Jeunesse 22 mai 2024

La petite histoire des Cercles de fermières du Québec

En 2025, les Cercles de fermières du Québec fêteront leurs 110 ans d’existence. À leur création au début du 20e siècle, personne n’aurait imaginé que ces associations de femmes compteraient plus de 30 000 membres en 2024! Comment un petit groupe de fermières est-il parvenu à mettre sur pied une initiative qui allait remporter autant de succès?

Solitude et isolement à la ferme

Éloignées les unes des autres par plusieurs kilomètres, prises par les tâches ménagères et l’éducation des enfants, les fermières ont peu d’occasions de tisser des liens entre elles au début du siècle dernier. Le besoin de briser leur solitude se fait plus que jamais sentir. C’est pourquoi, à la demande de femmes vivant en régions rurales, les agronomes Alphonse Désilets et Georges Bouchard fondent les Cercles de fermières en 1915. 

Les premiers Cercles voient le jour à Chicoutimi, à Roberval, à Champlain, à Saint-Agapit et à Plessisville. Ce mouvement prend initialement de l’ampleur dans le Centre-du-Québec avant de s’étendre dans toute la province. Il atteint son apogée dans les années 1980, où le nombre de membres franchit le cap des 75 000!

Des lieux d’échange et de partage

Grâce à ces associations, les femmes peuvent socialiser avec d’autres femmes dans la même situation qu’elles en partageant des connaissances et des savoir-faire. Des expositions d’artisanat dans les foires agricoles sont organisées, des recettes sont publiées sous le célèbre titre Qu’est-ce qu’on mange? et des cours de couture et d’artisanat sont offerts au grand public. Des campagnes de soutien pour diverses causes meublent également l’agenda bien rempli des associations. 

Une voix pour le féminisme 

En plus de promouvoir les métiers traditionnels féminins, les Cercles permettent aux femmes de s’exprimer à propos de la condition féminine. La valorisation du travail de la femme au foyer, le statut de la femme et l’équité salariale font rapidement partie des discussions des rassemblements. Les fermières peuvent enfin démontrer aux hommes que leur travail non rémunéré et sous-estimé est essentiel au bon fonctionnement de la ferme.  

Au fil des ans, le mouvement prend de l’ampleur et gagne le cœur de femmes vivant à la campagne, dans les villages et même dans les villes. Aujourd’hui, ce ne sont plus que 2 % des membres qui habitent dans des fermes.

Malgré l’évolution de la condition féminine et de la société, ces gardiennes du patrimoine culinaire et artisanal ont toujours leur raison d’être dans un Québec soucieux de préserver sa culture.