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En aménagement paysager, les concepts de rendement ne sont pas aussi bien définis qu’en agriculture. Pourtant, la qualité et la santé des végétaux restent aussi importantes pour atteindre des objectifs en grande partie esthétiques. Mais attention! Sous ses couleurs et ses textures harmonieuses, un aménagement paysager offre aussi un espace vert, parfois qualifié d’arme contre les îlots de chaleur, où bon nombre d’organismes pourront s’installer pour une biodiversité florissante.
Pour atteindre des objectifs tant esthétiques qu’écologiques, la qualité du sol est sans contredit un élément majeur. Une façon simple et efficace d’améliorer la santé des sols en plates-bandes est l’utilisation de paillis, mais pas n’importe lequel : le BRF, ou bois raméal fragmenté.
L’utilisation de paillis en aménagement paysager est recommandée dans toutes les situations. Cette technique limite, entre autres, l’apparition des mauvaises herbes et l’érosion par la pluie ou le vent, et elle permet de mieux conserver l’humidité dans le sol. Quant au paillis de type BRF, il fournit plus d’avantages grâce à sa décomposition, car ces copeaux de bois deviendront une source de nourriture pour certains organismes décomposeurs tels que les champignons et les bactéries du sol qui, avec le temps, les transformeront en humus, un élément essentiel pour la santé des sols.
De quoi est fait le BRF?
Le BRF est composé de résidus d’arbres et d’arbustes ayant un diamètre inférieur à 7 cm, puisque ce sont dans les jeunes parties que l’on retrouve une plus grande proportion de tissus actifs les rendant plus riches en éléments nutritifs. Il est préférable d’utiliser les parties vivantes fraîchement coupées ainsi que les feuilles. L’utilisation d’essences de conifères est déconseillée, mais dans le cas où on ne pourrait faire autrement, un maximum de 20 % de ces essences pourrait y être mélangé.
Les résidus utilisés doivent être déchiquetés en morceaux de 2 à 4 cm pour faciliter leur contact avec les sols. S’ils sont trop gros, les copeaux se décomposeront plus lentement, et s’ils sont trop petits, ils risquent de former une galette qui nuira à la pénétration de l’eau.
Les arboriculteurs locaux peuvent fournir ce genre de produit, mais la coupe de jeunes branches ou l’utilisation d’essences de feuillus n’est pas toujours garantie. Les municipalités, quant à elles, produisent de plus en plus de BRF pour elles-mêmes à la suite de l’entretien de leurs arbres. Parfois, une distribution aux citoyens est organisée comme pour le compost municipal. Il est aussi possible de se procurer du BRF dans certains centres de jardinage spécialisés, généralement en vrac, mais parfois en sac.
Comment l’appliquer
Le BRF peut être utilisé de différentes façons, mais en aménagement paysager, le paillage, c’est-à-dire l’application en surface, demeure le plus facile à réaliser. Avant de mettre du BRF, l’ajout de compost peut être bénéfique afin d’éviter le phénomène de « faim d’azote » qui se produit au début du processus de décomposition. En fait, les champignons et les bactéries qui décomposent la matière organique riche en lignine comme le bois demandent une fraction d’azote plus grande que celle fournie par le BRF. Pour combler ce manque, les microorganismes puiseront cet azote dans le sol au détriment des plantes. Cependant, la décomposition se poursuivant, ce phénomène sera inversé et un nouvel apport d’azote sera disponible.
Une épaisseur d’environ 5 cm est suffisante pour la première application. Par la suite, une fine couche peut être ajoutée les années suivantes pour rafraîchir la surface et conserver une certaine quantité de BRF.
D’elle-même, la nature fait bien les choses, et l’utilisation de BRF ne fait que reproduire ce qui se passe dans les forêts. Les feuilles et les branches tombent au sol et alimentent une panoplie de microorganismes indispensables à la vie terrestre. Le recyclage de cette matière organique déchue enrichit le sol au bénéfice de la flore et de la faune en place. L’ajout de BRF dans les plates-bandes peut donc améliorer la structure et la fertilité des sols grâce à l’humus produit et ainsi contribuer à la qualité et à la santé des végétaux.
Annabel Carignan, enseignante au département d’horticulture du Collège Montmorency