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Les bénéfices que procure la matière organique aux sols agricoles sont connus : la structure et l’aération améliorées offrent aux plantes un milieu productif et résilient dans lequel le régime hydrique est mieux contrôlé. Or, maintenir ou améliorer le contenu en matière organique du sol est un enjeu majeur pour la conservation des sols, mais aussi pour l’environnement.
En effet, d’un point de vue climatique et plus global, bien que la perte de matière organique des sols vers l’atmosphère soit une importante source de gaz à effet de serre, la séquestration du carbone de l’atmosphère dans les sols est identifiée par des chercheurs du monde entier comme une solution efficace pour contrer les changements climatiques. Plusieurs territoires reconnaissent l’importance de protéger les sols et leur matière organique. En France, par exemple, l’initiative « 4 pour 1 000 » de l’Institut national de la recherche agronomique a pour objectif d’augmenter la matière organique des sols agricoles de 0,4 % par année.
En augmentant la matière organique du sol, on fait donc d’une pierre deux coups. On améliore la performance de nos systèmes culturaux tout en donnant un coup de pouce à la planète.
Comme pratiques agricoles bénéfiques pour la matière organique du sol, on pense d’abord à l’ajout de carbone au sol. Brièvement, mentionnons à cet effet le recours aux couverts végétaux (ex. engrais verts) ou encore l’introduction de cultures pérennes (ex. foin) dans les systèmes culturaux. Ces dernières sont effectivement reconnues pour leurs racines, lesquelles constituent une importante biomasse qui se retrouve séquestrée dans le sol. Deuxièmement, on pense à ralentir la libération du carbone du sol (minéralisation de la matière organique). La réduction du travail du sol remplit ce rôle.
On a longtemps perçu la matière organique comme étant constituée uniquement de matière inerte décomposée (plantes et fumier). Cependant, la science indique maintenant que le vivant du sol est aussi producteur de matière organique. Premièrement, on peut penser à certains champignons mycorhiziens omniprésents qui produisent de la glomaline, une substance clé pour l’agrégation et la structuration du sol. Deuxièmement, de récentes recherches ont grandement attiré l’attention en démontrant que la riche communauté microbienne du sol a la capacité de produire d’importantes quantités de matière organique, d’origine microbienne plutôt que végétale, à partir de sucres. Or, on sait maintenant que les plantes libèrent beaucoup de sucres variés dans le sol par leurs racines. Conséquemment, ces nouvelles connaissances mènent à penser qu’augmenter le couvert végétal du sol augmente à son tour la quantité de sucres relâchés par les racines, ce qui en retour nourrit la vie microbienne du sol et contribue ainsi à la production de matière organique.
Il apparaît donc important de considérer le sol comme un écosystème riche en organismes vivants uniques. Nous pouvons influencer cet écosystème complexe avec nos pratiques. Agir en conséquence permettra de participer à l’effort global pour contrer les changements climatiques en plus d’améliorer la qualité des sols agricoles.
Simon Lacombe, agr. / Club Agri-Durable
Julie Boisvert, agr. / Club Agri-Durable