Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
À l’aube de la saison 2014, un sujet suscite méfiance, déception et grogne : l’arrivée de la luzerne génétiquement modifiée (GM) au Québec.
« Le trait de résistance au Roundup dans la luzerne, développé par Monsanto et employé par Forage Genetics International, concerne cinq variétés. Elles ont été approuvées par le gouvernement fédéral, et peuvent donc être vendues ici.
Les producteurs de l’Ouest canadien ont vivement protesté, craignant de mettre en péril leur commerce de luzerne de semences. Forage Genetics International a donc décidé de miser plutôt sur l’est du Canada, où les protestations des producteurs sont moins grandes, pour introduire la luzerne Roundup Ready.
Une fois acceptée dans l’Est, l’Ouest sera obligé de l’accepter… », a résumé Lucy Sharratt, coordonnatrice du Réseau canadien d’action sur les biotechnologies. Celle-ci était présente, en compagnie de certains experts, à la journée INPACQ Lait biologique, qui s’est tenue à Princeville le 5 février dernier.
De nombreuses discussions ont porté sur les conséquences négatives de l’introduction de la luzerne GM, mais un intervenant a sidéré l’auditoire en mentionnant que Synagri et La Coop fédérée étaient déjà en position d’offrir la fameuse semence de luzerne GM, et ce, pour les semis 2014…
Vérifications faites, les pressions du milieu ont peut-être fait reculer Forage Genetics International, car pour 2014, Synagri et La Coop fédérée n’auront pas de luzerne GM à offrir. « Oui, nous sommes distributeurs de luzerne OGM. On sait qu’il y a une demande. Des producteurs sont intéressés à l’utiliser. Mais notre fournisseur, Forage Genetics International, ne la rend pas disponible pour 2014 », a mentionné à la Terre Christian Duchesneau, expert plantes fourragères et gazon chez Synagri. Même son de cloche provenant du directeur du service des semences à La Coop fédérée, Georges Chaussé.
« Pour 2014, aucune commercialisation [de la luzerne Roundup Ready] ne sera faite. Le propriétaire des droits de distribution de cette technologie, Forage Genetics International, mène des activités d’évaluation de concept dans l’est du Canada et n’a pas pris de décision par rapport à son introduction. Une fois que Forage Genetics International aura pris sa décision, La Coop fédérée sera en mesure d’évaluer les opportunités liées à cette technologie », a-t-il répondu à la Terre dans un échange de courriels.
Rêver au Roundup
« L’UPA n’est pas anti-OGM. Mais on a pris une position commune, adoptée unanimement, soit d’interdire la commercialisation de la luzerne génétiquement modifiée. Car avec la pollinisation croisée, ça franchissait une étape qui aurait des conséquences sur des producteurs qui n’en voulaient pas [de luzerne GM].
Contrairement au maïs et au soya, la luzerne est une vivace. C’est différent », a déclaré à cette occasion Marcel Groleau, président-général de l’Union des producteurs agricoles (UPA).
Il a souligné l’importance du respect entre producteurs, prémisse d’une bonne cohabitation, notamment entre biologiques et conventionnels.
Lui-même producteur laitier, il a carrément mis en doute la nécessité d’une luzerne GM. « Faut se poser les bonnes questions : est-ce que c’est dangereux ou néfaste? Ensuite, est-ce utile? Moi, je pense que non, ce n’est pas utile », a-t-il dit, ajoutant du même souffle : « Et si un producteur veut faire du maïs ou du soya Roundup Ready, comment fait-il pour se débarrasser de sa luzerne Roundup Ready? »