualité uniforme. »
Les balles sont déposées sur un plancher en treillis de métal qui se trouve à un mètre du sol. En moyenne, elles mettront trois jours à obtenir un taux d’humidité oscillant entre 9 et 11 %.
Croissance soutenue
L’été 2022 sera donc le premier au cours duquel les frères Brauchi n’auront pas de bêtes à soigner ni à traire. Ils pourront donc se consacrer entièrement à la production de foin et ils espèrent bien sortir de leurs champs environ 90 000 balles. Il s’agirait alors d’une augmentation de 25 000 balles par rapport à l’an dernier. Et la production devrait continuer à croître, notamment grâce à la récente acquisition d’une nouvelle terre de 65 hectares.
« On va y planter du blé et du soya ce printemps, et on devrait la semer en prairie à l’automne », explique Thomas Brauchi.
Cette nouvelle superficie s’ajoute aux 240 hectares que cultivent déjà les deux frères, en plus des 25 hectares loués et du foin acheté à d’autres producteurs des environs. Le cap des 100 000 balles commercialisées par la Ferme Brawer pourrait donc être franchi dès l’an prochain.
De plus, les deux frères pourraient avoir résolu le problème du transport de leur production vers les États-Unis, une situation qui devient épineuse en raison de la pénurie de main-d’œuvre chez les transporteurs. Thomas obtiendra son permis de routier prochainement, comme son frère Rès, qui est déjà sur la route pour faire les livraisons en territoire américain.
La technologie mise à profit
Les frères Rès et Thomas Brauchi demeurent à l’affût des développements pour améliorer les performances de leurs installations. Plus encore, ils les provoquent, comme ils l’ont fait avec le nouveau système de suivi du processus de séchage récemment installé dans les cellules de déshumidification, qui sera mis à l’essai au cours des prochains mois.
« On sera en mesure de suivre les performances de nos opérations en temps réel », explique Thomas Brauchi.
Téléphone en main, le jeune producteur explique comment l’application reliée aux capteurs installés dans les cellules de séchage recueille les données sur l’air ambiant, l’air chaud et sec et l’air humide.
Le système a été mis au point par Novations AGL, à la demande des frères Brauchi. L’entreprise de Saint-Charles-sur-Richelieu conçoit des unités mobiles de séchage de foin munies de la technologie permettant de suivre le processus en temps réel et d’enregistrer les données aux fins de suivi et de comparaison.
« On a adapté notre technologie pour l’employer dans un bâtiment comme celui des Brauchi, explique Germain Lefebvre, de Novations AGL. On pourra ainsi savoir ce qui se passe dans le processus de séchage, apprécier l’efficacité. On a hâte d’avoir analysé les données récoltées pour comparer les performances des installations. »
Les concepteurs ont espoir que ce projet pilote ouvre la voie à l’utilisation de leur technologie numérique dans les exploitations agricoles disposant d’installations de séchage permanentes, que ce soit pour le foin ou d’autres végétaux.
Ce texte a été publié dans l’édition de mai 2022 du magazine L’UtiliTerre.