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Le cahier Grains a interviewé 12 semenciers et vous présente leurs témoignages sur les deux céréales à paille ou canolas qu’ils jugent les plus prometteurs pour l’année 2022. Vous pouvez aussi consulter les détails techniques sur ces hybrides en vous rendant à https://www.laterre.ca/canolas-prometteurs-2022.
Marc Saumure, de Prograin
Un vieux pommier ne donne pas de vieilles pommes et c’est avec conviction que Marc Saumure propose pour 2022 des valeurs sûres chez Prograin, deux variétés parmi les plus vendues par ses représentants. « L’AC Brio est un blé panifiable vitreux roux de printemps qui est sur le marché depuis une quinzaine d’années, souligne le directeur de territoire qui dessert l’est de l’Ontario, l’Outaouais et la région de Mirabel. C’est une variété que je recommande principalement en plante-abri pour établir des luzernières, du trèfle et des graminées puisqu’elle a cette capacité d’avoir une très bonne tenue. » Commercialisée aussi depuis près de 15 ans, l’orge Chambly à six rangs à maturité mi-tardive est reconnue pour sa tolérance à la verse, son excellent rendement avec de gros grains et une longueur de paille moyenne. « Elle est toujours là, bon an mal an », recommande Marc Saumure, qui ajoute qu’aux essais du Réseau Grandes Cultures du Québec (RGCQ), l’orge Chambly et le blé AC Brio ne figurent pas au sommet pour ce qui est du rendement. « Cela s’explique par leur longévité sur le marché. Une nouvelle variété va toujours avoir un rendement supérieur par rapport à celles qui comptent plusieurs années de référence. C’est une question mathématique », conclut-il.
Sylvain Chabat, de Pedigrain
Gestionnaire de compte chez Pedigrain, Sylvain Chabat propose deux nouveautés pour la prochaine saison. « Minestro est un blé panifiable de printemps un peu plus hâtif (88-90 jours) que les autres variétés de notre portefeuille, Topaze et Memphré (93-95 jours). Ça va nous permettre d’aller un peu plus au nord du Québec, dans les régions deux ou trois. C’est aussi un blé qu’on peut proposer en mélange. Il a par exemple une maturité proche de celle du pois fourrager », explique l’agronome. Doté d’une très bonne résistance à la verse et à la fusariose, Minestro propose un excellent rendement avec des grains ayant un poids volumétrique important. Lancé l’an dernier à petite échelle, Waterloo prendra véritablement son envol en 2022, prévoit Sylvain Chabat. Cette orge à six rangs cultivable dans toutes les régions du Québec a offert le meilleur rendement en grains de toutes les orges testées au RGCQ. « Elle atteignait plus de 100 %, voire de 105 % des rendements relatifs. C’est une orge qui va offrir de très bons rendements en grains avec un poids spécifique au-dessus de la moyenne. »
Mylène Désautels, de Synagri
Experte en céréales chez Synagri, Mylène Désaultels propose pour 2022 un blé et une orge. « RGT Presidio est un blé tardif (90 jours) adapté à la régie haute performance avec fertilisation fractionnée et fongicides », explique l’agronome. Comme il est sensible à la fusariose, il est recommandé d’employer un fongicide au stade de la feuille étendard, puis à celui de l’épi. Dans les champs, RGT Presidio pourra offrir un rendement allant de 2 à 2,5 tonnes à l’acre avec des taux de semis de 425 grains par mètre carré et des doses d’azote de 125 à 150 kg à l’hectare. Comme second choix, la représentante de Synagri vante les mérites de l’orge nue Bastile. « Elle a été développée pour les besoins en nutrition animale. Elle fait bien dans toutes les zones, mais on la recommande dans les régions où les unités thermiques sont faibles. Elle peut ainsi remplacer le maïs-grain dans les zones plus nordiques, comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Et contrairement aux orges couvertes, elle offre une bonne résistance à la fusariose de l’épi », précise l’agronome. Avec un taux de semis de 415 à 485 grains par mètre carré et un apport en azote de 80 à 110 kg par hectare, on peut prévoir un taux de rendement de 1,5 à 2 tonnes à l’acre, conclut-elle.
Malorie Aubé, de BASF
Chez BASF, on propose pour 2022 deux nouvelles variétés de canola dotées de gènes de résistance contre la première génération (InVigor L340PC) et la deuxième génération (InVigor L343PC) de la hernie des crucifères. « C’est une maladie particulière, avec des mutations qui font apparaître de nouveaux pathotypes. Avec la hernie des crucifères, il n’y a aucun traitement. Nos deux nouveautés sont des outils pour limiter la propagation de la maladie dans les champs », fait valoir Malorie Aubé, responsable au développement technique. « Le InVigor L340PC vient remplacer le L345PC de notre portefeuille. Il est doté d’une technologie brevetée de réduction de l’égrenage. C’est vraiment similaire comme rendement, mais il offre une meilleure tenue contre la verse. » Quant au InVigor L343PC, l’agronome le recommande pour amorcer un troisième cycle de culture. « Si j’ai observé de la hernie des crucifères dans mes champs avec ma variété de première génération, j’y vais avec celui-ci. Contrairement à notre hybride de deuxième génération précédent (L234PC), celui-ci est un peu plus tardif et va convaincre les producteurs qui hésitaient parce que les rendements n’étaient pas nécessairement à la hauteur de ce à quoi ils étaient habitués », ajoute Malorie Aubé.
Stéphane Pépin, de Agri-Marché
Conseiller aux ventes végétales chez Agri-Marché, Stéphane Pépin propose pour 2022 une orge brassicole (AAC Connect) et une avoine couverte (Richmond). « À près de 600 $ la tonne présentement, le marché favorise la production d’avoine. Je prévois qu’il y en aura beaucoup dans les champs cette année et Richmond va remplir les attentes. C’est d’autant plus vrai que c’est une culture qui demande peu de fertilisation, bien moins que le blé ou l’orge » souligne-t-il. Très performante dans les régions périphériques comme le Centre-du-Québec, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, le Témiscamingue et le Bas-Saint-Laurent, l’avoine Richmond se distingue pour sa résistance à la rouille, son excellente tenue et sa généreuse production de paille. C’est aussi le cas de l’ACC Connect, une orge brassicole qui permet de diversifier ses cultures tout en offrant la possibilité de revenus supplémentaires. « C’est une orge qui offre les mêmes rendements que les orges animales, mais si tu satisfais les critères de qualité, tu vas chercher une profitabilité accrue avec ces marchés. » Avec cette orge qui produit beaucoup de paille, Stéphane Pépin souligne que le producteur est doublement gagnant. « Bien souvent, c’est la paille qui est le produit principal et le grain, le sous-produit », rappelle-t-il.
Jean Goulet, de Semican
Développée à la ferme de recherche au cours des dernières années, l’avoine Nitro a été lancée sur le marché en 2021. « C’est une avoine nue qui se différencie des autres par son contenu en gras et en protéine très élevé. Elle est destinée à nourrir les chevaux de course qui ont besoin de beaucoup d’énergie. C’est une demande qu’on avait des éleveurs », explique Jean Goulet, vice-président à la recherche chez Semican. Il souligne que le défi avec le développement de cette avoine était de lui donner cette spécificité tout en ne négligeant pas son rendement au champ. « Avec Nitro, on a réussi à maintenir un bon rendement avec une qualité de grain exceptionnelle. » Comme second choix, le copropriétaire de Semican opte pour le Frontenac, un blé d’hiver non barbu pour l’alimentation animale. « C’est une culture de blé d’automne, c’est intéressant, car ça répartit beaucoup l’ouvrage pour les producteurs. Il démarre très tôt au printemps et compétitionne beaucoup les mauvaises herbes. Ça réduit beaucoup les intrants et dans bien des cas, on n’a même pas besoin d’appliquer d’herbicides. » Jean Goulet rappelle que les céréales d’automne gagnent en popularité à cause des sécheresses qui surviennent de plus en plus dans les périodes critiques. « Elles sont déjà bien implantées au printemps et avec leur système racinaire profond, elles vont puiser l’eau plus en profondeur », souligne-t-il.
Eugène Richardson, de William Houde
Du côté de William Houde, Eugène Richardson propose deux avoines blanches : Alise et Kolosse. « Alise produira un grain de qualité exceptionnelle tout en ayant une bonne résistance aux maladies telles que les taches foliaires et la rouille », souligne-t-il. Le directeur du département des semences céréalières et fourragères fait aussi remarquer qu’avec un adulte sur deux vivant avec un taux de cholestérol élevé au Canada, l’avoine Alise représente une bonne option. « Elle contient un pourcentage de protéines de 14,25 % et de bêta-glucane de 4,49 %, deux éléments qui aident à combattre le cholestérol. » Avec Kolosse, qui a été développée par Agriculture et Agroalimentaire Canada pour le marché de l’Est, le producteur aura accès à une avoine très résistante à la rouille couronnée et à la verse. « Ça fait maintenant cinq ans qu’elle est sur le marché. Elle offre un bon rendement en grains et en paille. Pour quelqu’un qui recherche ces caractéristiques et une avoine à maturité tardive, Kolosse est idéale parce qu’elle a fait ses preuves dans les champs au Québec », conclut le représentant de William Houde.
Éric Thériault, de Grains de l’Est
« Que ce soit aux essais du RGCQ ou dans les Maritimes, au Québec et en Ontario, c’est une des variétés d’avoine qui offre le plus de rendement présentement. Elle est dans le top », déclare Éric Thériault, des Grains de l’Est, en parlant de l’avoine Excellence. De qualité meunière avec de très gros grains au poids spécifique, cette avoine couverte est idéale pour faire du gruau. « Elle est assez longue, donnant ainsi un bon rendement en paille », ajoute-t-il. Comme second choix, le copropriétaire des Grains de l’Est se tourne vers Madawaska, une orge à deux rangs destinée au marché animal. « C’est une variété hâtive qui donne un grain très dense, une bonne quantité de paille, et qui résiste à la verse. Du point de vue des maladies, elle est très bonne aussi. Je dirais que c’est une variété bien équilibrée. Elle est issue d’un croisement génétique qu’on a fait avec Leader, une autre orge à deux rangs de notre portefeuille », souligne Éric Thériault.
Catherine Faucher, de Agrocentre
Variété exclusive à Agrocentre, le blé de printemps panifiable Dagon est idéal pour les cultures en régie intensive. « Dans les bonnes conditions, il va vraiment être capable d’aller chercher de bons rendements. C’est un choix gagnant en zone 1 », explique Catherine Faucher, qui précise que dans un champ plus compacté, il sera moins performant, un peu moins égal dans son rendement. Plutôt court et n’ayant pas tendance à verser, il est doté d’une bonne tolérance aux maladies foliaires, les rouilles tout particulièrement. Comme second choix, l’agronome va du côté du seigle d’automne KWS Serafino. « Il offre une des meilleures tolérances à l’ergot et est peu sensible à la rouille brune et à l’oïdium. Son potentiel de rendement très élevé en fait une culture très intéressante. Il est rustique, s’adapte aux différents sols, survit très bien à nos hivers et a une bonne tolérance au stress hydrique, ajoute Catherine Faucher. Il fournira une très bonne récolte de paille avec une belle tenue au champ. » KWS Serafino peut être utilisé pour une récolte en grain, en ensilage ou pour la biomasse. « Parce qu’il fleurit un petit peu avant les blés d’automne, il est moins susceptible aux maladies de l’épi », précise la représentante d’Agrocentre.
Lyne Beaumont de Semences Élite (Sollio Agriculture)
Parce que les fluctuations du climat sont désormais la norme, Lyne Beaumont propose Raven, un blé panifiable qui impressionne par son rendement dans toutes les zones. « Il est résistant aux maladies, et la santé du plant lui permet de produire à son plein potentiel, de façon constante. Il offre une très bonne tenue et un volume de paille très intéressant », souligne l’agronome. Raven se démarque également dans la rapidité de son développement. « C’est un blé qui est capable de vraiment bien compétitionner les mauvaises herbes. » Ce blé a aussi la particularité de convenir autant à l’alimentation humaine qu’animale. « Avant, on avait une perte de rendement quand on faisait du blé panifiable par rapport au blé fourrager, mais maintenant, les blés panifiables sont vraiment très performants sur le marché et Raven s’inscrit là-dedans. » Comme second choix, la conseillère chez Sollio Agriculture va du côté du canola avec le BY 6207TF. « C’est une variété qui possède la résistance à la hernie de deuxième génération et est dotée de la nouvelle technologie de désherbage au glyphosate TruFlex. Il permet une flexibilité dans les doses et le moment d’application de l’herbicide. C’est un hybride moyennement tardif adapté à toutes les zones au Québec, décrit Lyne Beaumont. Au Québec, c’est avantageux d’avoir un canola de saison longue. Ça favorise le rendement, car il peut profiter de toute la saison pour croître. »
Annie Desrosiers, de Corteva Pioneer
« Ce que j’aime dans le P05MSL, c’est que c’est un canola qui a tout dedans. Il résiste à l’herbicide Liberty, tolère la hernie des crucifères et on peut le battre sans andainage. C’est l’option parfaite pour le Québec », souligne Annie Desrosiers à propos de la nouvelle variété de canola offerte par Corteva Pioneer. L’agronome ajoute également que le P05MSL tolère également la moisissure blanche qui est présente dans certaines régions du Québec, notamment au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Du côté des céréales, Annie Desrosiers a choisi le blé 25R46. « C’est un blé d’automne de type tendre rouge pour la consommation animale et qui s’est démarqué ces dernières années par son grand potentiel de rendement et sa stabilité à travers plusieurs environnements. De petite taille, il offre une excellente tenue et une bonne tolérance à la fusariose de l’épi. Ce n’est pas lui qui fera le plus de paille, mais il ne versera pas au champ. » C’est un produit bien de son temps, explique Annie Desrosiers, qui constate que le blé d’automne prend de plus en plus de place au Québec. « Nos ventes augmentent d’année en année dans ce type de céréales », révèle-t-elle.
Phil Bailey, de SeCan
Responsable de territoire pour l’est de l’Ontario, le Québec et les Maritimes chez SeCan, Phil Bailey propose le nouveau blé panifiable AAC Maurice. « Il a un rendement très élevé, avec une bonne résistance à la verse, mais surtout, c’est un cultivar qui a une cote de 1 pour la sensibilité à la fusariose, la meilleure variété disponible au Québec. » Côté rendement, il affiche un taux de 105 % dans les zones 1 et 2. Comme second choix, le représentant de SeCan va du côté de l’avoine AAC Nicolas. « C’est une des variétés préférées de Quaker et la plus vendue au Québec », vante-t-il. Avec un indice de rendement de 109 % en zone 2, cette avoine blanche à gruau tient le haut du pavé dans ce domaine tout en trônant aussi au sommet pour ce qui est de sa résistance à la verse que Phil Bailey qualifie de « supérieure à la moyenne ».
Cet article a été publié dans l’édition de janvier 2022 de notre cahier Grains.