Actualités 17 octobre 2014

La règle d’or : planifier son achat

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Vous prévoyez l’achat d’un beau tracteur tout neuf ou d’une batteuse qui n’est jamais encore sortie dans les champs? Vous vous apprêtez à débourser 200 000 $, voire 300 000 $, pour que l’on vous remette les clés de ces nouveaux équipements hautement technologiques?

Sachez qu’un tel achat, un investissement, une dépense, diront certains, ça se planifie! Voilà pourquoi il est tout indiqué de demander conseil à son gentil comptable, ou à son conseiller en gestion, question d’aligner les chiffres dans les bonnes colonnes.

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Nous avons demandé à Ghislain Pion, président du Groupe ProConseil, de Saint-Hyacinthe, également producteur laitier (70 kilos-jour) et de grandes cultures (230 hectares), ainsi qu’à Robert Beaudry, qui possède une exploitation agricole à Saint-Marc-sur-Richelieu, de nous donner leur point de vue.  Un dossier de L’UtiliTerre.

Amortir sur des années

« Un producteur devrait toujours s’informer auprès de son conseiller en gestion avant d’aller chez le concessionnaire, fait valoir M. Pion. Parce qu’il s’agit de gros montants qu’il faudra amortir sur des années, il est important de faire une bonne planification de l’état de ses finances. »

Son groupe est particulièrement actif en la matière. « Nous avons de nombreux producteurs qui ont recours à des spécialistes de la gestion qui ont les compétences pour nous faire des montages financiers, et qui nous permettent de prendre des décisions éclairées. »

« Mais moi, personnellement, je n’achète plus de tracteurs neufs, précise-t-il. C’est trop cher et ça se dévalue de 30 % la première année, dans certains cas. Par contre, je trouve des tracteurs en excellente condition à une fraction du prix en magasinant sur Internet. Il y a des engins de 3 000 heures qui sont comme neufs. »

Ghislain Pion reconnaît que son point de vue n’est pas partagé par tous les agriculteurs. Il observe autour de lui que certains d’entre eux n’hésitent pas à trouver du financement pour se payer des machines de plus en plus sophistiquées, à la fine pointe de la technologie.

Raisons fiscales

« Il y en a qui achètent des tracteurs pour épargner de l’impôt, pour des raisons fiscales, observe-t-il. C’est une manière de voir les choses, mais il me semble qu’il y a d’autres façons, autrement qu’en achetant des tracteurs, de bien gérer ses finances et de faire des dépenses qui auront une incidence fiscale. »

Or, au-delà de la fiscalité et du financement, il y a un élément incontournable à considérer avant de prendre la décision d’acheter. Cette question de 200 000 $ et bien davantage, elle concerne directement les producteurs, et leur façon de travailler dans les champs.

« Ceux qui donnent des travaux à forfait n’ont pas besoin de toute cette machinerie coûteuse », mentionne M. Pion.

Éviter de tuer la rentabilité

Pour sa part, le producteur Robert Beaudry considère qu’il faut « éviter de tuer la rentabilité » de la ferme en investissant trop massivement dans l’acquisition de rutilants tracteurs.

« C’est l’fun d’avoir de beaux tracteurs dans sa cour, mais il faut les payer, convient-il. À quoi ça sert d’avoir un semoir à maïs de 120 000 $ si on s’en sert que 6 jours par année? » se demande-t-il.

La solution?

« Acheter avec son voisin agriculteur pour réduire la facture, répond-il. On partage les coûts moitié-moitié et c’est rentable. »

Mais il observe qu’ils sont encore nombreux, dans les champs, à vouloir être les seuls et uniques propriétaires de leurs équipements. « Je comprends ceux qui font du travail à forfait d’adopter cette philosophie, mais pour les autres, compte tenu des prix exigés par les manufacturiers, c’est discutable. »

Il croit même que les producteurs, au Québec, sont pénalisés par rapport aux agriculteurs américains. « Aux États-Unis, les producteurs sont de gros acheteurs de machinerie. Ils ont de gros volumes et ils payent les gros prix pour leur machinerie. Les fabricants connaissent leur capacité de payer. Mais ici, au Québec, nous n’avons pas ces volumes, mais nous payons nos tracteurs au même prix que les Américains. »

Comme bien d’autres producteurs qui savent compter, mais qui n’ont pas la prétention de tout connaître, Robert Beaudry n’hésite pas à prendre les informations nécessaires auprès de conseillers au sein de son syndicat de gestion, à Saint-Hyacinthe, avant de prendre rendez-vous avec son banquier pour un prêt-tracteur, par exemple.