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Le bon usage de la machinerie pour le travail réduit du sol d’automne représente un défi constant pour les équipementiers. On présente de plus en plus de nouveaux outils qui tiennent compte de la réalité climatique tout comme des besoins primaires et fondamentaux d’un sol en santé et qui tracent la voie vers une agriculture pérenne et de conservation.
Avant de procéder à des interventions ou à des travaux sur un sol agricole, on doit d’abord déterminer le but à atteindre. C’est la première étape pour un bon usage de la machinerie. En général, l’automne est propice à « préparer le terrain » pour le lit de semence du printemps prochain.
« Un automne sec permet de travailler dans de meilleures conditions, estime le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec [MAPAQ]. Les outils de retournement comme la charrue s’accommodent bien d’un sol plus humide. Par contre, les outils à disques feront moins de lissage dans un sol sec, particulièrement les sols argileux. Les outils à dents comme les chisels travaillent efficacement dans les sols secs. Ce sont des outils d’éclatement du sol. »
Gestion des résidus
La mesure des restes de culture aide souvent à déterminer le meilleur équipement et les techniques à employer pour la gestion des résidus. Un volume important signifie que le travail du sol n’est pas la bonne avenue étant donné les défis liés à leur incorporation. Éliminer ou mettre en balles la moitié des résidus est parfois une meilleure option tout en laissant l’autre demie pour protéger le sol de l’érosion.
Le volume de débris végétaux influence le type, la profondeur, la vitesse de travail de l’équipement et l’écartement des rangs. Il faut ajuster l’équipement après chaque passage qui enterre davantage de débris végétaux. De plus, des pointes droites et des socs à ailes ouvertes sont préférables aux pointes torsadées capables d’enfouir 20 % de résidus de plus. Dans les cultures courtes, il est conseillé de se servir de machines moins agressives comme une charrue à disques ou un cultivateur.
De plus, un travail vertical est suffisant pour des niveaux de résidus normaux. Les outils devraient être réglés pour un travail moins profond et la vitesse des interventions devrait être diminuée.
Les défauts du labour
Les systèmes avec labour ne sont pas adaptés à des conditions sèches. La perte d’humidité est très élevée durant un travail intensif du sol et, en l’absence de pluie, peut entraîner des mauvaises levées après les semis. Un travail intense lors d’un labour réduit de beaucoup le nombre de vers de terre.
De plus, la formation d’une semelle de labour (couche inférieure compacte à la limite de la profondeur de labour) constitue le problème le plus récurrent dans ce type d’intervention.
En dépit de son prix abordable, la charrue employée pour le labour entraîne des frais élevés d’utilisation par hectare. La durée d’opération par hectare est problématique dans les grandes exploitations en raison du temps limité dont on y dispose, surtout en automne.
Toutefois, des charrues automatisées assistées par GPS conçues pour le travail en surface sont aujourd’hui offertes sur le marché.
Par ailleurs, de nos jours, les outils à disques sont largement utilisés en combinaison avec les déchaumeurs afin de diminuer le nombre de trajets et de limiter la compaction.
« La grande différence entre le travail primaire, charrue, chisel et disques, est la grosseur des mottes, explique le MAPAQ. Après le travail primaire, le sol jouira du gel et du dégel. Il faut dès lors éviter de faire de trop petites mottes à l’automne. »
Un des éléments dont il faut tenir compte dans les passages est la charge à la roue, qu’on devrait toujours limiter à 3,5 tonnes. D’une part, on doit ajuster la pression dans les pneus et d’autre part, il faut équilibrer les charges par essieu du tracteur, tout en respectant la portance du sol.
Chaque circulation de tracteur avec machinerie peut entraîner une perte de plus ou moins 1/4 de pouce d’humidité selon la texture, la quantité de matières organiques et le volume de résidus à la surface.
L’itinéraire cultural optimisé
Les cartes de sols produites à la suite d’analyses de sol en temps réel ou non ou encore à l’aide de GPS (agriculture de précision) offrent des connaissances de base sur la composition du sol de ces parcelles. Toutefois, ces informations ne tiennent pas compte des impacts pouvant affecter la surface du sol et sa structure lors du travail effectué sur place.
« Les systèmes sensoriels actuels pour créer une analyse du sol en temps réel sont disproportionnés d’un point de vue temps et avantages, explique Jérémie Messerli, agronome chez Amazone. Les procédés utilisés jusqu’à présent pour l’analyse du sol excluent les données du tracteur, telles que la consommation de carburant, la force de traction et le patinage des roues. »
Ainsi, la saisie de données durant le travail permet d’adapter l’intensité selon les besoins et les réalités du sol et d’utiliser les ressources de façon optimale.
Le « déchaumage de précision »
Pour combler cette lacune, Amazone et son partenaire Exatrek ont mis au point, sur la série de « déchaumeur de précision » Cenius-2TX, des systèmes sensoriels intégrant les informations CANbus du tracteur (vitesse d’avancement, consommation de carburant, force de traction, patinage) et les données du déchaumeur sur les réglages de la machinerie (profondeur de travail et horizontalité de l’équipement). On fusionne ces informations sur le câble de connexion ISOBUS du tracteur.
« Les algorithmes intelligents de la société Exatrek calculent une carte de densité du sol à partir des données du tracteur et du déchaumeur, poursuit M. Messerli. Il en résulte durant la préparation du sol des cartes qui permettent de percevoir les différences de structure par petites zones. Ces informations géoréférencées peuvent ensuite être utilisées pour décider des mesures agronomiques. »
Ainsi, les algorithmes intelligents d’Exatrek calculent des cartes précises de différentiation de type de sol. De plus, l’outil reconnaît et calcule les pentes du relief permettant de reproduire la densité du sol.
Par ailleurs, cette approche permet d’adapter la profondeur de travail lors de la prochaine préparation du sol. Ainsi, on peut effectuer un déchaumage superficiel et ameublir plus en profondeur seulement les parcelles compactes et réduire la consommation de carburant.
Un câble de raccordement ISOBUS relie la console de commande du cultivateur au tracteur. Enregistrées avec géoréférencement, les données de localisation sont transmises en permanence.
Un « polyculteur »
Le Super Max de Güttler est un outil polyvalent qui combine à la fois le cultivateur, le vibroculteur et la déchaumeuse tout en étant plus facile à traîner (50 % moins de HP qu’une déchaumeuse) et en laissant moins de compaction. « Quatre roues robustes situées à l’avant de la machine permettent un contrôle précis de la profondeur de travail, maintenu par le 3e point du tracteur, illustre Philippe Ruf, président de PMI-Ag, de Stanstead en Estrie. Pour préserver la structure du sol, il est important de la respecter. Un sol humide demande à être “resseché” avant d’être raffermi. »
Les experts s’entendent pour dire que le meilleur outil pour travailler un sol est un outil à dents. Il fait moins de lissage; toutefois, il bourre à cause des résidus.
« Grâce à ses dents spéciales, il lui est possible aussi bien de préparer les terres [fonction vibro] que de déchaumer [fonction déchaumeur], mentionne M. Ruf. Le déchaumage peut se faire jusqu’à 15 cm de profondeur. Les dents extrêmement vibrantes de l’outil donnent un taux de pénétration très élevé, même en conditions très sèches. »
« Avec Güttler, on le met sur sept rangées de dents et il ne bourre pas, ajoute le président de PMI-Ag. De plus, les deux rangées de peignes permettent de déterrer les mauvaises herbes et d’exposer leurs racines sans les enfouir. »
La dent « patte d’oie » de 200 mm vient « scalper » les mauvaises herbes et les ramener à la surface sans les découper et les multiplier comme le fait une déchaumeuse.
Solution de rechange au glyphosate
Le fabricant Horsch propose quant à lui un déchaumeur à dents, une machine polyvalente à l’automne pour tout type de culture. Il offre un déchaumage complet à l’aide d’ailettes qui permettent de bien détacher les débris de cultures pour une bonne décomposition.
De plus, la dent MulchMix permet un bon mélange et sans ailettes, on fait un travail de style « chisel ». En changeant de pointe, on peut faire de la fissuration jusqu’à 30 cm (12 po) sans mélanger les horizons de sol. « Cette approche permet de créer des chemins à l’eau et, avec l’effet de gel-dégel, entraîne une certaine décompaction naturelle, en plus de faciliter l’enracinement plus profond l’année suivante », explique Pierre-Yves Blanchet, gérant de territoire.
« De plus, nous avons une nouvelle pointe, la Terracut, qui peut être une alternative au labour ou au glyphosate pour détruire une prairie avant l’implantation d’une nouvelle culture l’année suivante. »
Par ailleurs, un équipement adapté pour les céréales s’avère fort prometteur.
« Le Tiger MT est la machine parfaite pour un travail d’automne après des cultures à fort taux de résidus comme le maïs, estime M. Blanchet. Du style one pass, elle est équipée de deux rangées de disques à grand diamètre, qui vont déchaumer et couper les résidus, suivies de deux rangées de dents pouvant travailler jusqu’à 35 cm (14 po) et mélanger et fissurer, pour finir avec un rouleau consolidateur pour garder une bonne structure de terre et éviter l’érosion. »
De conception unique
De son côté, John Deere propose une gamme d’outils de travail d’automne adaptés pour répondre aux besoins de presque toute intervention (du travail minimum à la culture conventionnelle).
Ce qui distingue le groupe est la minutie dans la conception de l’outil, qui tient compte du potentiel agronomique lors des opérations, des volumes plus élevés de résidus, de la simplification des ajustements (intensité ou profondeur du travail) ou encore de la robustesse à long terme (coûts d’opération, entretien et valeur de revente).
Les outils de travail vertical à disques à intensité variable dont l’angle des disques est réglable (0 à 12 degrés) répondent aux besoins de labourage variés à l’automne.
Quant à la déchaumeuse à disques à haut rendement, elle couvre une plus grande superficie avec une vitesse de 16 à 22,5 km/h. Elle mélange et enterre les résidus pour une dégradation plus rapide.
« En plus de posséder des disques à suspension individuelle, elle est dotée d’un des plus hauts ratios poids/largeur de travail assurant une stabilité et une uniformité de profondeur de travail essentielles à une levée uniforme, assure Bruno Bouchard, directeur des ventes agricoles. Elle garantit une finition du champ en douceur. »
De la versatilité, svp!
Du côté de Lemken, deux outils d’une grande vitesse d’opération, le Rubin et l’Heliodor (avec sa lame de ressort qui porte le disque), peuvent couper et bien mélanger les résidus
« Le Rubin se distingue avec ses disques de grand diamètre attachés sur un étançon [support] courbé qui diminue les risques de blocage dans les résidus, précise Hugo Labonté, spécialiste de produits. De plus, sa grande rigidité et le positionnement symétrique des disques évitent les déplacements latéraux. »
Grâce à leur agencement des pointes plus étroites, le Kristall et le Karat opèrent sur toute la largeur du travail et permettent d’effectuer un déchaumage standard ou de décompacter le sol jusqu’à 30 cm de profondeur. Les deux équipements possèdent un grand choix de différentes pointes à attache rapide pour une grande versatilité et le Karat peut fonctionner sans rouleau arrière.
Roger Riendeau, collaboration spéciale