Actualités 28 août 2014

Le géant brésilien devenu importateur d’éthanol

a9c0ed96ec37c7d1a6e32b974147a2da

Les Brésiliens sont gourmands en éthanol et les usines, incapables de suivre la demande.

Devenir l’Arabie Saoudite du biocarburant et conquérir les pompes américaines est un vieux rêve du Brésil. Voilà qu’après 30 ans, les Américains ont levé les barrières contre l’éthanol brésilien.

C’est toutefois une victoire sans carburant. La production étant insuffisante, le Brésil est même devenu importateur. Ironiquement, les États-Unis sont le principal fournisseur. Le Brésil a pourtant toujours été considéré comme ayant un des meilleurs potentiels de devenir un des grands fournisseurs de biocarburant.

Les Américains n’ont pas à craindre d’être inondés par le carburant tropical, révèle José Carlos du consultant MBAgro. « Nous avons une pénurie d’éthanol. Difficile donc de penser à une hausse des exportations à moyen terme. » L’influente Union de l’industrie de la canne à sucre (Unica) se réjouit de l’abolition des tarifs. Adhemar Altieri, son directeur des communications, indique qu’un boom dans les exportations n’est cependant pas pour bientôt. « Il faut d’abord approvisionner notre marché. »

C’est que les Brésiliens sont gourmands et les usines incapables de suivre la demande. « Nous avons donc dû nous tourner vers les Américains pour épancher notre soif », confirme M. Altieri.

Trois facteurs expliquent la difficulté des distilleries brésiliennes : une baisse de la production à cause de sécheresses et de gel, le manque d’investissements dans de nouvelles plantations et la forte croissance des ventes des voitures Flex-Fuel (90 % de la flotte), un moteur qui fonctionne à l’essence et à l’éthanol.

« Le mauvais climat et la crise financière de 2008 ont surpris les compagnies au beau milieu de leurs ambitieux projets d’expansion. Soudainement, le crédit n’était plus disponible et elles ont arrêté d’investir dans de nouvelles cultures », explique José Carlos. La canne à sucre doit être replantée chaque 5 ou 6 ans et prend 1 an et demi pour atteindre sa maturité. En même temps, la demande pour le carburant ne cessait d’augmenter à mesure que l’économie croissait.

Les spécialistes calculent qu’il faudra encore quelques années avant de stabiliser l’offre. Selon l’Unica, si le Brésil veut fournir au moins 50 % des voitures bicombustibles, et maintenir sa position de chef de file de la production sucrière – il fournit 50 % du sucre consommé au monde – il doit installer d’ici 2020, 129 nouvelles usines. Tout à fait réalisable, assure Adhemar. « On en a construit plus de 100 entre 2003 et 2008. »