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Alors que l’intelligence artificielle promet de révolutionner l’élevage porcin, les développeurs se retrouvent devant un défi de taille : l’extrême complexité des êtres vivants. Portrait de la situation.
L’intelligence artificielle (IA) a fait son entrée dans les fermes d’élevage il y a quelques années déjà, mais elle n’en est qu’à ses premiers balbutiements. Plusieurs entreprises développent des technologies prometteuses, mais leur implantation dans les fermes porcines du Québec tarde à se concrétiser.
« Le plus gros défi de l’IA, c’est aussi ce qu’il y a de plus passionnant dans tout ça : les porcs sont des êtres vivants complexes. Ça devient très difficile de développer des algorithmes qui fonctionnent dans toutes les fermes et toutes les circonstances », explique le directeur recherche et développement pour Conception Ro-Main et passionné d’IA, Jacquelin Labrecque.
Selon lui, il est très difficile de modéliser un animal, puisqu’il y a plusieurs facteurs qui entrent en ligne de compte et qui influencent la performance des algorithmes.
« Aucune ferme n’est identique. Aucun animal n’est identique. Aucun propriétaire ne gère sa ferme de la même façon. Si on ajoute à ça le fait que les porcs interagissent entre eux et avec leur environnement, on se retrouve dans une situation très difficile à modéliser », illustre-t-il.
Le président des Éleveurs de porcs de la Beauce, René Roy, estime pour sa part que l’IA pourra véritablement révolutionner le secteur porcin lorsque les bases de données pourront se parler et interagir entre elles.
« C’est un défi, parce que les technologies sont commercialisées par des entreprises concurrentes qui préfèrent ne pas se parler, explique celui qui siège également à Swine Innovation Porc. Il faut vraiment que quelqu’un développe un genre d’algorithme traducteur capable d’interroger les différentes bases de données. »
Retour sur investissement
Le coût des solutions d’IA s’avérera peut-être un frein à leur implantation dans les fermes porcines, estime René Roy, qui est également propriétaire de la Ferme Alliance 7 à Saint-Jules en Beauce. « On sait que les éleveurs de porcs ne roulent pas sur l’or. Il va falloir que les entreprises trouvent une façon de développer des technologies accessibles. »
Jacquelin Labrecque et son équipe chez Conception Ro-Main ont conçu les produits Smart, deux solutions d’IA qui facilitent le comptage des porcs et l’insémination des truies. Il s’agit de la technologie québécoise la plus avancée en matière d’intelligence artificielle dans l’élevage porcin, mais elle coûte plusieurs milliers de dollars. « À partir de 600 truies, les producteurs ont un retour sur investissement très rapide. On a certains producteurs en Belgique qui voient même des avantages avec 200 truies, mais c’est plus rare qu’on voit cet engouement-là dans les petites fermes au Québec. »
C’est que les avantages de l’intelligence artificielle vont au-delà de la productivité. « À court terme, c’est sûr qu’on va voir une amélioration du bien-être des animaux et des producteurs », prévoit René Roy.
Pour Jacquelin Labrecque, il est clair qu’une fois bien implantée au Québec, l’IA aura un impact majeur sur la production porcine. « Ça va permettre de trouver un équilibre entre la productivité, le bien-être et l’environnement, dit-il. L’IA va enfin réconcilier ces trois facteurs. »