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La culture de chanvre industriel tardait à s’implanter à grande échelle au Québec en raison d’un manque de marchés et d’une logistique de récolte difficile. Ces deux aspects sont maintenant en train de changer radicalement.
« Le problème dans le chanvre, c’est qu’avant, chacun voulait faire ses petites affaires. Cette fois, on travaille ensemble, c’est pour ça que ça va marcher », analyse Michel Provencher, directeur de Nature Fibres, une compagnie d’Asbestos, en Estrie, spécialisée dans la production d’isolant à base de fibre de chanvre. L’entreprise, qui doit présentement acheter une partie de ses fibres de chanvre en Europe, vise cependant un approvisionnement uniquement québécois qui représentera environ 1 000 tonnes de fibres annuellement. Michel Provencher indique que l’un des actionnaires de Nature Fibres possède déjà ses propres terres où il effectue des tests afin de faciliter la production pour les autres agriculteurs.
Nouvelle usine
Nature Fibres achète aussi du chanvre ayant subi une première transformation par l’usine de la compagnie Agrofibres située à Lavaltrie dans Lanaudière. L’agronome Olivier Lalonde qui travaille pour l’entreprise explique que cette nouvelle usine en fonction depuis un an a la capacité de transformer 4 000 tonnes de fibres. « On n’est pas là pour l’instant, mais c’est notre but; et ça représente de 1 000 à 1 500 ha de chanvre additionnel en culture », affirme-t-il.
L’agronome souligne que le succès de l’usine et de la filière chanvre passe par deux choses. D’abord, un revenu intéressant : « On vise un revenu net pour le producteur de 1 000 $/ha qui provient de la révolte des tiges [pour produire la fibre] et de celle des fleurs [pour extraire la substance thérapeutique nommée CBD] », dit Olivier Lalonde. Puis, un accompagnement complet des agriculteurs afin de diminuer les risques de cultiver du chanvre industriel. « On va leur offrir un suivi agronomique et on investit 300 000 $ en équipement pour s’occuper de la récolte », mentionne l’agronome. Cet équipement particulier permettra de récolter les fleurs et la tige en un seul passage. Olivier Lalonde s’estime satisfait du rendement des 125 ha de chanvre présentement en culture. « On est pas mal dans le target, avec 1 t/ha de matière sèche de fleurs et de 4 à 5 t/ha de tiges », explique-t-il.
L’émergence de plusieurs entreprises impliquées dans la production et la transformation du chanvre industriel fait boule de neige. La Table des MRC de l’Estrie vient d’ailleurs de mandater Stéphanie Forcier, coordonnatrice aux filières agroalimentaires, pour créer un comité dans les prochaines semaines afin d’aider à propulser cette filière et à intéresser un grand nombre d’agriculteurs de s’y joindre. Pour l’instant, cette culture s’effectue sur environ 1 500 ha au Québec.
Un champ transformé en uniformes La compagnie Eko-Terre, également établie depuis un an, transforme dans son usine de Sherbrooke la fibre de chanvre brute en fibre textile. « J’ai besoin de 5 000 ha en cultures de chanvre juste pour faire virer l’usine d’Eko-Terre », affirme l’agronome Olivier Lalonde, qui travaille également pour cette entreprise. Fait intéressant, Eko-Terre est une division du groupe Logistik Unicorp, une compagnie spécialisée dans la confection d’uniformes destinés à l’armée et à la fonction publique. Celle-ci entend intégrer la fibre de chanvre dans la confection de certains de ses uniformes. |