Sur la route 209, à Saint-Antoine-Abbé, une grande affiche annonce l’adresse de la bleuetière, qui est aussi le nom de l’entreprise. Au bout du chemin de terre bordé d’arbrisseaux fruitiers qui mène à la ferme s’élève le tout nouvel entrepôt de la compagnie où sont désormais classés les fruits.

Pour mécaniser la récolte, les producteurs ont dû construire des installations. « On a acheté une station de triage pour retirer les bleuets verts ou trop mous, explique Claude Mathieu, copropriétaire de la ferme. Avant, on pouvait les trier à la main. » Bien que l’achat de la récolteuse ait demandé des investissements importants cette année, lui et sa conjointe voient déjà les bénéfices de son utilisation.

« Sans récolteuse, produire 100 crates de bleuets nous coûtait environ 950 $, explique l’agriculteur. Maintenant, c’est environ 200 $. » En plus de diminuer les coûts de production, la récolteuse assure une plus grande indépendance aux propriétaires de la ferme. Selon M. Mathieu, il s’avère plus facile de planifier la récolte avec celle-ci qu’avec des cueilleurs. Le producteur, qui possède près de 13 000 plants de bleuets, affirme que les bleuetiers ne sont pas endommagés par le passage de la machine.

« Un de mes voisins m’a dit qu’il perdait près de 50 % de ses récoltes avec sa récolteuse, s’étonne Claude Mathieu. Pour notre part, on perd seulement de 10 à 12 % de nos fruits. »

Fonctionnement
La récolteuse de la compagnie Oxbo s’attache à la prise de force du véhicule. Un cylindre hydraulique permet de propulser la machine afin qu’elle soit située complètement à la droite du tracteur. Ainsi, ses roues n’obstruent pas le corridor de travail – la rangée d’arbustes de bleuets – de la récolteuse.

Une fois en position, elle est baissée au ras du sol pour pouvoir recueillir les fruits de la partie inférieure des arbustes. Elle peut ensuite être mise en marche.

L’opérateur avance tranquillement avec le tracteur, et de multiples bandes de plastique se rétractent et reprennent leur place initiale au passage du tronc. Les branches d’arbustes, elles, passent à travers deux structures métalliques composées de plusieurs petites tiges vibrantes. En s’agitant, ces tiges font tomber les fruits sur les bandes de plastique, puis, dans les convoyeurs situés de chaque côté de la récolteuse. La vibration de ces tiges peut être réglée à l’aide d’un cadran. « Au début de la saison, il ne faut pas que la vibration soit trop forte parce qu’il y a beaucoup de fruits qui ne sont pas mûrs dans les arbres, soutient Claude Mathieu. Plus la saison avance, plus on augmente la force. »

Une fois tombés dans le convoyeur, les fruits sont acheminés jusqu’au point de chute à l’arrière de la machine, où ils s’accumulent dans des bacs. Deux opérateurs se chargent de remplacer ceux-ci lorsqu’ils sont pleins.

Un ventilateur dont la sortie d’air est à l’arrière de la récolteuse évacue les branches et les feuilles ramassés au passage.

 

 

 

Période d’ajustement
Puisque c’est leur première année d’utilisation de cette récolteuse, les propriétaires de la Bleuetière 2800 vivent une période d’adaptation. « Lors de la réception de ma machine, l’employé qui effectuait la livraison m’a demandé : ‘‘Où sont tes poteaux?’’ », se souvient Claude Mathieu. Les bleuetières qui utilisent une récolteuse de ce type plantent habituellement des poteaux à tous les trois mètres et accrochent des broches de chaque côté des arbustes pour empêcher que les branches du bas ne ploient sous le poids des bleuets. Cette installation permet à la machine de cueillir les fruits qui sont situés dans le bas de l’arbuste. « Cette année, il est trop tard pour faire ce genre d’aménagement, mais on le fera certainement l’année prochaine, insiste l’agriculteur. Nous avons embauché six personnes cette saison uniquement pour cueillir les fruits qui échappent à la récolteuse dans le bas des arbustes. »

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